
On ne verra jamais Giorgio Abamben immobile : l'autoportrait qui paraît ces jours-ci en français tourne autour des ateliers dans lesquels le philosophe a vécu et écrit entre Rome, Venise et Paris. Cet Autoportrait dans l'atelieri (L'Arachnéen) est un livre sur les villes, mais aussi et surtout un livre sur les rencontres et sur l’amitié, avec Elsa Morante, mais aussi Nicola Chiaromonte, Francesco Nappo, Giorgio Manganelli…
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On peut également choisir de faire son autoportrait dans la bibliothèque, à l'instar de Vivian Gornick dans un essai superbement intitulé Inépuisables. Notes de (re)lectures (Rivages) : elle y revient sur les auteurs qui ont marqué sa vie, lus et relus à différentes périodes.
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Il est aussi dans l'histoire de l'art bien des Autoportraits cachés, dont Pascal Bonafoux a dressé le catalogue (Seuil) : Botticelli "assistant" à L’Adoration des Mages, El Greco à L’Enterrement du comte d’Orgaz, Ingres se représentant derrière Jeanne d’Arc dans la cathédrale de Reims lors du sacre du Charles VII… Cette variété de métalepse ouvre des questions troublantes : Michel-Ange fait-il le choix de se représenter dans le Jugement dernier de la chapelle Sixtine comme la peau écorchée de saint Barthélémy ? Pourquoi Van Eyck fait-il le choix de n’être qu’un reflet dans le miroir convexe accroché derrière les Arnolfini ? Pourquoi Rembrandt se représente-t-il parmi les bourreaux qui dressent la croix sur laquelle le Christ vient d’être cloué ?