
Le seuil et l'éveil érotiques dans la recherche sur les arts et les cultures hispaniques et ibéro-américaines (Congrès SoFHIA 2026, Toulouse)
L’érotisme est suggestion, appel, efflorescence, affleurement, souffle, attirance, attraction, excitation, fantasme... Il est tout ce que les penseureuses, les artistes et les chercheureuses ont projeté sur des corps et des psychés dans des traditions souvent dualistes qui marquent fortement les pratiques. L’érotisme a longtemps fonctionné comme une mise en scène de l’absence et du creux, dans une tradition eurocentrée, redevable de la vision platonicienne de l’amour comme quête de la moitié, cette moitié perdue et sexuée après la séparation originelle des androgynes premiers.
Pourquoi ne pas oser dépasser cette vision de l’incomplétude et de la part manquante depuis nos spécificités interdisciplinaires, depuis un
hispanisme et un ibéro-américanisme pluriels ? Pourquoi ne pas interroger l’érotique d’une ou de plusieurs langues qui est au cœur de notre métier, qui nous a donné envie de devenir hispanistes et ibéro-américanistes, et de continuer à exercer ce métier malgré ses difficultés ? Pourquoi ne pas interroger l’érotique de langues-cultures dont nous avons choisi de devenir les médiateurices ?
Et, ce faisant, nous pourrions élaborer une mise en scène de l’abondance, de la pléthore, de la joie, de la puissance érotique, sur le seuil, dans le seuil, avant et en-deçà de la sexualité, dans une temporalité liminaire qui est celle de l’élan et de l’appel, qui rend possible l’émergence, le surgissement de paroles des corps et des savoirs divergents.
De vastes projets créatifs et identitaires se fondent sur une érotisation renouvelée, intégratrice d’expériences et de voix silenciées, qui se font une place au cœur des combats, qui brisent les codes sociolinguistiques et réinvestissent les souffles du désir et l’amour (minorités, femmes, homosexuel·les, trans, non-binaires). L’érotisme est l’espace du dépassement des contraintes et des limites de l’individu, du genre, du sexe, de la langue.
Repenser l’érotisme en 2026 depuis nos disciplines, c’est également l’occasion de revisiter des traditions érotiques non eurocentrées, car au-delà de l’érotisme ou dans l’érotisme se tissent les liens entre les êtres, se créent les récits originels mythiques, se réinventent les scénarios inépuisables qui abreuvent la fiction, se fondent les rapports politiques réinventant les corps et les esprits dans l’espace commun, et cet espace lui-même.
Nous vous invitons à penser cet instant de la création du désir qui naît dans l’érotisme, et qui ouvre les possibles. Nous vous invitons à rester sur le seuil, dans cet espace du seuil de la distance et de l’écart dans lequel émerge le désir. À penser la tension, l’appel, la projection, l’attirance, l’excitation, l’imagination dans la création et l’histoire, mais également dans votre rapport à vos objets d’études et à votre profession.
Ce congrès de la SoFHIA à Toulouse en 2026 sera l’occasion de repenser l’association systématique de l’érotisation et de la transgression, et de garder du second terme l’étymologie qui nous invite à passer une ligne, à franchir une limite, à déplacer un regard, un geste, un corps, une pratique, une pensée. À subvertir, parfois. À désobéir, encore. À se révolter, toujours.
Quelle érotique est au cœur de la pulsion créatrice de vos objets d’études et de votre propre pulsion savante ? Le seuil et l’éveil érotiques concernent toutes les disciplines dont se nourrissent les études hispaniques et ibéro-américaines : linguistique, histoire, géographie, architecture, design, arts textuels, graphiques, photographiques, multi et transmédias.
Les axes de réflexion, volontairement ouverts, que nous vous proposons sont les suivants :
- érotisme et savoirs
- érotisme et émotions
- érotisme et langues
- érotisme et corps
- érotisme et livres
- érotisme et images
- érotisme et espaces-temps
- érotisme et politique
- érotisme et humour
Le congrès de la SoFHIA 2026 veut promouvoir des formes de création et de transmission du savoir innovantes, tout en continuant à valoriser des formes éprouvées. Pour cette raison, en plus des communications de type traditionnelle (15-20 minutes), nous vous proposons des formats différents :
- collaboration artiste/chercheureuses : dans une communication à deux voix, un dialogue
- collaboration doctorant·e/chercheureuses : dans une communication à deux voix, un dialogue
- conférence ou communication dansée, chantée, performée
- projection de vidéos, diffusion d’audio
- ateliers collaboratifs
- table ronde
- communication de 20 minutes
Les propositions À RENDRE AVANT LE 30 SEPTEMBRE 2025 doivent être envoyées à l’adresse sofhia.toulouse2026@univ-tlse2.fr et prendront la forme suivante, en un seul document word : nom, prénom, affiliation, université, biobibliographie (200 mots maximum), titre, résumé (400 mots maximum) et mots-clés (5 maximum), axe(s) pressenti(s), format de la proposition. Retrouvez toutes les informations sur le lien : https://blogs.univ-tlse2.fr/42eme-congres-sofhia/
Les propositions seront soumises à l’évaluation du comité scientifique pour sélection.