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L'Anomalie : figure du tueur en série et imaginaire contemporain

L'Anomalie : figure du tueur en série et imaginaire contemporain

Publié le par René Audet (Source : Balzac-L)

Appel de communications:

L'Anomalie : figure du tueur en série et imaginaire contemporain
Dates: 30-31 octobre, 1er novembre 2003
Lieu: Université Concordia, Montréal (QC, Canada)
Date limite pour soumettre une proposition: 1er février 2003
Organisateurs : M. Lefebvre (Concordia) ; B. Gervais (UQAM) ; N. Xanthos (Laval)

Depuis une trentaine d'années, on note un intérêt de plus en plus marqué pour la figure du tueur en série, tant dans le domaine fictionnel que dans celui de l'étude psychologique, sociologique ou historique. Dans la fiction, on ne compte plus les incarnations, littéraires ou filmiques, de cette figure : de Michael Connelly à Brett Easton Ellis, de Jonathan Demme à David Fincher, de Thomas Harris à Caleb Carr, de Atom Egoyan à Philip Noyce, de Maurice Dantec à Henning Mankell, de Spike Lee à Oliver Stone, innombrables sont celles et ceux qui ont proposé une actualisation de cette figure. Se multiplient également les témoignages de « profileurs », les études criminologiques, les études de cas, les réflexions socio-historiques.
Ce colloque se veut le lieu d'une réflexion interdisciplinaire sur cette figure imaginaire du tueur en série. On pourra s'interroger sur les relations entre la figure du tueur en série et un imaginaire contemporain dans lequel elle s'inscrirait et trouverait sens. La sérialité définitoire doit-elle être reliée aux caractéristiques spécifiques de la société de consommation ? La figure du tueur en série reproduit-elle certains traits de cette société, est-elle son reflet grossissant et monstrueux, exhibe-t-elle ses travers, signifie-t-elle sa faillite ? Quelle part le cinéma vient-il jouer dans la fortune contemporaine de cette figure ? Ou encore n'est-elle qu'une actualisation socio-historique particulière d'une autre figure, essentiellement maléfique, qui traverse les âges ? Peut-on dire de Gilles de Ré ou de la Comtesse Bathory qu'ils étaient des tueurs en série, ou le concept doit-il être réservé à des assassins contemporains ? Plus fondamentalement se pose aussi la question de la définition et des conditions d'apparition du concept, c'est-à-dire une archéologie du savoir : quels sont les traits propres du tueur en série ? Quelles sont les différentes définitions qui (co)existent actuellement ? Quelle est leur logique ?
Le tueur en série est souvent un défi épistémologique, une énigme initialement incompréhensible proposée aux enquêteurs qui ont pour mission de lui mettre le grappin dessus - une anomalie. Comment cette absence de signification est-elle représentée ? Quels sont les moyens sémiotiques ou herméneutiques (psychologiques, sociologiques, mathématiques, etc.) mis à contribution par les poursuivants pour saisir le tueur en série ? Dans cette perspective, le tueur en série apparaît comme un facteur de remise en question des savoirs sur l'homme, voire de révolution scientifique, au sens que Kuhn donne à ce terme : comment les fictions mettent-elles en scène ces révolutions et articulent-elles les diverses configurations épistémiques impliquées par le tueur en série ?
Dans une perspective générique, y a-t-il lieu de parler des fictions mettant en scène un tueur en série comme d'un sous-genre policier ou encore du cinéma d'horreur? Peut-on mettre en lumière des régularités, autres que celles liées au système des personnages, qui dessineraient les contours de ce sous-genre ? Peut-on observer des récurrences narratives, des spécificités narratologiques, des thématiques communes dans ces fictions ? Reste-t-il dans le giron policier ou celui de l'horreur ou s'en émancipe-t-il par divers biais ? Pris non plus synchroniquement, mais diachroniquement, cet éventuel sous-genre possède-t-il une histoire, une évolution ? Est-il à mettre en relation avec d'autres genres ?  
On pourra centrer le questionnement autour d'un film, d'un roman ou d'un auteur particulier pour observer la mise en scène concrète de la figure du tueur en série, la façon dont elle s'intègre à une uvre, dont elle entre en résonance avec d'autres thèmes ou préoccupations. Pourront ainsi constituer des objets de réflexion pertinents : le rapport entre le tueur en série et un imaginaire de la fin (Dantec) ou biblique (Fincher), un questionnement sociologique (Mankell), le déterminisme psychologique (Carr), la société de consommation (Ellis), etc. Les propriétés formelles des uvres sélectionnées peuvent également être examinées : comment, sur le plan stylistique et narratologique, l'univers mental de tel tueur en série est-il exhibé ? La présence de ce personnage amoral affecte-t-elle le système axiologique des fictions ? Que choisit-on de montrer et de dire de ce personnage excentrique ? Car c'est une question bien délicate à laquelle les écrivains et réalisateurs sont confrontés : comment imaginer ce qui est a priori inimaginable ?
On le voit, les modalités d'actualisation et les enjeux de la figure du tueur en série sont nombreux et polymorphes : s'y mêlent des aspects psychologiques, sociologiques, épistémologiques, sémiotiques et herméneutiques, éthiques, en proportion et relation variables selon les discours, fictionnels ou non, où s'incarne la figure. Ce sont ces aspects que l'on tentera de cerner de façon à pouvoir commencer à dessiner les contours du vaste territoire imaginaire qu'arpente en le révélant la figure du tueur en série.

Les propositions (entre 300 et 500 mots) doivent nous parvenir avant le 1er février 2003, à l'adresse suivante:
Martin Lefebvre
Directeur, maîtrise en études cinématographiques
École de cinéma Mel Hoppenheim
Rédacteur en chef RECHERCHES SÉMIOTIQUES/SEMIOTIC INQUIRY
Université Concordia, FB-319
1455 de Maisonneuve ouest
Montréal, Québec
H3G 1M8
tel. (514) 848-4676/télec.: (514) 848-4255
courriel: lefebvre@vax2.concordia.ca