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Femmes et guerres au Royaume-Uni (vingtième siècle)

Femmes et guerres au Royaume-Uni (vingtième siècle)

Publié le par Marie Gil

Signes de turbulence dans les rôles masculins et féminins : femmes et guerres au Royaume-Uni (vingtième siècle).

Dans la plupart des sociétés les rôles associés à la défense de la communauté ou à son extension par des moyens militaires sont attribués aux hommes, alors que les femmes se voient attribuer les fonctions liées à la maternité, au maintien de la santé des membres de la famille et, à des degrés divers, à l’alimentation. Ceci était largement le cas au Royaume-Uni à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle : dans les classes moyennes et supérieures, une stricte séparation entre les rôles masculins et féminins, allouant le domaine public aux hommes et le domaine familial aux femmes, convenait au développement du système industriel de production. Cependant, entre 1939 et 1945, dans la situation d’urgence d’une guerre « totale, » la participation des femmes à l’« effort de guerre » est devenue une nécessité absolue : ainsi que l’affiche commanditée par le gouvernement l’exprime, la victoire dépendait d’elles. D’abord on leur a demandé, de leur plein gré de prendre part, d’où les campagnes d’affiches les encourageant à occuper un rôle actif à l’extérieur de la maison. Lorsqu’il est devenu évident qu’il faudrait une main d’oeuvre encore supérieure en nombre, le gouvernement à introduit la conscription pour les femmes (National Service Act N°2, décembre 1941), mesure qui n’avait de précédent, ni au Royaume-Uni, ni ailleurs au monde. En fin de compte, plus de sept millions de femmes ont remplacé les hommes dans l’industrie et dans l’agriculture, ou se sont engagées dans les services armés pour femmes, remplissant toutes une multitude de tâches nouvelles pour celles-ci. La guerre suscita des changements profonds dans la vie de toutes les femmes, car, même celles qui n’occupèrent aucune fonction à l’extérieur de leur foyer virent la nature de celui-ci se transformer – les hommes engagés, les enfants évacués – s’il n’était pas, de surcroît, détruit lors des bombardements. La guerre a ainsi entraîné une redistribution radicale et sans précédent des rôles associés au masculin et au féminin, remettant en question l’ancien ordre social. Cependant, une fois la guerre terminée, en grande majorité, les femmes sont retournées au foyer, laissant les fonctions récemment découvertes aux hommes, malgré la pénurie de main d’oeuvre qui perdurait. Bientôt, on ne se serait pas douté de leur présence dans ces divers lieux. Ce phénomène-ci n’était pas entièrement inconnu, car, déjà, lors de la guerre 1914-1918, un grand nombre de femmes avaient remplacé les hommes dans les usines et certaines tâches à l’armée avaient été attribuées aux femmes. A cette occasion aussi, les femmes sont retournées discrètement au foyer. Il est possible, cependant, dans ce cas, que leur participation ait joué un rôle dans l’acquisition du droit de vote pour les femmes, car, il y a eu une certaine ouverture du suffrage pour les femmes dès 1917. (De même, bien que cela soit en dehors de notre époque d’étude, la guerre en Crimée a vu les débuts de l’ouverture de la profession d’infirmière vers les femmes). Cependant, la participation des femmes en 1914-1918 est peu mise en avant et celle des femmes en 1939-1945 n’a réellement été officiellement reconnue et saluée qu’en juillet 2005, avec l’installation d’un monument à leur honneur au centre de Londres.

Ce numéro de LISA examinera la façon dont une nation peut faire appel aux femmes en temps de guerre. Comment la nation « utilise » les femmes et comment, à leur tour, on peut dire que les femmes « utilisent » la guerre ? Comment les rôles associés au masculin et au féminin sont-ils affectés par la guerre et comment les femmes elles-mêmes réagissent-elles aux changements dans leurs expériences de vie ? Lors de ces guerres, comment les représentations des femmes – écrites, en image fixe, cinématographiques, auditives – ont-elles évolué en fonction de nouveaux besoins ? Quelle relation y a-t-il entre la représentation et la « réalité » environnante ? Quels furent, pour les femmes, les effets de ces guerres à plus long terme ?

La première partie de ce numéro sera consacrée aux femmes et à la première guerre mondiale et la deuxième partie aux femmes et à la deuxième guerre. Des comparaisons entre les situations des femmes dans chacune des guerres seront bien accueillies. Diverses facettes de la vie des femmes peuvent être étudiées à travers des sources différentes – journaux intimes, oeuvres de fiction et autres oeuvres littéraires, documents officiels, cinéma, peinture...

Merci d’envoyer vos propositions (une page A4 maximum), en anglais ou en français, avant le 1 mars 2006, à Elizabeth de Cacqueray. Date limite pour la rédaction finale 1 octobre 2006. Les auteurs sont priés de respecter les normes de présentation indiquées sur le site de la revue LISA et de joindre une courte biographie