
Analyser de grands corpus scolaires et universitaires : des questions pour la recherche et pour la formation
Appel à communications pour le colloque international
"Analyser de grands corpus scolaires et universitaires : des questions pour la recherche et pour la formation"
Université de Bordeaux, site de la Victoire, 28-30 juin 2022
Colloque organisé dans le cadre du projet ANR E-CALM "Écriture scolaire et universitaire : Corpus, Analyses Linguistiques, Modélisations didactiques"
Facteur déterminant de la réussite scolaire et universitaire comme de l’intégration sociale en France, l’écrit reste à explorer du point de vue des compétences en acte des scripteurs, des aspects linguistiques de leurs productions et des facteurs contextuels qui les contraignent. Si des réseaux de collaboration nationaux et internationaux existent pour l’apprentissage du français langue étrangère ou seconde, les recherches en linguistique de corpus sur des écrits d’apprenants en langue maternelle demeurent peu nombreuses, et les corpus ne sont pas toujours accessibles sous une forme qui permette une analyse outillée (Elalouf, 2005 ; Auriac, 2014 ; Niwese, 2019). Les travaux de Marie-Laure Elalouf et Catherine Boré, de Paul Cappeau ou de Marie-Noëlle Roubaud ont ouvert une voie que prolonge le projet de recherche Écriture scolaire et universitaire : Corpus, Analyses Linguistiques, Modélisations didactiques (E-CALM) financé par l’ANR entre 2018 et 2021. Ce projet a réuni un grand corpus d’écrits d’élèves recueillis du cours préparatoire (1re primaire) au niveau Master, et élaboré un outillage permettant de l’explorer au moyen de logiciels d’analyse de données textuelles. Il s’agissait de caractériser certaines compétences scripturales (orthographe, cohésion et cohérence textuelle) et de mieux comprendre la manière dont les enseignants, par leurs interventions sur les copies, orientent l’écriture, afin d’étayer l’accompagnement de la réécriture de l’école à l’université.
Le corpus E-CALM, partiellement présent sur Ortolang, fait apparaitre différents aspects de l’écriture scolaire que les auteurs du corpus ont commencé d’explorer (Doquet & David, 2018).
Le colloque projeté vise à engager le dialogue sur les questions que posent à la linguistique les écrits des élèves et des étudiants, notamment sur le versant orthographique et sur la cohérence et cohésion textuelles, en envisageant d’une part l’articulation entre les productions écrites des élèves et leur évaluation par les enseignants, d’autre part l’utilisation de ce type de données pour la formation des enseignants. Les organisateurs attendent des propositions de communication qui s’appuient sur des données textuelles et leur exploration outillée pour explorer les objets suivants :
- le développement de la compétence orthographique ;
- les formes de la cohérence et de la cohésion textuelles au cours de la scolarité ;
- les interventions des enseignants sur les copies et leur rôle dans l’apprentissage de l’écrit.
Ces thématiques pourront être traitées selon différents points de vue :
- la préparation et la structuration des données textuelles « hors norme » (Steuckardt & Collette, 2019) que constituent les écrits d’élèves et l’outillage spécifique mis en place ;
- les types d’interrogations que suscite l’exploitation de ces données, et les questions qu’elles posent aux modèles théoriques actuels ;
- l’utilisation de ce type de matériau sur les dispositifs de formation des enseignants, et leurs incidences sur le regard porté par les enseignants sur les écrits de leurs élèves.
Les trois thématiques peuvent donner lieu, sans exclusive, aux interrogations suivantes :
• Orthographe :
La compétence orthographique des élèves en production de texte est souvent un lieu de déploration pour les enseignants, qui manquent de repères d’acquisition. Nous attendons des propositions qu’elles fournissent de tels repères et aident à établir une cartographie des compétences orthographiques en production de texte, à travers :
- la description, dans des corpus longitudinal ou transversal, de capacités orthographiques ciblées d’élèves, d’étudiants ou d’adultes ;
- la description contrastée de l’orthographe telle qu’elle est pratiquée dans des textes de genres différents et par des publics scolaires, étudiants ou adultes sociologiquement et culturellement contrastés ;
- la mise en évidence de spécificités de gestion de l’orthographe à l’échelle du texte ;
- la description des composantes orthographiques, de la phonographie à la morphographie lexicale et grammaticale, et leur relation dans les textes ;
- l’exploration du lien entre la qualité rédactionnelle des textes et leur qualité
orthographique ;
- la confrontation de ces descriptions aux données psycholinguistiques accumulées depuis les années 1990 ;
- l’utilisation de tels corpus en formation.
