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Nouvelles perspectives sur l'Histoire de Tervire

Nouvelles perspectives sur l'Histoire de Tervire

Publié le par Marc Escola (Source : Anne-Marie Fortier)

 

La Vie de Marianne s’achève sur l’histoire de Tervire sans que Marianne ne révèle avec qui elle s’est mariée ni comment elle est devenue comtesse, par mariage ou par la découverte de ses origines. Le lecteur sait seulement que Tervire lui a raconté sa vie pour la détourner de sa vocation religieuse et qu’elle a atteint son but. La portée argumentative de ce récit est donc essentielle et peut donc être élargie à chaque étape de sa vie. Ces dernières parties recèlent donc bien des clés pour la lecture du récit principal.

Michel Gilot dans son introduction à son édition de 1978 a souligné les parallèles entre les « deux romancières[1] », Marianne et Tervire. Marivaux « semble s’ingénier à multiplier les pièges romanesques en jouant sur le vertige des ressemblances : retours inattendus, variations infimes sur le nom des personnages […] ; parfaites homonymies […] ; analogies troublantes jusque dans les oppositions entre le parcours des deux héroïnes […] ; effets de mises en abyme, de miroir et de relais qui referment La Vie de Marianne sur une perspective sans fin : une religieuse a dissuadé Tervire d’entrer au couvent en lui contant par avance son histoire ; Tervire, aujourd’hui religieuse, conte précisément cette histoire à Marianne avec les mêmes intentions[2]… » Pour Tervire, « les malheurs de Marianne n’existent que dans son imagination[3] » Ne pas être orpheline ne garantit pas du malheur. Toute son histoire familiale est marquée de topoï : deux jeunes nobles tombent amoureux, leurs parents s’opposent au mariage, les amoureux refusent de se soumettre, leur mariage fait le malheur des enfants à naître, des enfants sont désavoués, délaissés, retrouvés, reconnus… et tout recommence à la génération suivante…

Narratrice sans « sentiment[4] » sans recul critique, Tervire tombe dans certains pièges sans se méfier, son histoire n’est-elle qu’une succession de topoï, voire de topoï dépassés ? car Tervire, plus âgée que Marianne, raconte d’abord l’histoire de ses parents et remonte dans le temps. Si Jean M. Goulemot avance que Marianne rédige vers 1690, qu’elle a alors cinquante ans, elle est arrivée à Paris vers 1655[5] et les événements de Tervire se produisent pendant la première moitié du XVIIe siècle… L’approche topique peut-elle enrichir l’analyse des correspondances entre les deux récits en retraçant des généalogies connues par les lecteurs de l’époque ? Marivaux développe-t-il des liens topiques avec ses précédents romans comme Pharsamon ou Les Effets surprenants de la sympathie ? La reprise de ces topoï dans des romans plus tardifs du XVIIIe siècle éclaire-t-elle les évolutions de la société ?

Ce dossier d’Études littéraires souhaite publier de nouvelles perspectives sur l’Histoire de Tervire – toute approche topique, intertextuelle ou thématique (histoire des femmes, des émotions, etc.) sera bienvenue.

1er juillet 2025 : date de tombée des propositions (environ 300 mots avec une courte notice bio-bibliographique), à envoyer par courriel à revueel@lit.ulaval.ca.

15 juillet 2025 : date de réponse par courriel

1er novembre 2025 : date de remise des articles

Publication prévue fin 2026.


 
[1] Michel Gilot « Introduction » à La Vie de Marianne, Paris, Flammarion, 1978, 23 sqq.
[2] Ibid., p. 26. Voir aussi Béatrice Didier, La Voix de Marianne. Essai sur Marivaux, Paris, Librairie José Corti, 1987.
[3] René Démoris, Le roman à la première personne. Du classicisme aux Lumières, Genève, Droz, [1975] 2002, p. 407.
[4] Christophe Martin, Mémoires d’une inconnue, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2014, DOI : 10.4000/books.purh.3587 
[5] Jean Marie Goulemot, n. 4, La Vie de Marianne, Paris, Librairie Générale Française, 2007, p. 57.