
Manazir Journal, vol. 6 (2024) : "Les artistes du Maghreb et du Moyen-Orient, l’art abstrait et Paris"
Après la Seconde Guerre mondiale, Paris continue d'attirer les artistes de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). La forme d'abstraction qui se développe alors à Paris, notamment dans les réseaux artistiques gravitant autour du Salon des Réalités Nouvelles, créé en 1946, peut, par certains aspects, faire écho à des traditions vivantes qui leur sont familières. L'historiographie générale de l'abstraction gestuelle ou lyrique et de l'Art informel est assez silencieuse sur ces artistes et ces traditions. Lorsqu'elle analyse les œuvres de Georges Mathieu, Hans Hartung ou Jean Degottex, elle se réfère plutôt aux arts de l'Asie de l'Est. Les œuvres de ces artistes de la région MENA - dont certains ont été formés à la calligraphie - sont le plus souvent étudiées en fonction de leur « aire culturelle » d'origine, qu'il s'agisse de la Hurufiyya (« lettrisme » en arabe), de la production de l'école turque de Paris ou de l'œuvre de l'Iranien Charles Hossein Zenderoudi.
Les contributions de ce numéro étudient le contexte artistique et la scène de l'art abstrait à Paris après la Seconde Guerre mondiale, avec des sources nouvelles ou revisitées qui permettent de retracer la présence d'artistes du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, et la redécouverte de ces artistes qui ont été des contributeurs essentiels à l'art abstrait mondial.