L’époque victorienne continue de nous hanter. Dracula, Jekyll et Hyde, mais aussi les personnages de Dickens ou des sœurs Brontë sont réemployés dans des spin-off infinis et des mondes alternatifs (crossover, métalepses), créant une Victoriana fantastica, un multivers fictionnel qui révèle beaucoup sur l’imagination littéraire. Ce néo-victorianisme crée aussi de nouvelles figures, issues d’une incorporation d’archétypes du XIXe siècle dans les genres contemporains (slasher, fiction Young Adult).
Scènes de bal macabres, figures d’artistes maudits, vampires flamboyants et gentils monstres constituent des motifs d’exploration pour aborder la construction de soi, le queer, le faire-société, et parfois dessiner des horizons utopiques, au-delà d’un simple « repackaging » culturel. Cependant, ce néo-victorianisme a bien une histoire, forgée par les premières adaptations cinématographiques de Dracula, les films de la Hammer ou les dime novels, autant d’éléments d’une culture populaire ayant maintenu la vitalité de ce corps victorien. Les articles de ce numéro arpentent ainsi les territoires de cette Victoriana contemporaine, un univers résolument fantastique et transmédiatique, et souvent caractérisé par une noirceur profonde, mais non dénuée d’humour.
Publié avec le soutien de l’université de Poitiers et de l’Unité de recherche ACE de l’université Rennes 2