
On pouvait penser le professeur Barnett réduit au silence depuis la dénonciation de ses 35 plagiats par M. Charles dans un article publié sur Fabula. Il n'en est rien : on peut aujourd'hui retrouver quelques-uns des textes incriminés parmi les onze essais réunis dans un ouvrage publié par deux éditeurs français et italien sous le titre Le texte adversaire, précédé d'une préface dithyrambique signée par G. Dotoli, l'actuel président de l'Association internationale des études françaises, qui assure en personne la promotion du livre dans une vidéo. Volker Schröder vient de faire le point sur l’affaire sur le site de Princeton. On voudrait croire à un canular, d'autant que l'ouvrage s'affiche comme couronné par "le Prix Roland Barthes en théorie contemporaine, le Grand Prix Louis Marin en littérature française, et le Ludwig Wittgenstein Memorial Prize in Literature and Philosophy". Mais on est bien obligé de renoncer à cette rassurante hypothèse : le sommaire attribue bel et bien à Barnett des textes publiés ailleurs par René Audet, Jan Baetens, Lucien Dällenbach et Jacques Poirier, en les mêlant à quelques productions propres de R.L. Etienne Barnett (majoritairement des autoplagiats, inlassablement repris). Rien ne vient signaler un détournement parodique. Ainsi le plagiaire a-t-il trouvé des éditeurs et un préfacier pour poursuivre impunément son activité. Qui pourra donc l'arrêter ? Car il n'a apparemment pas l'intention d'en rester là, si l'on en croit le copieux catalogue d'une (nouvelle?) maison d'édition co-dirigée par l'intéressé et… G. Dotoli, où plusieurs titres de Barnett se trouvent annoncés aux côtés des ouvrages à paraître de G. Dotoli lui-même, et de quelques autres collègues français ou italiens. — À la suite de la publication des présentes informations, le Prof. Dotoli a prié Fabula de diffuser un bref communiqué, où il se désolidarise des publications de R.L. Barnett (4 juillet).