Actualité
Appels à contributions
ACÉF-XIX Congrès 2018 (Régina, Canada)

ACÉF-XIX Congrès 2018 (Régina, Canada)

Publié le par Romain Bionda (Source : Elisabeth Gerwin)

Appel à communications

La prochaine rencontre annuelle de l’Association canadienne d’études francophones du XIXe siècle (ACÉF-XIX) aura lieu dans le cadre du Congrès des sciences humaines à l’Université de Régina (Régina, Saskatchewan, Canada) du 26 au 28 mai 2018.

Nous sollicitons dès à présent des propositions de communication pour l’un ou l’autre des ateliers mentionnés ci-dessous. Prière d’envoyer votre proposition de communication (250 mots environ) en indiquant l’atelier concerné et en incluant une brève notice biobibliographique à l’adresse électronique de l’association : acef19e@gmail.com.

Date limite : 19 janvier 2018 (à l’exception de l’Atelier 1, voir plus bas)

 

Atelier 1. Érotisme et légitimité culturelle.

De l’Ancien Régime à l’extrême contemporain

(Atelier conjoint avec l’Association des professeur.e.s de français des universités et collèges canadiens (l’APFUCC))

? Date limite : le 15 décembre 2017

? Les propositions pour cet atelier doivent être envoyées directement aux deux responsables:

François-Emmanuël Boucher - Francois-Emmanuel.Boucher@rmc.ca

Maxime Prévost - Maxime.Prevost@uOttawa.ca

On lit souvent que notre époque est sursaturée d’imagerie, de scénarios, de topoï, même d’idéologies de caractère érotique, voire pornographique. À la pudeur d’autrefois qui servait de norme à la représentation courante autant de la femme que de l’homme et, par là, esquissait les paramètres acceptables de leur comportement social, s’oppose l’exhibitionnisme banal et quotidien des représentations publicitaires, livresques, cinématographiques, télévisuelles modernes, de celle ou de celui qui n’a plus froid aux yeux, et dont l’expression première sert à manifester l’inassouvissable soif du désir dans des termes et des représentations ingénieuses qui désignent sémantiquement et symboliquement le chemin qui a été parcouru dans l’ordre de la permissivité.

C’est que, depuis Freud et la psychanalyse ou – dans une perspective plus historico-positiviste – depuis la libéralisation des lois relatives à la censure sous la Troisième République (1881), l’imaginaire social a effectivement été caractérisé par une irrépressible extension de domaine du représentable, tant dans les domaines déconsidérés (presse érotique, pornographie) que légitimes (naturalisme, intellectualisation de la sexualité, de Bataille à Arcan). Quelques textes servent de jalons à cette avancée du représentable et du dicible : La Vénus à la fourrure de Leopold von Sacher-Masoch (traduit par Raphaël Ledos de Beaufort en 1902), la redécouverte et surtout la publication des Œuvres complètes du marquis de Sade (indissociable du procès intenté contre Jean-Jacques Pauvert le 15 décembre 1956), Histoire d’O de Pauline Réage (1954), Emmanuelle d’Emmanuelle Arsan (1959 à 1968), les séries SAS et Brigade Mondaine à partir des années 1970,  La Vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet (2001), pour ne nommer que les plus évidents.

De plus – et cet angle original serait à travailler plus particulièrement dans le cadre de cet atelier – on peut observer qu’un certain nombre de pratiques et de représentations, à caractère sexuel, certes (le sadisme, le masochisme, la domination sous toutes ses formes), mais pas seulement (divers systèmes de pratiques et de représentations trash, comme le punk, le néo-gothique, l’hyper-violence du cinéma d’exploitation, la culture geek, le tatouage, l’investissement adulte de scénarios associés à l’enfance, comme les contes de fées, notamment via le cosplay) sont passés de la marginalité à la représentation courante, voire légitime, en devenant chargées d’érotisme. Tout se passe en somme comme si l’érotisme était l’une des grandes voies par lesquelles ce qui, à l’origine, demeurait dans les marges, parvenait à pénétrer le collectif anonyme et donc s’instituer en imaginaire social. L’érotisation de comportements autrefois scandaleux, honnis ou déviants servirait ainsi à reconfigurer le vaste et combien complexe territoire de l’acceptable en raison de processus divers, qui varient en raison de cultures et d’époque spécifiques, et dont la mécanique de légitimation est au cœur de cet atelier.

Cet atelier multidisciplinaire cherchera donc à interroger tant ce pouvoir de légitimation souterrainement associé à l’érotisme que les voies de l’extension du représentable qui y sont attachées, dans la pluralité historique de leurs manifestations, qu’elles relèvent autant du religieux transgressif, du déviant, du trash, que de créations artistiques déconsidérées ou bien, à l’autre l’extrême du spectre, des avant-gardes et du pôle étroit de la production la plus restreinte, dans les cultures francophones (littérature, cinéma, peinture, photographie, théâtre et performances) d’hier et d’aujourd’hui.

