Actualité
Appels à contributions
Figures et trajectoires de journalistes dans la presse en langue étrangère du Siècle des Lumières à l’époque des nationalismes. Configurations et mises en perspectives comparatistes, Europe – Amériques (XVIIIe – début XXe siècles)

Figures et trajectoires de journalistes dans la presse en langue étrangère du Siècle des Lumières à l’époque des nationalismes. Configurations et mises en perspectives comparatistes, Europe – Amériques (XVIIIe – début XXe siècles)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Florian Lisson)

Appel à contributions pour le colloque international du réseau TRANSFOPRESS

Figures et trajectoires de journalistes dans la presse en langue étrangère du Siècle des Lumières à l’époque des nationalismes. Configurations et mises en perspectives comparatistes, Europe – Amériques (XVIIIe – début XXe siècles)

Université de la Sarre/Universität des Saarlandes, 11-12 mai 2023

Organisateurs/trices : Hans-Jürgen Lüsebrink (Université de la Sarre, Département de Romanistik, Allemagne)
Anaïs Nagel (Université de Strasbourg, Département d’Histoire, France)

Si pour Pierre Albert, l’histoire de la presse – par sa transversalité – est malaisée à délimiter, elle a pour vertu de se trouver au croisement des disciplines. Elle ne saurait ainsi se construire, ni se comprendre, sans une prise en considération de l’histoire plus globale, de la sociologie de la littérature, des sciences politiques ou de l’économie. Entretenant des relations étroites avec les cadres administratifs et institutionnels ainsi qu’avec le monde de la communication orale, les journaux – publiés depuis le XVe siècle – se présentent comme des supports privilégiés pour diffuser de l’information et servir de plateforme publique pour des débats, en particulier à caractère politique, intellectuel et culturel. Progressivement – en particulier à partir du XVIIIe siècle –, nouvelles gouvernementales et rumeurs populaires se côtoient dans ces feuilles périodiques qui participent ainsi à la diffusion d’une culture politique en évolution. À partir de la Révolution française, le métier de journaliste tend à se professionnaliser et les rédacteurs – qui se distinguent par leur engagement – deviennent des porte-paroles des nouvelles idées politiques, sociales et culturelles. Les parcours transnationaux de ces « journalistes-tribuns » (Pierre Rétat) ainsi que leurs aptitudes linguistiques, sont autant d’atouts pour contribuer à la politisation et à l’ouverture (trans-)culturelle des publics de lecteurs. Souvent des immigrés ou des exilés maîtrisant une langue minoritaire, ces acteurs de la presse allophone se font le relais de la construction des identités nationales, mais aussi minoritaires, entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècles, période marquée par les révolutions américaines et françaises, mais également par l’émancipation des pays d’Amérique du Sud.

Dans le cadre de ce colloque, nous souhaiterions aborder le rôle des journalistes allophones comme médiateurs interculturels et vecteurs de transferts culturels à l’ère des nationalismes. Il s’agira ainsi de considérer la presse en langue étrangère et leurs rédacteurs comme des acteurs des porte-paroles des nouvelles idées politiques et culturelles qui se diffusent entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle.

L’accent sera mis sur l’Europe – en particulier la France et l’Allemagne –, mais nous souhaiterions également faire appel à des communications relatives aux Amériques. Ceci permettrait d’établir des comparaisons, d’étudier des processus de transferts culturels, d’analyser l’impact du (post)colonialisme sur les rapports complexes et paradoxaux entre des espaces publics et médiatiques de plus en plus marqués par des processus de nationalisation et de diffusion d’une culture nationale, et de mettre en relief le rôle de la presse en langue allophone portée par des journalistes souvent très engagés et politisés, d’origine étrangère ou appartenant à une minorité linguistique et culturelle du pays concerné. Ce colloque propose tant de « penser par cas » (Jacques Revel), c’est-à-dire de présenter des études de cas empiriques, que de poser des questions d’ordres méthodologiques et théoriques, qui permettront ainsi d’ancrer les réflexions dans une dimension comparatiste et de mettre en relief des structures ou des modèles structuraux.

À partir de ces considérations, les questionnements suivants seront au centre de la problématique esquissée :

- Dans quelle mesure les journalistes de la presse allophone furent des vecteurs importants du transfert culturel transnational des idées des Lumières et de la Révolution française au sein desquelles le concept de « nation » resémantisé a joué un rôle de tout premier plan ?

- Quelles ont été les stratégies de positionnement des journalistes de la presse allophone par rapport au développement des nationalismes et des processus d’exclusion et d’homogénéisation culturelle et linguistique qu’ils avaient tendance à développer depuis la fin du XVIIIe siècle et en particulier au XIXe siècle ?

- Quelles sont les spécificités de la « posture » (Jérôme Meizoz) et des écritures journalistiques des journalistes de la presse allophone ? Dans quelle mesure celles-ci se caractérisent par des registres d’expression marqués par l’hybridité, la transculturalité et l’hétérolinguisme (Rainier Grutman, Judith Lamberty) ?

- Comment s’articule le basculement du cosmopolitisme des Lumières au nationalisme du XIXe siècle dans la presse allophone ?

Le colloque se déroulera en langue française et en présenciel. Les personnes intéressées sont priées d’envoyer une proposition de communication de 250-300 mots, accompagnée d’un bref CV avec un choix des publications (2 pages maximum) à Hans-Jürgen Lüsebrink (luesebrink@mx.uni-saarland.de) et à Anaïs Nagel (anais.nagel@etu.unistra.fr) avant le 30 septembre. Les jeunes chercheurs/euses (doctorant(e)s et post-doctorant(e)s sont tout particulièrement encouragés à envoyer une proposition de communication.