Colloque : Relire les revues québécoises :
histoires, formes et pratiques
Université du Québec à Montréal
29 et 30 octobre 2015
Appel à contribution
Depuis la publication en 1993 de Passages de la modernité. Les intellectuels québécois et leurs revues par Andrée Fortin, les travaux sur les revues québécoises ont foisonné et permis d’effectuer un renversement de leur statut, de source secondaire à objet d’étude principal, condition indispensable à la prise en compte des particularités de ce dispositif par rapport aux divers supports et formes d’activités liées à la sphère publique : journal, livre, médias électroniques ou numériques, partis politiques, regroupements affinitaires, etc. « Forum à voix simultanées » (Fortin), la revue unit et divise acteurs, pratiques et univers sociaux; ceci la place au carrefour de multiples disciplines et perspectives théoriques. Cependant, les occasions de croiser ces différents regards ont été peu nombreuses (parmi elles, un numéro de Globe et le récent colloque sur Parti pris), alors que les recherches sur les revues américaines, françaises et européennes ont mené à de remarquables synthèses : The Oxford Critical and Cultural History of Modernist Magazines, en trois volumes, les diverses publications de l’IMEC, dont la Belle Époque des revues, et bientôt, le Dictionnaire des revues, sous la direction de Curatolo.
Ce colloque, qui se tiendra à l’Université du Québec à Montréal les 29 et 30 octobre 2015, sera l’occasion de faire un état des lieux, un bilan multidisciplinaire de la recherche sur les revues au Québec, et une occasion de prendre à bras le corps l’univers des revues au Québec, de s’interroger sur leur statut dans l’espace public, les phases de leur histoire, leur rôle dans la constitution ou la traversée des frontières (linguistiques, culturelles, disciplinaires, etc.), leur implication dans le développement ou la reconfiguration des discours, idéologies et poétiques. Les études de cas sont donc bienvenues, mais doivent viser à contribuer à une réflexion globale sur la revue, comme pratique et « institution », et sur les revues québécoises en particulier.
Parmi les angles d’approche privilégiés :
- Les revues dans l’univers des périodiques (journaux, bulletins, magazines, almanachs, etc.). Formes et publics; distinctions, conflits, modèles.
- Groupes, réseaux et institutions. Sociabilités, structures sociales, identités collectives. Amitiés et ruptures; marginaux et « papillonneurs ». Singularités (de la revue, dans la revue) et signatures.
- Réflexions méthodologiques : comment les diverses disciplines/perspectives critiques traitent-elles les revues? Qu’apportent les revues (et leur étude) à ces disciplines? Quel sort fait-on aux archives, aux acteurs périphériques (l’armée des « collaborateurs inconnus »), à tout ce qui n’est pas « idéologique » ou « textuel »?
- Chronographies : quels sont les rapports entre l’histoire des revues et les histoires « disciplinaires » ou nationale? Comment les différentes revues (ré)écrivent-elles ces histoires?
- Imaginaires de la culture, du monde intellectuel : apports des revues à la construction des figures « génériques » (typiques) ou « légendaires » (Aquin, Groulx, Straram, etc.) : artiste, écrivain, intellectuel, militant, universitaire. Apport des femmes, à la reconduction/déconstruction de ces figures, de leurs soubassements sociosexués, ethnocentriques, etc.
- Frontières, disciplines et transferts culturels. Les revues et les espaces sociaux : construction, clivages, échanges. Rôle des revues dans la constitution des « champs ». Espace public, champ intellectuel, etc. : définir le « lieu » des revues. Spécificités des revues québécoises?
- Poétiques : Rôle des revues dans la fabrication des esthétiques. Travail artistique, littéraire, etc., propre aux revues : illustrations, poésie, photographie, récits brefs, etc. Apport des revues « généralistes » et des revues « spécialisées » dans l’évolution des genres (nouvelles, BD, science-fiction, etc.)
- Discours, genres, pratiques. Rôle des revues dans la fabrication des formations discursives (contre-culture, féminisme, nationalisme, socialisme, etc.). Doxa, orthodoxie et bricolages. Tensions entre pensée critique et discours dogmatique, lyrisme et cynisme.
Les personnes intéressées sont invitées à soumettre, avant le 1er octobre 2014, une proposition de communication de 350 mots accompagnée d’une notice bio-bibliographique, à Marie-Andrée Bergeron (bergeron.marie-andree.2@courrier.uqam.ca).
Le comité organisateur
Marie-Andrée Bergeron, Université du Québec à Montréal
Jean-Pierre Couture, Université d’Ottawa
Élyse Guay, Université du Québec à Montréal
Michel Lacroix, Université du Québec à Montréal
Jean-Philippe Warren, Université Concordia