
Europe n° 1111/1112 – novembre-décembre 2021
JAMES JOYCE – JOHN BANVILLE
En 1904, à vingt-deux ans, James Joyce quitte son Irlande natale. Zurich, Trieste et Paris seront désormais ses principaux ports d’attache. Cependant, disait-il, « j’écris toujours sur Dublin, car si je peux atteindre le cœur de Dublin, je peux atteindre le cœur de toutes les villes du monde. Le particulier contient l’universel. » De Gens de Dublin à Portrait de l’artiste en jeune homme, d’Ulysse à Finnegans Wake, sans oublier ses poèmes réunis en 1936, les projets littéraires de Joyce sont à première vue très différents les uns des autres. Mais les œuvres de l’écrivain irlandais ont en commun de se placer toujours à un niveau radical d’innovation. C’est à Paris, où il arriva avec sa famille en 1920, que devait s’établir la réputation de Joyce comme représentant majeur de la modernité littéraire. Alors que le devenir de son œuvre était barré par la censure aux États-Unis et en Angleterre, c’est la parution de l’édition originale d’Ulysse à Paris en février 1922 qui permit à Joyce de trouver un tremplin pour sa reconnaissance internationale. Aujourd’hui, si les ligues de vertu ne s’insurgent plus contre Ulysse et si la charge d’obscénité n’est plus d’actualité, la réputation de Joyce continue à être celle d’un auteur pour le moins « difficile ». Dans la grande diversité de sujets et d’approches dont ils témoignent, les textes réunis dans ce numéro disent et démontrent que cet écrivain parmi les plus influents du XXe siècle n’a rien d’« illisible ».
L’œuvre de l’écrivain irlandais John Banville, né en 1945, rassemble à ce jour des nouvelles, des pièces de théâtre, des scénarios de films, des chroniques et une bonne dizaine de romans noirs publiés sous le pseudonyme de Benjamin Black, mais l’auteur de La Mer, lauréat du prestigieux Booker Prize en 2005, est avant tout un très grand romancier à qui l’on doit une douzaine de romans aussi riches que subtils. L’auteur lui-même n’apprécie guère le cloisonnement des genres littéraires, mais on peut tout de même avancer que c’est dans ces romans sublimes que l’art de John Banville tutoie les sommets. Contrairement à Joyceet à bien d’autres écrivains de son pays, Banville n’a pas pris le chemin de l’exil ; il vit et travaille à Dublin, mais passe néanmoins pour le plus européen des écrivains irlandais.
Sommaire
JAMES JOYCE
Textes de : Robin Wilkinson, Régis Salado, T.S. Eliot, N.P. Dawson, Philippe Soupault, Fritz Senn, Sangam MacDuff, James Joyce, Valérie Bénéjam, Pierre Troullier, Philippe Blanchon, Camille Pépin, Chloé Chevalier, Philippe Forest.
JOHN BANVILLE
Textes de : Robin Wilkinson, John Banville, Thierry Robin, Mehdi Ghassemi, Laurence Petit, Karen McCarthy, Clíona Ní Ríordáin, Michèle Albaret-Maatsch.
CAHIER DE CRÉATION
CHRONIQUES