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Appels à contributions

"Poétique du jour & de la nuit" (en hommage au professeur Jacqueline Bacha)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Narjess Saidi d'Outreligne)

Institut Supérieur des Sciences Humaines de Jendouba

Département de Français,
Laboratoire de Recherche Langues, Discours et Cultures.


Organisent un colloque international en hommage au professeur Jacqueline Bacha, 

« Poétique du jour et de la nuit »

8 & 9 mars 2022

Aborder cette question fondamentale qui touche à la thématique de « Poétique du jour et de la nuit » est une gageure vu que le sujet implique une approche définitionnelle des termes « jour » et « nuit » avant toute autre initiative de reconstitution de la pensée d’un point de vue littéraire, artistique et linguistique. Du latin, dies, diei, « le jour civil de 24 heures », dies noctesque, « le jour opposé à la nuit » pour le premier mot de ce binôme. Quant à « nuit », nox, noctis, noctem efficere, « produire la nuit », media nocte, « au milieu de la nuit ».

Il s’ensuit que ces deux acceptions et ce constat définitionnel nous montrent que l’origine première de cette dichotomie trouve son explication dans cette double opposition sémantico-lexicale et linguistique des notions « jour » et « nuit » aux sens respectifs du temporel précis d’un côté et de l’autre l’intemporel, l’imaginaire et le poétique. 

Ne pourrait-on s’interroger à présent sur ce temps (jour / nuit) comme cadre et support du discours dans toutes les acceptions d’énonciations langagières : dans les dialogues, dans les scènes de théâtre, dans le roman et bien évidemment en poésie ?

Dans ce contexte, il faut dire que la question qui demeure récurrente est celle de la résonnance de telles idées restreintes réduisant « jour » et « nuit » à une dissymétrie fondamentale dans l’opposition des signifiés respectifs. Toutefois, il ne faut pas exagérer la portée de cette ambivalence qui, en réalité, traduit un tiraillement intérieur et un déchirement de la conscience chez les poètes et même chez les linguistes. À cet égard, Gérard Genette avance la réflexion suivante : « En revanche, l’antithèse du jour comme lumière et de la nuit comme obscurité est beaucoup plus boiteuse »[1].

Il paraît donc intéressant de s’interroger sur cette richesse lexicale sollicitant l’imaginaire et en rapport avec ce binôme : « ombre », « éclat », « obscurité », « lumière », « ténèbres », « briller », « scintiller », etc. De même, une étude ciblant les deux adjectifs « diurne » et « nocturne », graphiquement proche de l’origine latine serait d’un apport considérable dans l’étude sémantico-linguistique du thème. D’ailleurs, Gérard Genette dans son article Le jour, la nuit pense que le « mélange possible des signifiants n’entraîne pas un mélange des signifiés : le signe total est une quantité discrète »[2]. Par ailleurs, cette opposition n’épuise pas la relation qui unit les deux termes.

La recherche de ces deux extrémités nous invite à réfléchir au rôle que peut jouer la production littéraire dans cette perception dialectique du couple « jour/nuit ».

 D’un point de vue littéraire, on interrogera à la fois les représentations du jour et de la nuit et les éléments qui jouent sur ces deux opposés. Ces questions pourront s’explorer à partir des créations littéraires.

 La nuit, est en réalité duelle puisqu’il existe une certaine homogénéité dans l’écriture qui oscille entre les romantiques qui méditent la nuit et trouvent la source même de leur création poétique et l’émergence de la littérature du crime appelée "la littérature policière" aux XIXème et XXème siècles. La littérature fantastique apparaît également à cette époque où les histoires sont souvent peuplées de fantômes comme le montre bien Hoffman, Poe ou Maupassant.

Les écritures abordant la symbolique du jour nous laissent ainsi nous interroger sur sa valeur dans la littérature où le jour est devenu le symbole du « soleil couchant » comme c’est le cas avec le Romantisme, le Parnasse et la Décadence au XIXème siècle chez Gautier et Verlaine.

Cette dichotomie du jour et de la nuit témoigne toutefois de la richesse métaphorique que ne cesse d’explorer la littérature. La nuit est le lieu de l’ambiguïté, du désordre, de la métamorphose et de l’imaginaire. D’ailleurs, dans Les Mille et une Nuits le temps favori de l’histoire est la nuit. 

Le jour est lieu du public et l’espace de la clarté, de la transparence, de l’exploration et du dévoilement comme le cas du poème Le point du jour de Paul Verlaine. Cette opposition du jour et de la nuit a un rapport complexe dans le sens où l’écriture oscille entre clarté et obscurité, voilement et dévoilement, transparence et opacité.

Cette alternance entre le jour et la nuit peut-elle enrichir le développement de nouvelles dimensions poétiques ?      

La réflexion poétologique est importante puisque « la spécificité de la poétique ne réside donc pas dans son statut théorique, ni dans son domaine de référence (la littérature) qu’elle partage avec beaucoup d’autres approches, mais dans l’aspect de ce domaine qu’elle isole pour en faire son objet : l’art littéraire et peut être plus largement, la création verbale ».[3]

Quelques pistes de réflexion autour du thème de « Poétique du jour et de la nuit » se posent avec force afin de déceler ses arcanes et sonder ses profondeurs :

-          Langage poétique et poétique du langage ;

-          Déviations sémantiques des adjectifs « diurne » et « nocturne » ;

-          « Jour » et « nuit », étude sémantique et linguistique des référents et des signifiés ;

-          « Lumière » et « obscurité » dans la littérature ;

-          « Jour » et « nuit », poétique de la rêverie ;

-          Symbolisme du « jour » et de la « nuit » ;

-          « Jour » et « nuit », anthropologie de l’imaginaire ;

-          Le clair /obscur en peinture.

Modalités de soumission

Les personnes intéressées doivent soumettre, en fichier attaché word, un projet d’une page comportant :

-          les coordonnées de l’auteur (statut professionnel, établissement, adresse électronique)

-          le titre, un résumé de 500 mots, une bibliographie de 5 titres maximum et une liste de 5 mots clés (style Times, police 12, marge 2,5, interligne 1)

Les soumissions seront envoyées à l'adresse isshjendouba2022@gmail.com

Calendrier 

10 janvier 2022
Date limite de soumission des propositions


27 janvier 2022
Réponse aux contributeurs


27 février 2022
Remise des textes définitifs des communications. 

Les textes sélectionnés, après une double évaluation anonyme du comité scientifique, seront publiés dans les actes du colloque.

 
[1] - Cf. Gérard Genette, « Le jour, la nuit », Langage, Linguistique et Littérature, Didier Larousse, 1968 pp. 28-42.
[2]- Ibid.
[3]- Oswald Ducrot, Jean-Marie Shaeffer, Nouveau Dictionnaire encyclopédique des sciences des langages, éditions du Seuil, 1995.