
Si le terme d’évolution apparaît d’abord au XVIe siècle dans le vocabulaire spécialisé de l’art militaire, il en vient très vite à désigner des mouvements divers (d’un corps, d’un astre, d’un navire) au XVIIe siècle. Au siècle suivant, il est lié à une pensée du vivant et Charles Bonnet émet l’hypothèse de la préformation des embryons et de leur évolution, une théorie très vite contestée. Quoi qu’il en soit, le rôle du temps dans la formation et les changements des êtres retient de plus en plus l’attention des savants. Le mot « évolution » se retrouve sous la plume d’Erasmus Darwin en 1791 (The Economy of the Vegetation) pour désigner le progrès d’un animal vers un stade plus avancé et le botaniste, qui s’intéresse aux origines de la vie, étend finalement cette idée à la formation de la Terre, des plantes et des animaux. En revanche, son petit-fils Charles n’emploie pas le mot « évolution » dans l’édition originale de On the Origin of Species (1859). Pourtant c’est bien au XIXe siècle, sous l’impulsion de l’évolutionnisme, que le terme et l’idée entrent tout à fait dans le langage scientifique. L’évolution est devenue un modèle de pensée qui essaime d’une discipline à l’autre et le paradigme évolutionniste marque l’histoire des sciences et des représentations jusqu’à l’époque contemporaine. Mais sa pertinence et ses effets tant scientifiques qu’idéologiques ont parfois été mis en question.
Les textes de cet ouvrage reviennent sur l’idée d’évolution et ses significations variées ainsi que sur l’émergence du paradigme et sur les débats qu’il a suscités, sur les notions concurrentes qui lui ont été opposées (permanence, mutation, indétermination…). Ils s’interrogent aussi sur l’efficacité heuristique de l’évolution comme modèle dans le travail scientifique ou sur son rôle dans la création artistique et littéraire. Des sciences aux arts, ce volume donne la parole à des spécialistes de disciplines différentes.