Quelques axes de réflexions possibles :

Définir l’érotisme ou les discours sur les pratiques sexuelles non reproductives.

Les discours normatifs et les pratiques déviantes : l’évolution des frontières historiques et culturelles de l’acceptable, du scandaleux, de l’immoral, du criminogène et de l’érotisme.

Usure et obsolescence de l’érotisme.

La question des tabous sexuels et de l’érotisme : circonscrire le territoire chancelant de l’obscénité.

La culture pornographique : comprendre la désacralisation, la représentation et la commercialisation des pratiques sexuelles modernes

Le(s) refus des diverses légitimations possibles: la question du réactionnaire en matière de pratiques sexuelles.

La culture sexuelle trash et l’extension du domaine l’érotisme: sa naissance, sa nature et ses significations.

La transgression sexuelle et la liberté de conscience, la liberté d’expression et la liberté civique.

La libération sexuelle et le combat politique.

L’affirmation et la lutte pour l’acceptation des pratiques et des identités LGBT.

Le rôle de la lutte contre la censure dans les débats sur l’émancipation sexuelle.

L’art et la représentation du corps, de la chair et de l’érotisme.

Discours et représentation de la normalité sexuelle.

Responsables de l’atelier :

François-Emmanuël Boucher - Francois-Emmanuel.Boucher@rmc.ca (Collège militaire royal, Kingston)

Maxime Prévost - Maxime.Prevost@uOttawa.ca (Université d’Ottawa)

Date limite pour l’envoi des propositions (250-300 mots) :    le 15 décembre 2017

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 15 janvier 2018 les informant de leur décision.

L’adhésion à l’APFUCC ou à l’ACEF 19 est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC ou de l’ACEF 19. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2018 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 15 avril 2018 au-delà de quoi le titre de votre communication sera retiré du programme.

Bibliographie sélective

Attimonelli, Claudia et Vincenzo Susca, Pornoculture. Voyage au bout de la chair, Montréal, Liber, 2017.

Baudry, Patrick, La Pornographie et ses images, Paris, Armand Colin, 1997.

Beauthier, Régine, Valérie Piette et Barbara Tuffin dirs., La Modernisation de la Sexualité (19e et 20e siècles), Bruxelles, Les Éditions de l’Université de Bruxelles, 2010.

Boucher, François-Emmanuël, La Conjuration du tertiaire. Une lecture de Philippe Muray, Québec, Presses de l’Université Laval, 2015.

-, Les Révélations humaines : mort, sexualité et salut au tournant des Lumières, Bern, Peter Lang, 2005.

Cornelius Castoriadis, L’Institution imaginaire de la société, Paris, Éditions du Seuil, «Points essais», 1975.

Debord, Guy, La Société du spectacle, Paris, Gallimard, 1992, (1967).

Deforge, Régine, O m’a dit. Entretiens avec Pauline Réage, Paris, Pauvert, 1995.

Dufour, Dany-Robert, La Cité perverse. Libéralisme et pornographie, Paris, Denoël, 2009.

Dworkin, Andrea, Intercourse, New York, Simon & Schuster, 1987.

Glass, Loren, Counterculture Colophon: Grove Press, the Evergreen Review and the Incorporation of the Avant-Garde, Stanford, Stanford University Press, 2013.

MacKinnon, Catharine A. et Andrea Dworkin, In Harm’s Way. The Pornography Civil Rights Hearings, Cambridge, Harvard University Press, 1997.

Miller, Henri, L’Obscénité et la loi de la réflexion, trad. de l’angl. par A. Michel, Paris, La Musardine, 2001, (1945).

Muray, Philippe, La Gloire de Rubens, Paris, Grasset, 1991.

Ogien, Ruwen, Penser la pornographie, Paris, Presses universitaires de France, 2003.

Rembar, Charles, The End of Obscenity : The Trials of Lady Chatterley, Tropic of Cancer and Fanny Hill, New York, Random House, 1968.

Salaün, Élise, Oser l’Éros. L’érotisme dans le roman québécois des origines à nos jours, Québec, Nota Bene, 2010.

 

 

Atelier 2. La foule romanesque au XIXe siècle

            Apparu avec la première modernisation urbaine et les grands soulèvements populaires qui agitèrent la France à la fin du XVIIIe siècle, le phénomène de la foule prend rapidement un essor considérable jusqu’à constituer, au tournant du XXe siècle, l’objet d’une science, la « psychologie des foules » (Le Bon, Sighele, Tarde). Ainsi, c’est tout au long du XIXe siècle que se met peu à peu en place la figure littéraire de la foule, issue de celle du peuple puis la débordant au point de quasiment l’englober. Cette figure prolifère essentiellement dans ses incarnations parisiennes, bien que des exemples fondateurs de l’imaginaire en voie de se créer, se rencontrent dans d’autres villes.

