Actualité
Appels à contributions
Atelier

Atelier "Dans l’ombre de Maurice Edgar et Gaston. Passeurs méconnus et canon(s) littéraire(s) au XXe siècle" (Congrès Association Française d'Etudes Américaines 2022, Bordeaux)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Peggy Pacini)

La relation « spéciale » entre la France et la littérature des États-Unis illustrée encore récemment par le magazine America, est depuis longtemps avérée. En défendant, dans La République mondiale des Lettres (1999), l’idée que Paris fut un méridien de Greenwich de la littérature mondiale, Pascale Casanova mettait en avant l’importance de « grands intermédiaires transnationaux (…), grands cosmopolites souvent polyglottes, (…) [qui] sont en effet des sortes d’agents de change, des ‘cambistes’ chargés d’exporter d’un espace à l’autre des textes dont ils fixent, par là même, la valeur littéraire » (37). De fait, le processus de canonisation ainsi décrit en termes économiques auquel participent ces « cambistes » ne saurait être dissocié du champ littéraire et éditorial français dans lequel interagissent ‘cambistes’ et intermédiaires professionnels de l’édition dont beaucoup restent méconnus.

L’exemple le plus célèbre – et mythique – du rôle de l’espace littéraire et éditorial français dans la canonisation de la littérature états-unienne est certainement celui de William Faulkner, consacré dès les années 1930 à Paris, mais seulement à partir du milieu des années 1940 outre-Atlantique. L’histoire littéraire, et les archives d’éditeurs, montrent ce que cette canonisation doit à l’articulation du travail du traducteur (Maurice Edgar Coindreau), de l’éditeur (Gallimard), des « prescripteurs » (Valéry Larbaud et André Malraux, par le biais de leurs préfaces respectives à Sanctuaire [1934] et Tandis que j’agonise [1933]), mais aussi des critiques, Sartre au premier plan, qui hissa Faulkner au panthéon de génies du roman comprenant Dostoïevski, Kafka, Stendhal, et Dos Passos. Dans l’ombre, cependant, d’autres « passeurs » œuvrèrent au transfert et à la consécration de Faulkner, et de bien d’autres auteurs états-uniens : on pense, dans ce sillage, à Michel Mohrt, au service de traductions chez Gallimard en 1957, à Jean Paulhan, l’un des premiers interlocuteurs de Coindreau à la NRF dès le début des années 1930, ou encore à l’agence littéraire William A. Bradley.

Interrogeant les dimensions historique et économique de la littérature, cet atelier vise à identifier ces médiateurs éditoriaux méconnus, français ou étrangers installés en France, à éclairer et à analyser au long du XXe siècle leur rôle effectif dans la consécration française et parfois ultérieurement outre-Atlantique, de la littérature des États-Unis ; à mettre au jour les interactions, harmonieuses ou conflictuelles, les réseaux tissés par ces intermédiaires au sein des champs éditoriaux français et états-unien. On notera que tous ne furent pas des découvreurs, et on peut imaginer que dans bien des cas, la canonisation de certaines œuvres outre-Atlantique avait précédé, et de fait, entraîné, leur passage en France.

Une attention particulière, mais non exclusive, sera portée aux éditeurs, directeurs éditoriaux, critiques, directeurs de collection mais également de revues, et agents littéraires. L’atelier cherchera, dans la mesure du possible, à présenter un ensemble de cas diversifiés, tant au plan du genre (gender) des auteurs et des intermédiaires, qu’à celui de leur identité « ethno-raciale », et à celui du genre littéraire. Sera également encouragé le décentrement vers des pôles éditoriaux extérieurs à Paris.

Les propositions de communications (abstract de 300 à 400 mots + brève bio-bibliographie) sont à envoyer à Cécile Cottenet, Aix-Marseille Université (cecile.cottenet@univ-amu.fr) et Peggy Pacini, CY Cergy Paris Université (peggy.pacini@cyu.fr) d'ici le 17 janvier.