Édition
Nouvelle parution
R. Brethes & J.-Ph. Guez (éds), Romans grecs et latins (nouvelles traductions)

R. Brethes & J.-Ph. Guez (éds), Romans grecs et latins (nouvelles traductions)

Publié le par Marie Minger

Romans grecs et latins (nouvelles traductions), Paris: Les Belles Lettres, coll.«Editio minor», 2016.

Édition dirigée par Romain Brethes & Jean-Philippe Guez avec la collaboration de Liza Méry, Dimitri Kasprzyk et Danielle Van Mal-Maeder

EAN13: 9782251445465

1296 pages

49.00 EUR

 

Présentation de l'éditeur

Depuis 1958 et l'édition de Pierre Grimal dans la Pléiade, les romans antiques, grecs et latins, n'avaient pas fait l'objet d'une édition intégrale et d'une traduction réactualisée. Ces œuvres ont connu des fortunes durables, quoique inégales, depuis l'époque byzantine jusqu’au XIXe siècle. Si les romans picaresques de Pétrone (le Satricon) et d’Apulée (Les Métamorphoses) ont fait la joie de certains amateurs de littérature latine scandaleuse et «décadente», à l’image du Des Esseintes de Huysmans ou d’un cinéaste averti comme Federico Fellini, les romans grecs, qui ont pourtant étourdi et charmé Rabelais ou Cervantès, n’ont jamais égalé la réputation de leurs parents latins. Alors même que le genre romanesque est devenu hégémonique aujourd’hui, cette part de l’héritage antique demeure encore méconnue. Le but de cet ouvrage est donc de rendre leur place à des œuvres dont l’étrangeté et la modernité éclateront aux yeux du lecteur, en privilégiant dans la traduction l’originalité de style et de voix de chaque auteur. Dans Callirhoé de Chariton, le lecteur pourra se délecter de la subtile peinture des sentiments qui évoque La Princesse de Clèves, avec Leucippé et Clitophon d’Achille Tatius, reconnaître la subversion des codes romanesques annonciatrice de Diderot ou Laurence Sterne. Il pourra aussi admirer la démesure hollywoodienne des Éthiopiques, le roman fleuve d’Héliodore, qui ferait un blockbuster digne de Gladiator ou de Troie.

L’ouvrage comporte également une introduction générale, qui permet au lecteur de comprendre le contexte de création de ces œuvres. Chaque roman s’accompagne d’une introduction et d’une bibliographie, qui tiennent compte des derniers acquis de la recherche, dans un domaine très actif des études anciennes. Enfin, le tout comporte des cartes et des index, ainsi que des notes succintes pour éclairer le lecteur sur les réalités du monde gréco-romain.

 

Table des matières

Introduction générale
par Romain Brethes et Jean-Philippe Guez

Bibliographie
par Romain Brethes et Jean-Philippe Guez

Note sur la présente édition

Chariton, Callirhoé
Introduction par Romain Brethes
Bibliographie
Livre I
Livre II
Livre III
Livre IV
Livre V
Livre VI
Livre VII 
Livre VIII 

Xénophon d'Éphèse, Les Éphésiaques
Introduction par Jean-Philippe Guez
Bibliographie

Livre I
Livre II 
Livre III 
Livre IV
Livre V

Pétrone, Satiricon
Introduction par Liza Méry
Bibliographie

À l’école de rhétorique
Querelle d’amants
Au marché
L’orgie chez Quartilla
Le festin de Trimalcion
Rencontre avec Eumolpe – Aventures à l’auberge
Sur le bateau de Lichas
Sur le chemin de Crotone
Aventures à Crotone

Achille Tatius, Leucippé et Clitophon
Introduction par Jean-Philippe Guez
Bibliographie

Livre I
Livre II
Livre III 
Livre IV
Livre V
Livre VI
Livre VII 
Livre VIII

Apulée, Les Métamorphoses
Introduction par Danielle van Mal-Maeder
Bibliographie

Livre I
Livre II 
Livre III
Livre IV 
Livre V
Livre VI
Livre VII 
Livre VIII 
Livre IX
Livre X
Livre XI

Longus, Daphnis et Chloé
Introduction par Romain Brethes
Bibliographie

Prologue
Livre I
Livre II 
Livre III 
Livre IV

Héliodore, Les Éthiopiques
Introduction par Dimitri Kasprzyk
Bibliographie

Livre I
Livre II 
Livre III
Livre IV
Livre V
Livre VI
Livre VII
Livre VIII
Livre IX
Livre X

Notes sur les textes grecs et latins

Glossaire mythologique
par Romain Brethes, Laure de Chantal et Jean-Philippe Guez

Remerciements

Présentation des auteurs

Cartes

 

