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 « Dissidences politiques, littéraires et artistiques »

« Dissidences politiques, littéraires et artistiques »

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Till Kuhnle, Limoges)

 

 

 

 

                       

    

           

 

 

 « Dissidences politiques, littéraires et artistiques »

Colloque international et pluridisciplinaires : 6-7-8 novembre 2014

à Boulogne-sur-Mer

organisé par

Jacqueline Bel: Unité de Recherche sur l'Histoire, les Langues, les Litératures et l'Interculturel (H.L.L.I. - EA 4030))

Till Kuhnle: Espaces Humains et Interactions Culturelles (E.H.I.C - EA 1087)

La dissidence est une action par laquelle des individus ou des groupes se séparent d'une communauté religieuse, politique ou philosophique en contestant par leurs pratiques ou discours la légitimité de celle-ci. Agissant de l'intérieur, le dissident est considéré comme plus dangereux que l'ennemi, qui vient de l'extérieur. L'Église quant à elle est amenée à combattre les « dissidences » du christianisme que sont les hérésies. 

Pourtant, le terme de « dissident » n'apparaît qu'au XVIe siècle, à l'occasion de la montée du protestantisme, menacé à son tour par des doctrines théologico-politiques parfois plus radicales. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour en voir un usage plus fréquent. C'est ainsi qu'au début du XIXe siècle le saint-simonisme orthodoxe dénonce les penseurs présocialistes hostiles à l'autorité de Prosper Enfantin, ‘père' auto-proclamé  de la religion saint-simonienne : le dissident devient l'hérétique de l'ère moderne.

Désormais est traité de « dissident » celui qui critique des doctrines politiques philosophiques, artistiques ou scientifiques tout en faisant partie du mouvement ou de l'« école » dont il conteste la discursivité. On  connaît les « excommunions » prononcées par le ‘pape' André Breton contre les « dissidents » surréalistes ou les querelles au sein de l'école freudienne.

Or l'époque de l'entre-deux-guerres, marquée par une prolifération d'orthodoxies de mainte observance, donne lieu à l'émergence d'une pensée existentielle d'inspiration nietzschéenne et à caractère libertaire pour qui la « révolte » (Camus) ou l'« irrésignation » (terme forgé par Benjamin Fondane) constituent les derniers fondements éthiques. Par-delà l'humain trop humain, seul le rejet des dogmes fera apparaître l'humain : autrement dit,  c'est « seulement en changeant les pratiques, en pensant autrement pour s'opposer aux pères, aux papes, aux saints et aux responsables, que l'humanité a ouvert de nouvelles perspectives et a laissé espérer qu'on pourra peut-être un jour observer quelque progrès » (B. Traven : Le Vaisseau des morts, 1926). Cette pensée de la révolte continue à marquer la pensée de l'après-guerre, notamment celle d'une gauche antistalinienne et humaniste (cf. Camus : L'Homme révolté) et celle d'une philosophie relevant le défi d'Auschwitz : la critique du totalitarisme chez Hannah Arendt ou la dialectique négative d'Adorno dont l'impact éthique rappelle l'intransigeance janséniste, pour ne citer que deux exemples. En dénonçant les manipulations et autres assujettissements de l'individu, cette nouvelle forme de pensée critique s'en prend aussi à l'industrie culturelle (Kulturindustrie) et plus particulièrement à l'American way of life, donc à toute tendance rendant la vie unidimensionnelle (Marcuse).

Pendant ce temps, derrière le rideau de fer, le stalinisme continue à persécuter sans merci les « dissidents » qu'il traite d'« aliénés » pour les faire taire dans des asiles.  Depuis la sortie de l'Archipel Goulag de Soljenitsyne, le terme de « dissident » est principalement associé à l'opposition anti-communiste dans les pays du Pacte de Varsovie, sans pour autant distinguer les différentes orientations idéologiques de ces mouvements ou actions contestataires. Outre la précarité et la répression des libertés individuelles, ce sont souvent des convictions religieuses, socialistes, ultracommunistes, libérales, voire libertaires ou nationalistes, parfois même d'extrême droite qui les alimentent. Par conséquent, une liste de noms tels que Wolf Bierman, Rudolf Baro, Günter Kunert, Herta Müller, Norman Manea, Vaclav Havel, Alexander Soljenitsyne, Tadeusz Mazowiecki… sera immédiatement contestée – comme toute autre liste de dissidents d'ailleurs.

Les grandes crises politiques des années 50 et 60, puis les mouvements contestataires ont contribué à mettre en cause la légitimité du modèle américain qui, désormais, doit faire face à un nombre croissant de « dissidents » – c'est le cas de Noam Chomsky, par exemple. Au sein de la gauche française, en revanche, on commence à prendre ses distances par rapport aux directeurs de conscience de Moscou, au profit de groupes maoïstes ou trotskistes, parfois pour finir par passer dans le camp américain (nouveaux philosophes). Julia Kristeva voit même l'apparition d'« un nouveau type d'intellectuel : le dissident » (1977). Représenté surtout par Foucault et Deleuze, ce type contribue à formuler une esthétique de la dissidence dépassant autant la rhétorique de la rupture des avant-gardes historiques que l'insouciance ludique du postmodernisme.

