
Nul ne saurait nier que la chanson d’Aspremont, composée vers 1190 et présentée d’emblée par le narrateurâjongleur comme "une bonne chançon vaillant", est une chanson de geste, dans le sillage de la Chanson de Roland. Pourtant, comme l’a souligné la critique, elle prend quelque distance avec la tradition. Sans jamais trahir la formule épique, elle use en effet de la multiplicité des thèmes, des personnages, des situations, des jeux de confrontation avec l’autre, formant comme un précipité de tout ce qui alimente le genre épique. Les Colloques en ligne de Fabula accueillent un sommaire préparé par C. Croizy-Naquet, A. Mussou et A. Paupert intitulé Bonne chançon vaillant : la chanson d’Aspremont, qui vient éclairer à nouveaux frais cette atypicité, rendant justice à une œuvre à la fois intrinsèquement épique et profondément originale, destinée à exalter l’engagement d’une communauté à l’aube de la troisième croisade.