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Le prisme américain (revue Babel-Littératures plurielles, n°28)

Le prisme américain (revue Babel-Littératures plurielles, n°28)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Sandra Gorgievski)

Le prisme américain

 

Babel-Littératures plurielles, n°28, 2d semestre 2013, http://babel.revues.org/

Numéro sous la direction de :

John ENGLE (domaine anglo-américain, jengle00@hotmail.com), José GARCIA-ROMEU (domaine latino-américain, jose.garcia-romeu@univ-tln.fr), Patrick HUBNER (domaine européen et franco-américain, hubner.patrick@wanadoo.fr).

Laboratoire Babel (EA 2649) - UFR Lettres et Sciences Humaines, Université du Sud - Toulon - Var.

Description

C’est par la figure du prisme, qui renvoie à la vision d’une réalité déformée, qu’il serait possible d’envisager les représentations littéraires des Amériques depuis cinq siècles.

Il y a d’abord l’invention au sens fort de l’Amérique, par la geste de Colomb, soucieux d’évangéliser le Nouveau Monde en une croisade dont il rend compte  aux Rois catholiques. Les noms de baptême des anciennes Antilles traduisent cette vision chrétienne d’une Terre de Promission, qui devient vite Terre de Perdition. De grands écrivains latino-américains comme Alejo Carpentier et Jorge Luis Borges ne manqueront pas de dénoncer dans certains de leurs récits les exactions qui ont marqué l’histoire première de la colonisation du Nouveau Monde. Par ailleurs c’est d’après le nom d’un navigateur, successeur de Colomb, Amerigo Vespucci, que les cosmographes de Saint Dié ont baptisé ce continent sorti des brumes de l’ignorance, officiellement à la fin du XVe siècle, secrètement dès le IXe siècle.

Intervient ensuite la vague de colonisation de l’Amérique du Nord qui porte dans son onomastique les traces de cette succession, voire de la superposition, des occupations espagnole, puis anglaise et française, jusqu’à leur concurrence par-delà l’Indépendance des États-Unis. Il est significatif que se trouve, en Californie du Sud, la plus vieille mission, celle de San Juan Capistrano, et que les noms de lieux dans le Sud des Etats-Unis, de la Californie à la Floride en passant par l’Arizona et le Nouveau Mexique, gardent les traces de cette colonisation espagnole que la guerre de 1846-48 contre le Mexique n’aura pas effacées. Dans son ouvrage intitulé The New Golden Land: European Images of America from the discoveries to the present time (London, Allen Lane, 1976), significativement  consacré aux représentations iconographiques des Amériques, l’historien Hugh Honour souligne la forte rémanence de la première colonisation espagnole, nourrie des relations des missionnaires franciscains et jésuites, sur l’image de l’Amérique du Nord et leurs imitateurs anglais et français.

Dans une perspective comparatiste, européenne et franco-américaine, ce mélange, voire ce métissage, se retrouve dans les écrits de Voltaire avec la figure du Huron dans L’Ingénu, jusqu’à l’image de l’Indien européanisé dans le cycle américain de Chateaubriand, que Butor met en relief dans son approche critique. Tandis qu’en Angleterre se développe aussi à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle l’Amérique modèle de l’Enlightenment comme l’illustre la formule de John Locke reposant sur une Amérique abstraite et rêvée : In the Beginning all the world was America (The Second Treatise on Civil Government, London, 1690). Par ailleurs, c’est aussi l’avènement de l’Amérique européenne et méditerranéenne au XIXe et au XXe siècle, avec le tourisme international, qui conduira Fitzgerald à plonger dans une Amérique intérieure et dangereuse, en une manière de miroir qui revient au bord de la Méditerranée.

La définition de ces trois domaines (Amérique de la Découverte espagnole / Amérique des croisements coloniaux / Amérique comme modèle et miroir européen) qui constitue le trièdre du prisme américain, avec ses formes et ses déformations successives dans les modes de représentations littéraires, pourra être complétée transversalement par une approche conjointe des contre-cultures : ainsi Borges a parodié la culture populaire américaine dans certains de ses textes fondateurs, tandis que Kerouac, Ginsberg et Burroughs, les trois apôtres de la Beat Generation, ont subverti le modèle américain des années 1960 pour essayer d’échapper à la matérialité d’une société vers la spiritualité d’autres horizons, achevant de déformer la réalité dans la parabole des Clochards célestes. Tandis que la réaffirmation des minorités culturelles se traduit par la tentation de l’indianisme en Amérique latine comme en Amérique du Nord avec la figure omniprésente du chaman ou le retour à un tellurisme précolombien, doivent  encore être prises en compte les revendications d'autres minorités sociales et politiques, génériques et ethniques, dans le champ des déformations  littéraires du prisme américain.

Dans la perspective de cette étude, les contributions, en français, pourront aborder l’un ou l’autre de ces axes :

-Invention de l’Amérique coloniale, échanges et constitution d’un imaginaire américain entre la France, l’Espagne et l’Angleterre.

-Rémanence de l’Amérique espagnole dans l’Amérique anglophone.

-Influences croisées entre Amérique latine et Amérique anglophone.

-Amérique/Europe : miroir et confrontations des imaginaires.

-Contre-cultures, minorités sociales et politiques, génériques et ethniques.

Modalités

Les propositions sont à soumettre aux responsables du numéro sous forme de résumé avant le 31 janvier 2013.

Les auteurs dont les propositions auront été acceptées devront remettre l’article au plus tard le 31 mai 2013.

L’article en français ne devra pas excéder 40.000 signes, espaces comprises, et devra respecter autant que possible les règles de style décrites ici http://babel.revues.org/1833?file=1.

L’acceptation du résumé ne vaut pas acceptation définitive de l’article, celui-ci étant soumis à la correction et à l’approbation d’un comité de lecture selon la procédure indiquée ici http://babel.revues.org/213.