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L’ornement : forme, mémoire et transmission (Siliana, Tunisie)

L’ornement : forme, mémoire et transmission (Siliana, Tunisie)

Publié le par Marc Escola (Source : Leyla Aissa )

APPEL À CONTRIBUTION

Colloque international 11 12 13 Février 2026

à ISAM-Siliana,Tunisie

L’ornement : forme, mémoire et transmission 

 

Colloque international Organisé par : 

L’Institut supérieur des arts et métiers de Siliana 

Avec le soutien de l’Ambassade de France en Tunisie Service de coopération et d’action culturelle 

Dans la continuité des initiatives visant à ouvrir l’enseignement du design et des arts visuels aux débats contemporains sur les formes, les usages et les héritages socio-culturels, ce colloque international invite à repenser l’ornement. Nous proposons de l’étudier non plus seulement comme motif décoratif, mais aussi comme un opérateur fondamental permettant de comprendre la circulation des formes, la transformation des pratiques, la transmission des savoirs et des savoir-faire. (F. Gautherot et al, 2020). 

L’ornement qu’il soit architectural, graphique, mobilier ou urbain devient ici le prisme à travers lequel s’analysent les dynamiques culturelles entre héritage et innovation.

 

Argumentaire 

 

À la croisée des pratiques artistiques, des savoir-faire artisanaux et des dynamiques patrimoniales, l’ornement prend la place actuelle à travers une approche fondamentalement interdisciplinaire. Il mobilise à la fois les outils de l’histoire de l’art, du design et de l’architecture, tout en intégrant des perspectives issues de la sociologie, de l’anthropologie, de l’urbanisme et des politiques culturelles. Dans cette perspective, l’ornement, n’est pas seulement une reprise de motif ancestral, mais un code et un signe de détournement qui permet de reconsidérer nos manières de créer, d’habiter et de transmettre (Labrusse, 2010).  Cette réflexion se vérifie dans la matérialité, la diversité des supports et matériaux proposés à l’étude. Architecture, mobilier urbain, céramique, textile, ou objets numériques – l’ornement porte la mémoire des sociétés et catalyse des formes d’expression culturelle qui s’adaptent, résistent ou se métamorphosent selon les contextes (G. Agamben, 2000 ; D. Miller, 2010).

 

Dans un contexte mondial marqué par la dématérialisation des formes, la standardisation esthétique et l’appauvrissement sensoriel des environnements bâtis ou numériques, l’ornement réapparaît comme un vecteur d’engagement culturel et social. Il attire l’attention sur la nécessité de ménager des espaces de singularité et de différenciation dans des contextes dominés par l’uniformisation et la standardisation. Ainsi, l’ornementation peut être comprise à la fois comme réponse aux processus de globalisation et comme manifestation d’un ancrage local, liant la matérialité des objets et l’imaginaire collectif. (A. Forty, 1986 ). Les phénomènes de prospection ou de détournement des motifs traditionnels dans la création contemporaine témoignent d’un renouvellement de l’intérêt pour la sensorialité, la mémoire et l’identification sociale (S. Adamson, 2013).

Orner, c’est investir les espaces habités publics ou privés, et les objets quotidiens d’une présence incarnée, qui agit à la fois comme langage visuel, mémoire matérielle et geste esthétique (M. Guérin, 2024). Dans le domaine des arts plastiques, du design -graphique, d’espace ou de produit-, comme dans l’architecture, le design d’interfaces ou dans le domaine de datavisualisation, l’ornementation permet d’interroger de nouvelles tensions : du matériel au virtuel, des normes globales aux singularités locales, de la production industrielle à la création artisanale (D. Miller, 2010). L’ornement devient un outil pour questionner la construction des identités, l’interaction entre usagers et espace, ainsi que la capacité des formes à générer du sens au sein de la vie quotidienne. Comme le souligne Gábor Sonkoly dans ses recherches, l’enjeu ne se limite pas à la préservation des formes, mais aussi à la construction des liens entre mémoire, espace et identité culturelle (Sonkoly, 2001). Cette lecture met en lumière le rôle de l’ornement dans la construction des espaces et des expériences sensibles.

La tendance contemporaine vire vers la simplification iconique, l’effacement progressif des détails, l’adoption de formes dépouillées et standardisées dans l’architecture, le design, ou l’espace public et invite à une réflexion sur le rôle de l’ornement dans notre rapport à l’objet, à l’environnement et à l’homme. Cette simplification soulève des enjeux fondamentaux : elle impacte directement l’expérience sensorielle, la valorisation du travail manuel, la transmission des savoirs et le maintien de la diversité socio-culturelle (H. Heynen, 2000). L’ornement, loin d’être un « excédent » décoratif, retrouve ainsi sa dimension essentielle comme manière d’habiter, de communiquer et de créer des liens sociaux (W. Benjamin, 1936) mais surtout des environnements innovants.

