Édition
Nouvelle parution
D. Defoe, Robinson Crusoé (Biblioth. de la Pléiade)

D. Defoe, Robinson Crusoé (Biblioth. de la Pléiade)

Publié le par Marc Escola

DANIEL DEFOE

Robinson Crusoé

(Vie et aventures de Robinson Crusoé écrites par lui-même)

Trad. de l'anglais par Pétrus Borel.

Édition de Baudouin Millet

Suivi de Pétrus Borel, un loyal intermédiaire par Jean-Luc Steinmetz

Collection Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard
Parution : 01-11-2018

1040 p. — ISBN : 9782072797927

 

Si l'on s'en était tenu à la volonté de Defoe, son nom n'aurait jamais été associé à celui de Robinson Crusoé. Les historiens de l'Angleterre seraient sans doute les seuls à le connaître aujourd'hui, en tant qu'espion, ou en tant qu'homme de plume à l'activité presque exclusivement politique. En effet, lorsque paraît à Londres, en 1719, la première partie de Robinson Crusoé, le récit des aventures de ce marin qui a passé vingt-huit ans sur une île déserte (ou presque) est censé avoir été «écrit par lui-même». Le succès immédiat et considérable du livre ne change rien à l'affaire : Defoe n'en revendique pas la paternité. Le nom véritable de l'auteur, connu de quelques rares contemporains, demeurera tu plusieurs décennies encore après sa mort. Et c'est une chose singulière que «l'un des premiers maîtres du roman», selon Virginia Woolf, ait soigneusement évité de passer pour romancier.

De Robinson Crusoé on ne connaît le plus souvent que la première partie, celle de l'épisode insulaire. La survie du héros y est décrite avec un réalisme d'une puissance inédite jusqu'alors - et inaltérable. C'est qu'il importe pour Defoe que son récit soit de la plus grande véracité possible. La présente édition reproduit également la seconde partie du roman, écrite dans la foulée. Les aventures picaresques s'y multiplient, conduisant le héros jusqu'en Chine et en Russie. À mesure que l'histoire avance, la voix du narrateur semble se dissocier peu à peu de celle de Robinson, qui, progressivement, tend à se rapprocher de la figure de Don Quichotte. La portée édifiante du récit, revendiquée par l'auteur, s'estompe au profit de la pure joie romanesque. «Tant que notre goût ne sera pas gâté sa lecture nous plaira toujours», écrivait Rousseau à propos de Robinson. Virginia Woolf estimait pour sa part que ce roman «ressemble à l'une de ces productions anonymes de toute une race plutôt qu'à l'effort d'un seul homme ; la célébration de son bicentenaire [1919] nous renvoie aux commémorations dont nous pourrions honorer le site multiséculaire de Stonehenge lui-même. Cela vient de ce qu'on nous a tous lu Robinson Crusoé pendant notre enfance, et l'état d'esprit dans lequel nous avons été à l'égard de Defoe et de son histoire est semblable à celui des Grecs à l'égard d'Homère».

Le texte de Defoe est accompagné ici – pour la première fois – par les cent cinquante gravures que l'artiste suisse F.A.L. Dumoulin (1753-1834) avait réalisées à partir du roman. Un dossier iconographique retrace par ailleurs deux cents ans d'illustrations, depuis le frontispice de l'édition originale (1719) jusqu'aux chefs-d'œuvre de N.C. Wyeth (1920).

L'appareil critique proposé par Baudouin Millet a été spécialement établi pour la présente édition : il s'agit de la première édition critique en français des deux parties de Robinson Crusoé. Quant à la traduction, c'est celle, classique, que donna en 1836 Pétrus Borel. Borel (sans lequel il y aurait «une lacune dans le Romantisme», disait Baudelaire) et son travail de traducteur sont d'ailleurs présentés par Jean-Luc Steinmetz à la fin du volume.

Voir le site de l'éditeur…

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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage:

"Pour ses 300 ans, la Pléiade rafraîchit Robinson", par A. Coudreuse.

Ainsi que sur Diakritik.com:

"Pour saluer Defoe", par J. Dubois.

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"Les ambiguïtés de Robinson Crusoé", par Linda Lê

Dans L’île déserte, Gilles Deleuze se demande si la littérature n’est pas l’essai d’interpréter « très ingénieusement les mythes qu’on ne comprend pas, au moment où on ne les comprend plus parce qu’on ne sait plus les rêver ni les comprendre ». Roman à multiples sens dont le déchiffrage est toujours à recommencer, alors même qu’il s’offre comme un simple récit d’aventures, Robinson Crusoé, pour un grand nombre d’illustres lecteurs, fait encore rêver et, pour d’autres, touche au mythe.