• Cohérence, cohésion et organisation discursive des textes d’élèves :
Souvent « moins cohésifs », « moins cohérents » et « moins organisés » que les textes généralement considérés par les travaux sur la textualité, les textes d’élèves, éloignés des standards habituels, permettent d’interroger les modèles théoriques en les confrontant à des données non prototypiques. Nous attendons des contributions autour des questions suivantes :
- Quels sont les indicateurs opérationnels permettant d'annoter la cohérence, la cohésion et l'organisation discursive des textes scolaires ? Ces indicateurs permettent-ils de dresser une cartographie de ces indices et de leur évolution au fil de la scolarité ?
- Quels sont les principaux problèmes méthodologiques que pose l’annotation systématique de la cohérence dans des textes d’élèves ?
- À quelles images de la phrase les textes d’élèves renvoient-ils ?
- Comment peut-on exploiter les résultats des analyses linguistiques des textes annotés pour aider les enseignant.e.s à formuler des jugements sur les productions écrites des élèves et à définir des interventions didactiques ?
- Quels indicateurs de progressivité dans la maitrise des compétences textuelles et discursives les analyses linguistiques fondées sur l’exploitation d’un vaste corpus de textes d’élèves pourraient-elles permettre de définir ?
• Interventions des enseignants sur les copies : Souvent nommées « annotations » ou « commentaires », les diverses interventions des enseignants sur les copies constituent des indicateurs de leurs attentes et des guides pour l’amélioration des
performances des élèves. Du fait qu’elles sont à la fois très largement pratiquées et peu théorisées dans la formation des enseignants, se pose la question des conditions de leur valeur didactique.
Nous attendons des contributions portant sur :
- Les dimensions de l’écrit sur lesquelles les enseignants interviennent le plus, ou au contraire très peu : orthographe, syntaxe, ponctuation, textualité, genre, cohérence, cohésion, adéquation à la consigne…
- Des résultats de recherches permettant d’identifier les différences entre enseignants et/ou entre les interventions selon les différents niveaux scolaires ou universitaires, mais aussi des études visant à établir une typologie des enseignants « correcteurs ». Une mise en relation entre les consignes d’écriture et les interventions des enseignants est-elle possible ?
- Le statut des interventions des enseignants dans les copies au regard des apprentissages de l’écrit, comme au regard des éventuelles pratiques de réécriture de la part des élèves.
- Les usages en formation des enseignants de leurs interventions sur les copies des élèves et les démarches de formation fondées sur ces analyses.
La recherche sur les interventions enseignantes écrites peut recourir à des méthodologies diverses, comme l’annotation de ces interventions en corpus ou la caractérisation globale d’un « profil enseignant correcteur ». Toute communication portant sur les méthodologies de recherche ellesmêmes, et en particulier sur ce qui rend ces données exploitables à travers des requêtes et/ou des exploitations quantitatives, est également bienvenue.
Références
Boré, C., Calil, E. (2013) L’école, l’écriture et la création. L’Harmattan.
Cappeau, P. & Roubaud, M.-N. (2018) Regards linguistiques sur les textes d’élèves (de 5 à 12 ans). Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise-Pascal.
Doquet, C. & David, J. (eds) (2018) « Collecter, interpréter, enseigner l’écriture », Repères, 57, 7-10. URL : http://journals.openedition.org/reperes/1444
Elalouf M.-L. (2005) (éd.) Enseigner à écrire entre 10 et 14 ans : un corpus, des analyses, des repères pour l'enseignement. Scérén & CRDP Académie de Versailles.
Gunarsson-Largy, C., Auriac-Slusarczyk, E. (2014) Ecriture et réécritures chez les élèves. Un seul corpus, divers genres discursifs et méthodologies d’analyse. L’harmattan/Academia Bruylant.