Parce que la dissidence constitue toujours un acte communicatif, les dissidents et « indignés » choisissent forcément l'espace public, qu'il soit réel – les places de Pékin, du Caire, d'Athènes, d'Ankara ou de Kiev – ou virtuel – à l'instar des whistle blowers américains. Politique, artistique, littéraire, la dissidence oeuvre à l'effondrement, comme l'illustre, il y a vingt-cinq ans, la chute du mur de Berlin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 6 novembre

 

 

9h00 Ouverture et présentation du colloque par Mme Jacqueline BEL, Directeur de l'UR H.L.L.I. et M. Till R. KUHNLE, co-organisateurs

 

Président de séance : Joachim von Below

 

9h30 Till R. Kuhnle (Limoges) :                    Judas surhomme ou le sacre du dissident

 

10h00 Peter André Bloch (UHA) :               Concordance et Dissidence. Deux exemples de grande Résistance : en France et en Allemagne                                           

10h30 Pause

 

11h00 Jacqueline Bel (ULCO) :                     Hartmut Lange, dissident malgré lui

 

11h30 Berta Diaz Bran (ULCO) :                 Quand une langue devient hors-la-loi : le cas du galicien en Espagne

 

 

Président de séance : Jacqueline Bel

 

14h00 :                                               Maria Fortin (ULCO) :          « No » et « Cuéntame cómo pasó » : regards nuancés sur la dissidence politique

 

14h30 Benoît Santini (ULCO) :        Dissidence et contestation au Chili sous Pinochet (1973-1990) : création artistique et poétique ou comment vaincre la répression     

 

15h00 Pause

                                                                      

15h30 Michel Arouimi (ULCO) :      La survivance du Nombre dans la littérature

 

16h00 Xavier Escudero (ULCO) :     Contre le canon: provocation et subversion des bohêmes littéraires espagnols.

16h30 Pause

 

17h00 Peter André Bloch (ULCO) : Vernissage de l'exposition Gerhard Richter :  PATTERNS ET MULTIPLICATIONS

 

Vendredi 7 novembre

 

Président de séance : Danielle Buschinger

 

9h00 Aline Le Berre (Limoges) :       La dissidence goethéenne dans « Stella »

 

9h30  Anne-Marie Gresser (Caen) :   Erika Mann : La non-conforme

 

10h00 Pause

 

10h30  Bruno Béthouart (ULCO) :   Joseph Sauty, le syndicaliste qui a défié De Gaulle

 

11h00 Joachim von Below (ULCO) : Wolf von Niebelschütz - un écrivain baroque du XXe  siècle

 

Président de séance : Peter André Bloch

 

14h00 Sylvianne Melin (ULCO) :                 Neutralité suisse et dissidence : le réseau clandestin PAKBO durant la Deuxième Guerre mondiale

 

14h30 : Danielle Buschinger (Amiens) :        Richard Wagner, un dissident en musique et en politique                

 

15h00 Armelle Ebel (ULCO) :                      L'avènement du dodécaphonisme et la dissonance qu'il engendre : une forme de dissidence pour l'harmonie musicale ?

15h30 Pause

 

16h00 Carmen Letz (Clermont-Ferrand) :     L'arme du « dadasophe » Raoul Hausmann : la polémique

 

16h30 Sina Zietz (Limoges) :                                    Des excommunications aux exécutions - les dissidents surréalistes

 

Samedi 8 novembre

 

 

Président de séance : Till Kuhnle

 

9h30 Lauren Lydic (Limoges) :         La temporalité de la dissidence à travers de « Balkan Express » de Slavenka Drakulić et « Tchétchénie, le déshonneur russe » d'Anna Politkovskaïa

 

10h00 Aurélien Demars (Limoges) : Philosophie du filou : les dissidences de Chalamov

 

10h30 Alfred Strasser (Lille 3) :        « La RDA a enfin besoin de la démocratie rouge de Rosa » – Les auteurs-compositeurs-interprètes critiques de la RDA (Wolf Biermann, Stefen Krawczyk, Bettina Wegener)

 

Maison de la Recherche en Sciences Humaines               Jacqueline.Bel@univ-littoral.fr

Palais impérial                                                                                 Till.kuhnle@unilim.fr

17, rue du Puits d'Amour                                                  Tél. : 03.21.99.45.60

62200 Boulogne-sur-Mer                                                       

 

 

Comité Scientifique :

Jacqueline Bel (ULCO)                                                                      Alain Cozic (Toulouse 2-Le Mirail)

Joachim von Below (ULCO)                                                  Till R. Kuhnle (Université de Limoges)

Peter André Bloch (UHA)                                                      Jean-Marie Paul (Université d'Angers)

Denis Bousch (UPEC)                                                             Peter Schnyder (UHA)