Ce colloque a pour but d’explorer la façon dont l’ornement continue de traverser, d’habiter et de façonner nos espaces urbains et domestiques, nos objets du quotidien et nos pratiques artistiques ou artisanales et nos environnements technologiques. Il s’agit aussi d’envisager comment la redécouverte ou la relecture critique de l’ornement peut devenir un enjeu de renouvellement des pratiques de création, d’enseignement, de transmission ou encore de médiation culturelle (S. Adamson, 2013).

 

 

 

Axe 1. Ornement et mémoire culturelle : formes et transmission

Cet axe vise à explorer comment l’ornement se présente comme un vecteur pour faire revivre la mémoire, le patrimoine et la continuité culturelle à travers les époques. Il s’intéresse aux manières dont les motifs, matériaux, savoir-faire et gestes spécifiques aux arts plastiques, à l’architecture, à la sculpture, à la céramique ou au textile ont émergé, se sont transformés ou se sont transmis. On questionnera la manière dont ces formes s’inscrivent dans le tissu urbain, l’architecture domestique, les œuvres d’art ou le design d’objet, agissant comme archives vivantes, symboles identitaires et supports de dialogue interculturel (E. Panofsky, 1955).

Ce champ invite à interroger l’adaptabilité de l’ornement, ses processus d’appropriation, d’altération ou de disparition, et les mécanismes de sauvegarde et de médiation mis en place pour la transmission des savoirs techniques, qu’ils soient artisanaux ou numériques. Nous pourrons également s’intéresser à la patrimonialisation des traditions ornementales, à leur reconfiguration contemporaine dans la création artistique, au rôle de la numérisation dans la documentation et à la diffusion des motifs, ou à l’émergence de nouvelles formes de transmission à travers les réseaux éducatifs et culturels.

Axe 2. Ornement et espace vécu : matérialités et perceptions

Il s’agit de comprendre comment l’ornement module notre perception et notre rapport à ces espaces tout en explorant la relation entre l’ornement et l’expérience de ces lieux. L’ornementation est considérée comme un élément dynamique transformant la matérialité des édifices, contribuant à la lisibilité des espaces publics ou privés, réinventant la signalétique visuelle, tout en introduisant des ruptures, des liens symboliques ou des rythmes sensibles dans l’espace bâti (H. Heynen, 2000).

Cet axe encourage la diversité des regards et des méthodologies : analyses esthétiques, investigations expérientielles, études de cas sur des projets d’architecture ornementale, d’urbanisme participatif et de design. Nous pourrons dans ce sens soulever la question de l’impact de l’ornement sur la matérialité, la qualité de l’habitat, sur la création des identités spatiales, ou sur les enjeux socioculturels relatifs à l’inclusion et à l’accessibilité (P. Bourdieu, 1979). De plus, l’émergence des environnements numériques invite à repenser la place de l’ornement dans les interfaces, le design virtuel et l’expérience utilisateur, ouvrant ainsi à de nouveaux champs de réflexion autour des arts visuels, de l’architecture et du design.

Axe 3. Usages contemporains de l’ornement : créations, inspirations et détournements

Les nouvelles formes d’usages de l’ornementation nous mène à les repositionner dans les créations actuelles, entre hybridation innovante et contestation de la standardisation industrielle. Cet axe propose d’analyser les enjeux contemporains de la création ornementale dans les différents champs des arts plastiques, du design et de l’architecture. Comment l’ornement est-il réapproprié et transformé par les créateurs d’aujourd’hui ? Il s’agira aussi de décrypter les processus de traduction entre cultures et disciplines, les phénomènes d’inspirations croisées, ainsi que la manière dont l’ornement se prête à l’expérimentation.

Cette ouverture vise à encourager la réflexion sur le rôle sociétal, poétique et écologique de l’ornement dans la société contemporaine. Le statut des métiers d’art face à la standardisation, ou encore les pratiques émergentes à la croisée du design, de l’architecture et des arts visuels permettant de repenser les enjeux évolutifs entres les disciplines et le renouvellement des pratiques créatives.

Quelque soit la forme de réaffectation de l’ornement, le message qu’il engendre paraît plus important et sa réaffectation comme code visuel contemporain soulève plusieurs questions de recherche qui appellent les chercheurs à y poser un regard profond et constructif…

 

Références scientifiques

Adamson, G. (2013). The invention of craft. Bloomsbury Academic/V&A Publishing.

Agamben, G. (1995). Moyens sans fins : notes sur la politique.Paris, Payot & Rivages..

Benjamin, W. (1936). L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique,Traduit de l’allemand par Pierre Klossowski, Paris, Éditions Denoël et Steele.

Bourdieu, P. (1979). La distinction: Critique sociale du jugement. Paris, Éditions de Minuit.

Forty, A. (1986). Objects of Desire: Design and Society since 1750.London: Thames & Hudson.

