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Naître et faire naître : la mise au monde dans les écritures et sur les scènes contemporaines (Arras)

Naître et faire naître : la mise au monde dans les écritures et sur les scènes contemporaines (Arras)

Publié le par Romain Bionda (Source : Amandine Mercier et Sandrine Le Pors)

« Naître et faire naître : la mise au monde dans les écritures et sur les scènes contemporaines »,
journée d’étude organisée par Sandrine Le Pors et Amandine Mercier
(
Textes et cultures, axe « Praxis et esthétique des arts »), Université d’Artois
20 février 2018

Au théâtre, la mise au monde et la représentation des corps naissants ou accouchants sont le lieu de déploiement d’un imaginaire, voire d’une mythologie qui révèlent des expériences contradictoires dont la dialectique ne se laisse pas toujours aisément appréhender. Ils ne manquent pas en outre de se faire l’écho des enjeux de la création et d’une certaine genèse du monde, nous renvoyant alors à des scènes primitives et/ou premières : telle la mise au monde d’Hamlet, à l’état d’abord de mollusque avant même d’être in-fans dans Amleto de Castellucci, créature gestative pétrie de sons inarticulés, cris et gémissements, qui finissent par devenir des mots dessinés avec du charbon sur le mur, telle encore l’apparition de la petite Lili à la faveur d’un engloutissement et d’un chaos orchestré par Mimmo qui détruit le monde avant que ne s’ensuive la construction d’un nouveau monde dans la scène inaugurale de la pièce marionnettique L’ogre et la poupée de Daniel Lemahieu mise en scène par François Lazarro, le corps devenant alors tout à la fois l’espace d’une gestation et d’une dévoration.

Cette journée s’intéressera particulièrement (mais non exclusivement) aux scènes d'accouchement (comme c'est encore le cas, par exemple, dans Go down Moses de Romeo Castellucci, Le voyage d'hiver ou Métamorphoses d’Ilka Schönbein, Le Corps furieux de Jean-Michel Rabeux) mais aussi aux récits de naissance (du récit de l’accouchement du petit Nocturne dans L’Enfant lunaire de Daniel Danis, par exemple, qui semble sceller la destinée du jeune garçon, à Naissances de Karen Brody proposant plusieurs portraits de femmes relatant le cheminement de chacune pour leurs accouchements). Nous questionnerons par ce prisme les manifestations et représentations du naître et faire naître dans leur pluralité et nuances selon les différents champs disciplinaires (théâtre, danse, marionnette, cirque, etc.), contextes et processus de création. 

Comment, et selon quels dispositifs, naît-on (ou renaît-on) en scène ? Quels enjeux – dont il convient de s’interroger sur la valeur tant herméneutique, poétique, dramatique que dramaturgique – se greffent-ils à la question de la mise au monde au théâtre ? Qu’est-ce que la représentation ou le récit d’une naissance donne-t-ils à voir et à entendre de l’état des corps, vivants ou marionnettiques ? Dans quelle mesure les artistes parviennent-ils, en mettant en fiction la naissance, à déjouer ou non certains poncifs sur le corps et sur le corps féminin en particulier ? Quels savoirs, quels témoignages, quelles pratiques sont-ils convoqués par les auteurs et par les artistes pour s’emparer de ces problématiques ? Telles sont quelques-unes des questions que nous soumettons à discussion.

Il s’agira également d’examiner en quoi les scènes contemporaines offrent, via la figure matricielle, un va-et-vient constant entre la première jeunesse et la vieillesse, entre la mise au monde et la mise à mort, entre une genèse et une fin, entre une fin et un recommencement. On pourra aussi envisager la question de la naissance comme ce qui s'associe au départ, tant dans la découverte que dans la perte, dans l'envol que dans la chute.

Nous envisagerons enfin le refus de l’enfantement (l’ouverture du poème Lésions incompatibles d’Angelica Lidell qu’elle dédicace aux enfants qu’elle se refuse d’avoir) mais aussi l’impossibilité d’enfanter ou encore le deuil et la perte (de Usages du monde : Règles du savoir-vivre dans la société moderne de Jean-Luc Lagarce où la Baronne Staffe dicte impassible les procédures à adopter en cas de mort périnatale à Molène de Françoise Pillet où est relatée la perte de la sœur jumelle n'ayant pas eu le temps d'avoir un nom car décédée avant de naître).

C’est donc à un théâtre de naissances (et de morts), d’apparitions (et de disparitions), de métamorphoses (et de ténèbres) que nous nous intéresserons, un théâtre nous intimant de regarder l’antre de la création et le chaos dont il est issu, manière aussi de nous rappeler qu’avant d’être une forme, l’art et l’écriture partent de l’informe, qu’avant d’être exposé à la lumière, l’on vient des ténèbres.

Les propositions de communication (3000 caractères maximum, espaces compris) ainsi qu’une notice bio-bibliographique sont à envoyer à Sandrine Le Pors (leporssandrine@gmail.com) ET à Amandine Mercier (mercier.amandine3@gmail.com) avant le 20 décembre 2017.

Seront privilégiées les études monographiques.

Pistes de recherche :

-théâtres de l'engendrement

-drames utérins

-scènes d'accouchements

-dramaturgies de l'origine