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Nos classiques et ceux des autres

Nos classiques et ceux des autres

Publié le par Université de Lausanne

Comment sont nés les chefs d’œuvre hexagonaux, ces rares ouvrages qui ont été sans cesse réédités depuis leur parution pour accéder au rang de classiques ?  Dans La fabrique du chef-d'œuvre. Comment naissent les classiques ? (Perrin), Sébastien Le Fol a retenu une vingtaine de titres, en demandant à des spécialistes de raconter leur genèse, leur publication, la première réception critique souvent féroce qui ne laissait bien souvent présager en rien de leur triomphe posthume. De Gargantua à La Peste, le lecteur partira à la rencontre de l’histoire méconnue des Essais de Montaigne (Antoine Compagnon), des Fables de La Fontaine (Jean-Michel Delacomptée), du Mémorial de Sainte-Hélène (Thierry Lentz), du Rouge et noir (François-Guilllaume Lorrain) des Misérables (Jean-François Khan), des Mémoires d’outre-tombe (Olivier Frébourg), du Voyage au bout de la nuit (Jérôme Dupuis), des Mémoires d’Hadrien (Josyane Savigneau) et de bien d’autres encore, traitées dans des contributions d’une rare qualité.

Fabula vous invite à lire des extraits et voir des vidéos de présentation de l'ouvrage…

C'est une question autrement plus ambitieuse que pose Benoît Vermander : les classiques des autres peuvent-ils devenir les nôtres ? Comment lire pour eux-mêmes les classiques issus des cultures les plus éloignées, mais aussi avec les questions qui sont les nôtres ? Dans Comment lire les classiques chinois ? (Les Belles Lettres), le professeur de l'Université Fudan présente l’ensemble de la production textuelle chinoise antique comme la variété des approches par lesquelles on l’interprète. Il montre l’unité organique de ce massif textuel, construite autour d’une appréhension réflexive de nos expériences corporelles, et il détaille les débats qui le traversent, lesquels restent largement les nôtres : le marquage de la différence des sexes, des générations et des classes ; la manière dont se construit et se conteste l’ordre symbolique ; la maîtrise politique du langage. Une dernière partie révèle la cohérence et la sophistication des structures de composition qui gouvernent nos textes. Leur mise en évidence renouvelle la compréhension du Laozi, du Zhuangzi ou encore des Entretiens de Confucius. L’épilogue de l’ouvrage trace la voie d’une lecture partagée des classiques autour desquels l’humanité se rencontre, se déchire, et continue à se construire. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…

On mettra librement la question à l'épreuve de l'anthologie de Petits Poèmes chinois réunie par Daniel Giraud sous le titre Les Yeux du dragon (Points) : les plus grands poètes chinois classiques, de Juan Chi (IIIe siècle) à Ryokan (XVIIIe siècle), en passant par Han Shan, Wang Wei ou encore Li Po, sont imprégnés de l’esprit du tao et du ch'an (équivalent du Zen japonais). Cette inspiration philosophique met l’accent sur les thèmes de la Voie, de l’écoute de Soi et de l'ermitage en montagne. Leurs poèmes ici choisis et rassemblés sont rehaussés par une calligraphie originale de Long Gue.

(Illustr.: dans l'esprit des poèmes de Tao Yuanming, de Shitao (1642-vers 1707). Musée du palais, Pékin)