Essai
Nouvelle parution
C. Gahungu, Sony Labou Tansi. Naissance d’un écrivain

C. Gahungu, Sony Labou Tansi. Naissance d’un écrivain

Publié le par Université de Lausanne

Compte rendu publié dans Acta fabula (avril 2019, vol. 20, n°4) :

"De Marcel Ntsoni à Sony Labou Tansi", par Christophe Cosker.

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Sony Labou Tansi. Naissance d’un écrivain

Céline GAHUNGU

CNRS éditions

Collection : Planète libre

Publication date : 10/01/2019

ISBN : 978-2-271-12445-6

 

Qui est Sony Labou Tansi ? Celui que l’on considère aujourd’hui comme l’un des plus grands auteurs africains d’expression française n’est pas né en un jour. Il lui a fallu s’imaginer, se fabriquer, se faire connaître et reconnaître par un Congo en proie aux convulsions de l’Histoire. Tout s’est décidé pour lui à la fin des années 1960, quand son goût de l’expérience créatrice s’est changé en un besoin, toujours plus impérieux, de construire son propre univers, dense et homogène. L’anonyme Marcel Ntsoni invente la figure flamboyante de Sony Labou Tansi, écrivain explosif qui, en marge de l’ordre littéraire, ne craint rien ni personne, dans son projet hyperbolique de fonder une nouvelle littérature. Entre les coups d’État et les fièvres révolutionnaires, le Congo a beau traverser des tempêtes, l’apprenti grand écrivain ne désarme pas. La société devient paroxystique ? À l’écriture d’aller plus loin encore en lui administrant son paroxysme à elle, jusqu’à faire voler en éclats ses normes et ses institutions.

Scénarios existentiels et fictions compensatoires aident le jeune Sony à modeler son œuvre et son identité, mais l’exposent aussi à de multiples contradictions : affirmer publiquement son statut d’écrivain et assouvir sa haine du régime au pouvoir ; s’attaquer à une France taxée de néocolonialisme et tenter d’y diffuser ses écrits ; démolir les figures d’autorité et partir en quête de conseillers, d’intercesseurs et de pères littéraires.

Pour l’essentiel inédits, les premiers écrits donnent l’image d’une création débondée, véritable geyser de lave, de boue et de sang. Dans l’espace privé des manuscrits, tout peut se dire, des folies les plus intimes aux visions les plus impitoyables. Vivre l’écriture comme le seul absolu, au-delà des tabous, telle est l’expérience hors norme sur laquelle Sony Labou Tansi cherche à édifier la destinée qu’il s’est choisi : devenir écrivain, au sens radical du terme, c’est-à-dire démiurge.

Agrégée, docteure de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université où elle est chargée de cours, Céline Gahungu est chercheuse associée à l’ITEM/CNRS et y co-dirige l’équipe « Manuscrits francophones ». Ses recherches portent sur les archives des littératures africaines.

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Créer avec de la boue", par Claude Mouchard (en ligne le 7 juin 2020)

« Une écriture vraie et sale » : c’est ainsi que Céline Gahungu caractérise les textes de l’extraordinaire – par l’imagination poétique, l’intelligence éthico-politique, la puissance de réalisation – auteur congolais (né au « Congo belge » en 1947 et mort au Congo-Brazzaville en 1995) que fut Sony Labou Tansi.