Niwese, M., Lafont-Terranova, J., Jaubert, M. (2019) (eds) Écrire et faire écrire dans l'enseignement postobligatoire. Enjeux, modèles et pratiques innovantes. Presses Universitaires du Septentrion.
Roubaud, M.-N. (2016) La phrase à l’épreuve des textes scolaires (élèves de 5 à 8 ans). LIDIL - Revue de linguistique et de didactique des langues, UGA Editions.
Steuckardt, A. & Collette, K. (eds) (2019) Ecrits hors-normes. Presses de l’Université de Sherbrooke.
Les propositions de contributions pourront viser deux formats : communication orale ou poster. Il est attendu un résumé mettant en évidence le contexte de la réflexion et la problématique, la méthodologie (recueil et analyse de données) et les résultats de la recherche ; ce résumé ne devra pas dépasser deux pages, bibliographie non comprise, et sera accompagné des informations d’usage sur le ou les auteurs/trices de la proposition.
Date limite de soumission des propositions : 1er octobre 2021
Adresse de soumission : ECALM.sciencesconf.fr
Comité d’organisation :
Elisabeth Bautier, Université Paris 8
Catherine Brissaud, Université Grenoble-Alpes
Claudia Boursier, Université de Bordeaux
Jacques David, Université Cergy-Pontoise
Catherine Delarue-Breton, Université de Rouen
Claire Doquet, Université de Bordeaux
Serge Fleury, Université Sorbonne Nouvelle
Claudine Garcia-Debanc, Université Toulouse Jean Jaurès
Mai Hodac, Université Toulouse Jean Jaurès
Marie-Paule Jacques, Université Grenoble-Alpes
Arnaud Moysan, Université Sorbonne Nouvelle
Claude Ponton, Université Grenoble-Alpes
Josette Rebeyrolle, Université Toulouse Jean Jaurès
Tiphaine Sales, Université de Bordeaux
Elise Vinel, Université Paris 8
Comité scientifique :
Marie-José Béguelin (Université Neuchâtel)
Françoise Boch (Université Grenoble Alpes)
Catherine Boré (Université Cergy)
Gilles Boyé (Université Bordeaux Montaigne)
Myriam Bras (Université Toulouse Jean Jaurès)
Paul Cappeau (Université Poitiers)
Mariella Causa (Université Bordeaux Montaigne)Olivier Lumbroso (Université Sorbonne Nouvelle)
Véronique Paolacci (Université Toulouse Jean Jaurès)
Marie-Claude Penloup (Université de Rouen)
Anne-Marie Petitjean (Université Cergy-Pontoise)
Jean-Luc Pilorgé (Université Bretagne Occidentale)
Sylvie Plane (Sorbonne Université)
Luisa Revelli (Université de la Vallée d’Aoste)Stéphane Colognesi (Université catholique de Louvain)
Fanny Rinck (Université Grenoble Alpes)Gilles Corminbœuf (Université Fribourg)
Jacques Crinon (Université Paris Est Créteil)
Bertrand Daunay (Université de Lille)Carmen Rodriguez Gonzalo (Université Valencia)
Marie-Noëlle Roubaud (Université Aix Marseille)
Cristiana de Santis (Université Bologne)Chantal Dompmartin (Université Toulouse Jean Jaurès)
Jean-Pierre Sautot (Université Grenoble Alpes)Marie-Laure Elalouf (Cergy Paris Université)
Thierry Geoffre (HEP Fribourg)Catherine Schnedecker (Université Strasbourg)
Frédérique Sitri (Université Paris Est Créteil)Emmanuelle Guerin (Université Sorbonne nouvelle)
Agnès Steuckardt (Université Paul Valéry, Montpellier)Rafaela Gutierrez-Caceres (université d’Almeria)
Bernadette Kervyn (Université Bordeaux)
Frédéric Landragin (CNRS)
Belinda Lavieu-Gwozdz (Université Paris Creteil)Javier Suso López (Université Granada)
Christian Surcouf (Université de Lausanne)
Lilia Teruggi (université de Milan)
Pierre-Yves Testenoire (Sorbonne Université)Dominique Legallois (Université Sorbonne Nouvelle)
Laure Vieu (Université Toulouse Jean Jaurès)