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Savoirs en Prismes, n°13,

Savoirs en Prismes, n°13, "Autopoiesis. Fictions du moi ou l’art de se créer soi-même"

Publié le par Aurelien Maignant (Source : Florence Dumora)

Appel à contribution

Savoirs en Prisme | 13 : Autopoiesis. Fictions du moi ou l’art de se créer soi-même

Sous la direction de Carmen Cortés-Zaborras et Luis Puelles Romero.

 

PRÉSENTATION

C’est dans son premier livre, La naissance de la tragédie, que Nietzsche souligne déjà un espace problématique tout à fait original qui va réapparaître à travers différents prismes tout au long de son travail : « notre dignité suprême est de désigner des œuvres d'art – ce n’est que dans leur qualité de phénomènes esthétiques que l'existence et le monde sont éternellement justifiés ». Ces mots du jeune philosophe pourraient nous guider dans l’approche des questions que nous proposons ici. Ils nous placent face à des exigences éthiques, esthétiques et politiques qui déterminent que notre vie trouve les conditions propices à s’auto-élaborer grâce aux nutriments apportés par la connaissance artistique (plastique ou littéraire). Selon Nietzsche, il n’y a pas d’autre justification possible à l’existence du sujet, forcé de se combiner autour de la multiplicité et de la fiction.

Le numéro 13 de Savoirs en Prisme se propose d’aborder sous des angles différents une question qui peut nous aider à comprendre les significations contenues dans les pratiques de la subjectivité à l’époque contemporaine : les « figurations » – objectuelles et événementielles – adoptées par le postulat d'invention de soi-même dans les créations littéraires et artistiques des XXe et XXIe siècles, sans exclure les recherches d’ordre archéologique qui pourraient nous conduire à des périodes antérieures. En ce sens, avant même les paroles de Nietzsche citées ci-dessus, nous pourrions penser à une genèse complexe qui nous permettrait de réfléchir à la manière dont l’exigence d’autocréation accompagne la production artistique jusqu’à la période présente.

À l’heure actuelle, l’ontologie de l’hyperréalité nous a conduits à une sorte de fiction accomplie dans la trame de l’être au sein de son existence même, de plus en plus polyvalente et « virtualisée », comme s'il était possible d'abandonner les illusions de la représentation esthétique pour faire le saut vers des stratégies vitales où l’on ne pourrait plus distinguer la fable des faits. De cette façon, le « moi » pourrait enfin être dispersé dans le multiple, dans les expériences rapides, dans les splendides épisodes d'une existence esthétique, forgée artistiquement.

Il est nécessaire d’interroger les conditions épistémologiques pouvant sous-tendre un domaine d'exploration, et de questionner sa réalisation interdisciplinaire. Ainsi, plusieurs fronts s’ouvrent et se rejoignent : des postulats d’identification d’un sujet moderne, souverain et désirant, aux formulations liées à la notion d’« existence esthétique » (Foucault), ou à l’analyse des présupposés cognitifs permettant de valoriser la vie comme s’il s’agissait d’une œuvre.

            Pour ce faire, nous pouvons envisager plusieurs domaines d’exploration, bien qu’ils ne soient pas exclusifs :

  • Le premier aiderait à tracer une généalogie de notre objet, de manière à composer un réseau d’auteurs et de variations qui pourrait nous mener, dans le domaine de la subjectivité moderne, de l’artiste romantique aux pratiques contemporaines où l’art et la vie se confondent.
  • Un deuxième axe de travail pourrait s’intéresser à la manière dont certains monuments littéraires formulent l'existence comme une œuvre d’art, par exemple Les Confessions de Rousseau ou À la recherche du temps perdu de Proust. Cette écriture de la mémoire, non dépourvue de fable et d’élaboration, relève de cette même construction de soi.
  • Un autre domaine d'étude pourrait être consacré aux cas spécifiques de personnes qui ont conçu et vécu leurs vies à la manière d’œuvres d'art, mais qui ne sont pas à vrai dire des artistes au sens propre du mot. Par exemple, lorsqu’on est contraint d’adopter des vies plurielles soigneusement administrées, comme c'est le cas pour les espions, les fugitifs et les aventuriers, dont le vécu a fait l'objet d'une œuvre littéraire ou artistique.
  • Il serait également nécessaire de s’intéresser à la complexité épistémologique du sujet qui nous occupe, en tenant compte des éléments interdisciplinaires – philosophiques, psychologiques, sociologiques, artistiques et esthétiques – qui interviennent lorsqu'on se demande quelle est la signification « philosophique » de l'autopoiesis. Sous quelles conditions peut-on élaborer l'anthropologie artistique d'un sujet multiple, plus expérientiel que substantif, plus nietzschéen que cartésien ?

Coordination : Carmen Zaborras et Luis Puelles

(Les coordinateurs du N°13, sont engagés dans le projet IDi (HAR2016-75662-P), sous l’égide du Ministère espagnol des Sciences, de l’Innovation et des Universités, "Prácticas de subjetividad en las artes contemporáneas. Recepción crítica y ficciones de la identidad desde la perspectiva de género").

Les propositions d’articles (une quinzaine de lignes maximum) devront préciser l’axe (ou les axes) au(x)quel(s) elles se rattachent et seront suivies d’une courte notice biographique incluant l’affiliation et l’adresse électronique. Elles sont à envoyer aux responsables du numéro avant le 15 janvier 2020 : ccortes@uma.es, lpr@uma.es.

toutes les informations sur: https://savoirsenprisme.com/appel-a-contribution-3/appel-a-contributions-13/