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Beauté de l'Amérique, de ses identités, de ses territoires. Représentations dans les arts visuels XIX-XXIe s. (Amerika n°24)

Beauté de l'Amérique, de ses identités, de ses territoires. Représentations dans les arts visuels XIX-XXIe s. (Amerika n°24)

Publié le par Marc Escola (Source : Anaïs Fabriol)

Pour le prochain numéro de la revue Amerika, qui sera plus spécifiquement consacré aux arts plastiques, nous souhaitons interroger le concept de beauté, en lien avec les Amériques.

Depuis la fin du XIXe siècle, le beau n’est souvent plus considéré comme une valeur pertinente en art ; c’est sur l’idée et le concept que l’artiste contemporain met généralement l’accent. Dans l’ère postmoderne et désenchantée où nous vivons, parler de beauté semble presque déplacé, inadapté, inconscient. Pourtant, comme l’écrit François Cheng, « à l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face »1.

Le beau, considéré comme Platon comme miroir de l’harmonie, de la vertu et du bien2, associé à l’éternel, à la pureté, au divin dans la conception platonicienne et néoplatonicienne3, est longtemps considéré comme synonyme de proportions justes : le nombre d’or, la divine proportion, est celle qui reflète la perfection, la beauté et l’harmonie du cosmos. Au Moyen Age, Thomas d’Aquin rappelle que la claritas, c’est-à-dire la clarté et la luminosité, est également nécessaire à la Beauté, et divers théoriciens rappellent que la couleur est à la source de la beauté 4. La Renaissance remet la beauté classique au goût du jour. Au XVIIIe siècle, Edmund Burke oppose le Beau au Sublime, tandis que Kant considère que le beau est « ce qui plaît universellement sans concept » 5. Au XXe siècle, à l’heure du ready-made, du pop-art et de la société de consommation, « la nouvelle Beauté est reproductible, transitoire et périssable »6. L’art semble avoir perdu le sens de la beauté, pourtant, loin d’être seulement esthétisme superficiel, la beauté est aussi lumière, reflet d’un émerveillement ou beauté intérieure.

Depuis le XIXe siècle, bien des artistes ont su saisir la beauté de l’Amérique, que l’on pense aux paysages de José María Velasco au Mexique, aux vues sublimes d’Amérique du Nord de Albert Bierstadt ou plus récemment aux forêts vierges idylliques et mystiques du cubain Tomás Sánchez. Les territoires d’Amérique ont été magnifiés par nombre d’artistes ; les identités et les peuples l’ont été aussi : les Indiens des Andes péruviennes de Francisco Laso, les jeunes femmes mises en valeur sous le pinceau du Chilien Pedro Lira ou du Vénézuelien Arturo Michelena, le joueur de guitare du Brésilien Almeida Junior, el Costeño du Mexicain Agustin Arrieta, les portraits d’Amérindiens du Mississipi de George Catlin n’en sont que quelques exemples.

Les expériences traumatisantes vécues par les peuples d’Amérique latine et d’Amérique du Nord entre le XIXe et le XXIe siècle ont conduit nombre d’artistes contemporains à exprimer ces souffrances ou ces événements conflictuels sous une forme artistique. L’artiste n’ayant pas alors pour objectif de produire du beau, celui-ci émerge malgré tout à travers l’œuvre. L’œuvre qui témoigne et dénonce des horreurs de la guerre peut parfois exprimer l’indicible sous une forme esthétique, et cela ne manque pas de questionner. La beauté de l’horreur est un problème très ancien, les scènes de barbarie et de massacres ne manquent pas dans l’histoire de la peinture. «Les beaux-arts montrent leur supériorité précisément en ceci qu’ils procurent une belle description des choses qui dans la nature seraient laides ou déplaisantes»7, écrivait Kant. La beauté serait-elle un moyen de dépasser l’horreur ?

Nous pourrions envisager les axes suivants :

- La beauté de l’Amérique, source d’émerveillement, de fascination, et de création artistique sublime depuis le XIXe siècle.

Quel regard les artistes portent-ils sur la beauté des paysages, territoires et peuples américains ? Comment expriment-ils leur émerveillement ? Que nous disent leurs œuvres sur l’Amérique et ses splendeurs ?

 
- La beauté qui nous rapproche de l’harmonie, de la vertu, du bien, voire du divin, dans les Amériques.

La beauté peut-elle nous élever ? Pourquoi la beauté nous parle-t-elle et nous fascine-t-elle ? Est-elle source de bien ? Comment cela s’exprime-t-il dans les arts visuels des Amériques, du XIXe siècle à nos jours ?

- Beauté de l’Amérique et période contemporaine.

Peut-on penser que la période actuelle de désenchantement signifie que le temps du beau est révolu ? L'émerveillement et la fascination devant la beauté des peuples et territoires d'Amériques sont-elles hors de propos dans l'ère contemporaine tourmentée que nous vivons ? La beauté est-elle encore revendiquée par les artistes américains ou travaillant sur des thèmes américains ?

- Beauté et souffrances des peuples américains. La beauté qui transcende le laid, l’art qui témoigne de l’horreur.

Une œuvre exprimant un trauma peut-elle être considérée comme belle et en quoi l’expression artistique d’une expérience difficile peut-être permettre de mieux la supporter et de la dépasser ? Le beau peut-il transcender le laid, et faire que le négatif devienne source de positif, la création artistique devenant lieu de reconstruction et de renaissance ?

Toute autre problématique correspondant au sujet pourra être envisagée. Nous souhaitons consacrer ce numéro plus particulièrement aux arts plastiques (dessin, peinture, sculpture, modelage, architecture, gravure, muralisme...), mais la photographie et le cinéma ne seront pas pour autant exclus.

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Les résumés sont à envoyer à lucile.magnin@univ-smb.fr et à amerika@openedition.org avant le 1er février 2022.

Les articles seront à envoyer avant le  1er mai 2022 pour une publication du numéro de la revue en juin 2022. 

Les propositions d’articles doivent comporter un maximum de 1 000 signes. Elles peuvent être rédigées en espagnol, français, anglais, portugais. Les normes pour la présentation des articles figurent dans notre revue Amerika, rubrique « Consignes aux auteurs » :

https://journals.openedition.org/amerika/749 .

Nous acceptons également des contributions pour les rubriques Mélanges, Opinion/Varia, Entretiens et Comptes rendus.

Les articles peuvent être rédigés dans l’une ou plusieurs des langues suivantes : espagnol, français, anglais, portugais. Ils peuvent comprendre 40.000 signes maximum (bibliographie et notes de bas de page comprises). Ils peuvent être accompagnés d’illustrations, sous réserve que l’auteur ait les droits de diffusion. A envoyer à : amerika@openedition.org