            Les foules du roman réaliste du XIXe siècle se distinguent de celles qui peuplaient les récits d’autrefois en cela qu’elles jouent un rôle actantiel dans la trame du récit, qu’elles ne constituent plus simplement un élément du décor dans lequel évolue le protagoniste. Elles interviennent généralement dans le cadre d’un événement politique d’ampleur remarquable, telles les révolutions historiques contées par Flaubert (L’Éducation sentimentale), Hugo (Les Misérables) et Vallès (L’Insurgé) ou les guerres de La Débâcle (Zola) et de La Chartreuse de Parme (Stendhal), pour n’évoquer que ces exemples célèbres.

Il s’agira, dans le cadre de cet atelier, d’interroger l’apport esthétique de la foule sur le roman français du XIXe siècle. Pour ce faire, il faudra réfléchir à la manière dont on met en mots les rassemblements humains, soit interroger passage de la notion de « peuple » (XVIIIe) à celle de « foule » (XIXe), laquelle laissera plus tard la place à celle de « masse » (XXe), et s’arrêter à toutes leurs cooccurences, mais également retracer la lignée mythologique de la foule et suivre l’évolution des métaphores qui la caractérisent. Il sera par ailleurs question des contextes dans lesquels la foule tend à se manifester dans les textes romanesques ainsi que de la façon dont elle informe ceux-ci. 

Responsables de l’atelier : Claudia Bouliane (Brandon University) et Sébastien Roldan (Université du Québec à Montréal)

 

Atelier 3. eBalzac.com

La Comédie humaine et les humanités numériques

Le projet eBalzac est financé par l’Agence nationale pour la Recherche (ANR, 2015-2019, sous son nom initial Phoebus-Balzac hypertexte), et rassemble des chercheurs en littérature et en informatique de l’Université de Lille 3, de l’Université Paris Sorbonne Paris IV et de l’Université Pierre et Marie Curie Paris 6.

Le projet eBalzac vise à développer et à promouvoir la recherche en humanités numériques portant sur l’oeuvre d’Honoré de Balzac par la création d’un site Internet entièrement en libre accès, qui a l’ambition de constituer une référence en matière d’édition numérique. Ce site propose trois grands environnements :

1. L’édition électronique de l’oeuvre de Balzac, à commencer par La Comédie humaine, dans une version inédite en ligne et philologiquement exacte.

2. L’édition des différents états imprimés des textes balzaciens, depuis les feuilletons ou les éditions originales jusqu’à l’édition d’ensemble de La Comédie humaine (1842-1848).

3. Une édition hypertextuelle, qui constitue un objet scientifique expérimental et nouveau, dont le principe consiste à mettre en résonance l’ensemble de l’oeuvre balzacienne avec un vaste corpus d’écrits contemporains, à aires culturelles multiples et de nature variée, qui ont pu la nourrir. Son objectif est de permettre des recherches et des comparaisons élaborées afin de faire émerger des correspondances, de repérer des emprunts, des citations, des reprises, des plagiats éventuels, et de constituer ainsi une cartographie de l’univers intellectuel de Balzac à partir des traces que d’autres textes ont laissées dans l’oeuvre.

Le projet eBalzac propose donc des matériaux inédits, ainsi que des outils expérimentaux dont le but est de contribuer à un renouveau des études sur l’auteur de La Comédie humaine. Nous voudrions proposer dans le cadre de cette rencontre une première analyse des résultats de notre projet. Après une introduction visant à présenter l’ensemble du projet et sa première réalisation (le site eBalzac.com), des interventions seront consacrées aux différents axes de la recherche, en particulier : édition, génétique, et hypertexte.

Cet atelier est également ouvert à d’autres propositions portant sur les humanités numériques et leur application aux études du XIXe.

Responsables de l’atelier :

Andrea Del Lungo, professeur, Université Lille 3, responsable scientifique du projet eBalzac/Phoebus

Tania Duclos, professeure adjointe, St Thomas More College, Université de la Saskatchewan

Maxime Perret, post-doctorant affecté au projet eBalzac/Phoebus, Université Lille 3/Paris 4 Sorbonne

 

Atelier 4. Varia

Cet atelier sera consacré aux communications libres et sera ouvert à tous les types de chercheurs (professeurs, postdoctorants, étudiants de 2e et 3e cycle).

L’association accordera deux bourses d’un montant de $150 aux étudiants ayant soumis les propositions de communication jugées les plus pertinentes et ayant participé au colloque.