Gautherot, F., Kim, S., & Bovier, L. (2020). Pattern, crime & decoration. Les presses du réel.

Guérin, M. (2024). Aménager l'espace, orner les lieux. Cahier n° 01, collection « Arrangements ». Paris : Éditions Athom.

Heynen, H. (2000). Architecture and modernity: a critique. Cambridge, MA: The MIT Press.

Labrusse, R. (2010). Face au chaos : grammaires de l’ornement. In Perspective, Paris, Institut national d’histoire de l’art (INHA), pp. 97-121.

Miller, D. (2010). Stuff. Cambridge, Polity Press.

Panofsky, E. (1955). Meaning in the visual arts : Papers in and on art history.Garden City, NY: Doubleday Anchor Books.

Sonkoly, G. (2001). «Les niveaux d’interprétation et d’application de la notion de patrimoine culturel ». Parcours anthropologiques, (1), pp 20-31.

 

Ce colloque invite chercheurs, artistes, designers et doctorants à réfléchir et à débattre sur la portée de l’ornement, ses formes, sa mémoire et les enjeux de sa transmission. Les personnes intéressées sont invitées à soumettre des propositions de communications et d’articles (300 mots maximum ; en français, en arabe ou en anglais) qui s’inscrivent dans l’un des axes proposés ou à en croiser plusieurs. Les approches transversales sont particulièrement encouragées. Le colloque aura lieu à ISAM Siliana le 11, 12 et 13 février 2026.  

Les communications pourront s’effectuer en français, en arabe ou en anglais, et dureront 15 minutes.  

Le fichier doit comporter : le titre de l’article, le nom et le prénom de l’auteur, l’affiliation et l’adresse email, le résumé, 05 mots clés, une bibliographie indicative et une courte biographie de l’auteur(e.)

Nom du fichier : NOM. Prénom. Titre de la communication. 

Les participant(e)s sont appelé(e)s à envoyer leur proposition à l’adresse email suivante : colloqueisamsiliana@gmail.com 

Les propositions seront évaluées en double aveugle. 

Frais d’inscription 

Aucun frais d’inscription n’est exigé. Toutefois, les frais de transport et d’hébergement sont à la charge des participants. 

  Calendrier 

Date limite d’envoi des résumés : 05 décembre 2025 

Notification aux auteurs : 25 décembre 2025 

Colloque : 11, 12 et 13 Février 2026 

Date limite des envois des articles : 30 janvier 2026 

Publication des actes du colloque : Avril-Mai 2026 

 

Comité scientifique 

o   Rémi LABRUSSE, Professeur d'histoire de l'art contemporain à l'Université Paris Nanterre, France. 

o   Gábor SONKOLY, Professeur spécialiste de l'histoire contemporaine des villes et des territoires et directeur d'études à l'EHESS. 

o   Moez SAFTA, théoricien de l’art, Professeur à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis - Université de Tunis, Tunisie. 

o   Ikbel CHARFI, Designer, Professeure à l’Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax - Université de Sfax, Tunisie 

o   Nomen GMACH, théoricien de l’art, Professeur à l’École Supérieure des Sciences et Technologies du Design - Université de la Manouba, Tunisie. 

 o Moufida  GHODHBANE ,  Plasticienne Professeure à l'Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis - Université de Tunis, Tunisie

o   Jawher JAMMOUSSI, Professeur de sociologie à l'Institut des arts multimédias - Université de la Manouba, Tunisie. 

o   Aziz NOUBI, Maître de conférences à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis - Université de Tunis, Tunisie. 

o   Hatem ELLOUMI, Maître de conférences en design à l’Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax  - Université de sfax,Tunisie. 

Comité d’organisation 

Sana LETAIEF ISMAS, (Université de jendouba ) 

Leyla AISSA ISMAS, (Université de jendouba )  

Sarah BRIOUZA ISMAS, (Université de jendouba )  

Rania SAKET ISMAS, (Université de jendouba )  

Myriam CHELLAKHI ISMAS, (Université de jendouba ) 

Omar ALOUI ISMTK, (Université de jendouba )  

Emna OUERGHI ISMAS, (Université de jendouba )  

Nouha DALDOUL ISMAS, (Université de jendouba )  

Linda AJMI ISMAS, (Université de jendouba ) 

Roumaissa MERSNI ISMAS, (Université de jendouba ) 

Amira DOUIRI ISMAS, (Université de jendouba )  

Asma BENMESSOUDA ISMAS, (Université de jendouba ) 

Asma DHIFALLI ISMAS, (Université de jendouba ) 

Hela JRAB ISMAS, (Université de jendouba )  

Malek LAATAOUI ISMAS, (Université de jendouba )  

Ibtissem BEN KILANI ISMAS, (Université de jendouba )  

Chourouk BEL HAJSALAH ISMAS, (Université de jendouba) 

 Nadia AYACHI ISMAS, (Université de jendouba )