Extrait

«Le roman antique? Vous voulez dire l'Odyssée?» Voilà le type de réaction que les œuvres de ce volume suscitent en général chez ceux qui apprennent leur existence. «Antique» et «roman» sont deux termes dont l’association surprend – non sans raison. Chacun sait, ou éprouve intuitivement, que le mot «roman» est étranger à l’Antiquité gréco-latine. Dans son acception littéraire, il est né au Moyen Âge pour désigner des œuvres écrites en «roman», c’est-à-dire dans la langue vulgaire, par opposition à la langue savante qu’était le latin. Les «romans antiques» existent pourtant, même si l’expression relève de l’anachronisme. Les Anciens pratiquaient des formes longues de fiction en prose; simplement, ils ne les nommaient pas «romans». Plus exactement, ils ne les nommaient pas du tout. Les œuvres en question n’avaient aucune désignation d’ensemble; elles n’étaient appuyées par aucun discours théorique, liées à aucun rituel ou contexte de performance. Écrits par des auteurs souvent mystérieux, lus par un public qui n’en a laissé aucun commentaire, les «romans» se sont développés en marge du paysage littéraire ancien. Le caractère méconnu, ou invisible, qui est le leur aujourd’hui, remonte donc à l’Antiquité elle-même. Du reste, au Moyen Âge, à la Renaissance, à l’âge classique, le genre romanesque a souvent occupé cette place marginale, ignoré ou méprisé des institutions et des académies. À cet égard, les sept œuvres présentées ici s’inscrivent pleinement dans l’histoire du roman européen. Encore faut-il distinguer les publics. La méfiance des lettrés anciens a longtemps perduré dans les universités et le monde savant, avant de s'estomper autour des années 1970. Zola s’exaspérait de ces romanciers qui «ont conté la même histoire banale et invraisemblable, tiré quelques pantins ridicules de leur imagination et les ont promenés dans une nature fausse»; et le héros d’À rebours de Huysmans (1884), Des Esseintes, allait effectivement à contrecourant en rayant d’un trait de plume la littérature latine consacrée par la Sorbonne, pour ne préserver, au sein de sa vénéneuse bibliothèque, que le Satiricon et les Métamorphoses. Mais une telle posture, aujourd’hui, n’aurait rien de subversif. Dans toutes les universités du monde, les antiquisants rattrapent le temps perdu: multipliant colloques, ouvrages et interprétations, ils semblent vouloir donner aux romans tous les noms, tous les commentaires que les Anciens leur avaient refusés… C’est du côté du grand public, et d’une lecture gratuite, ne visant pas d’autre fin qu’elle-même, que ces récits mouvementés, subtils et invraisemblables, souvent drôles, n’ont pas encore rencontré le succès qu’ils méritent. Il est vrai que de ponctuelles mises en lumière, comme la sortie sur les écrans, en 1969, de Fellini Satyricon, adaptation très libre de Pétrone par le Maestro italien, se sont produites. Néanmoins, alors même que le genre romanesque est devenu hégémonique, et occupe presque le champ entier de la littérature, cette part de l’héritage antique reste l’apanage des spécialistes. Le présent ouvrage s’adresse à l’un et à l’autre de ces deux publics. Le lecteur y trouvera, présentés dans l’ordre chronologique le plus probable, les œuvres de sept romanciers: Chariton, Xénophon d’Éphèse, Pétrone, Achille Tatius, Apulée, Longus, Héliodore. Ce corpus ne correspond pas à l’ensemble des romans antiques «complets» – le qualificatif, malheureusement, ne convient pas au Satiricon. Il est à la fois le fruit de la transmission des textes et celui d’un choix: ont été retenus les romans qui, par leur état de conservation et leur qualité intrinsèque, sont susceptibles de créer l’intérêt au-delà du cercle des spécialistes. N’y figurent donc pas l’Histoire du roi Apollonius de Tyr ni les romans connus sous forme de fragments; n’y figurent pas non plus des œuvres remarquables mais relevant d’autres traditions, comme le Roman d’Alexandre ou les Histoires vraies de Lucien. À défaut d’offrir, comme on va le voir, un aperçu exhaustif ou même représentatif de la fiction en prose antique, les sept œuvres présentées ici en constituent pour nous l’échantillon le plus massif, le plus cohérent et le plus attrayant. Si certaines d’entre elles, isolément, ont été retraduites en français dans les dernières décennies, aucune édition d’ensemble n’avait vu le jour depuis la publication par Pierre Grimal, en 1958, des Romans grecs et latins dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il a paru opportun de proposer au public un nouvel accès à ces textes dans un volume unique, commode, et tenant compte des nombreuses publications qui, au cours des cinquante dernières années, ont changé notre regard sur le roman ancien. La tâche a été confiée à plusieurs traducteurs, afin de mieux faire ressortir le style et la personnalité singulière des différents romanciers, que le traitement par une plume unique tend souvent à uniformiser. «Le texte que vous écrivez doit me donner la preuve qu’il me désire», écrit Roland Barthes, selon une maxime qui se vérifie à toutes les époques. Mais les modes de séduction des textes, eux, sont changeants. La suite de cette introduction se propose d’offrir quelques clés pour pénétrer ce monde romanesque à la fois proche et lointain, accessible et déroutant.» (Extrait de l'introduction générale)