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Fiction et droit

Fiction et droit

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Catherine Grall)

Projet de colloque : Fiction et Droit

Lieu : Maison de l'Université de Picardie-Jules Verneà Saint-Valery-sur-Somme

Date : fin septembre/octobre 2011

Depuisl'âge de la rhétorique antique, la fiction et le droit entretiennent desrapports intimes : les cas juridiques ont été imaginés à titre d'exerciceset à l'appui du développement de théories du droit. La tragédie grecque a étéplusieurs fois définie comme le lieu artistique où la société interroge seslois. La littérature romanesque ou nouvellistique a représenté la criminalitéet l'exercice de la justice, servant ainsi, par la suite, de point d'appui àl'étude historique et philosophique du droit. La fiction a pu aussi utiliserdes pièces de procès pour se construire, et l'éthique juridique faire appel àdes oeuvres d'imagination, à des expériences de pensée relevant de la fiction. Lemouvement « Law and Literature » trouve depuis quelques années desrésonances dans la recherche de langue française, avec les travaux de FrançoisOst, de Bernard Edelman (qui rappellent combien les juristes inventent lasociété, construisant une fable à leur manière), de Christian Biet, d'AnneTeissier-Esminger, de Sandra Travers de Faultrier …

Lapériode qui précède l'âge classique a sans doute été davantage étudiée jusqu'àprésent dans cette perspective – un colloque intitulé « Droit et éthiquedans les discours littéraires, du Moyen Âge aux Lumières » vient de setenir, en juin 2010, à Amiens. Nous aimerions consacrer celui-ci à desapproches théoriques et à la période moderne, comprise comme débutant avec lesLumières – les philosophies du droit s'épanouissant alors d'un manière tellequ'elles invitent à interroger, entre autres, les tenants idéologiques duréalisme littéraire. Par ailleurs, l'écriture et la publication de la fictionentraînent des débats juridiques que l'actualité pose en de nouveaux termesavec, par exemple, l'autofiction. Ces deux rappels mettent en évidence uneproblématique fondamentale du rapprochement entre fiction et droit : lestatut du sujet singulier dans des univers faits de règles, de principes oud'idées. La littérature réaliste, qui prend en compte le sujet moderne dans unmonde circonstancié et référencé, peut prétendre dire la complexité d'un réelsingulier que rateraient les principes du droit et de la morale. Mais le droitrépond naturellement par la jurisprudence et l'étude des cas … et la fictionnon-réaliste a ses propres moyens de dire, par le jeu des émotions, voire del'invraisemblance, le propre de l'homme et son rapport à la loi. En outre, lafiction a évidemment, elle aussi, des « principes », pas toujoursexplicités, et son langage, norme par excellence, ne cesse de relever le défidu singulier, voire du vivant … quand le droit s'applique concrètement auxpersonnes – et semble narguer les désirs d'efficacité, voire de puissance, dansle réel mondain, des oeuvres d'imagination. Pragmatisme et idéalisme, compris demanière large, s'affrontent ainsi à l'intérieur de ces champs, les faisantdialoguer d'une manière que nous espérons fructueuse : si le droit peutrencontrer la fiction, nous l'invitons à le faire à différents degrés, lepremier, qui n'est pas nécessairement le plus simple, étant celui d'un dialoguedirect entre les deux champs, et le second résultant de problématiques formuléespar les approches comparatistes de chaque champ. Le droit comparé et l'histoiredu droit (modèle anglo-saxon contre modèle hérité du droit romain, par exemple)ont sans doute, en effet, des questions qui peuvent résonner avec celles des théoriesgénérales de la fiction. Ces deux niveaux ne sont bien évidemment, etheureusement, pas exclusifs l'un de l'autre, mais ils signifient que nousaccepterons des propositions théoriques comme monographiques et analytiques.Nous espérons enfin que ce colloque sera l'occasion de véritables rencontres,entre chercheurs déjà familiers de l'interdisciplinarité et chercheurs de l'unou l'autre domaine : concrètement, les communications seront doncl'occasion de véritables tables-rondes.

Lesprojets de communication (3000 signes minimum) sont à adresser à CatherineGrall, maître de conférences en littérature générale et comparée à l'UPJV sur grallthecat@gmail.com, au plus tard auprintemps 2011.

  • Responsable :
    Catherine Grall
  • Adresse :
    Université de Picardie-Jules Verne