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L'université comme espace de résistance à la colonialité du savoir (Montréal)

L'université comme espace de résistance à la colonialité du savoir (Montréal)

Publié le par Marc Escola (Source : Dimitri M'bama)

L’Université, espace de production et de résistance à la colonialité du savoir

Atelier proposé dans le cadre du 62e congrès annuel de la SQSP du 21 au 23 mai 2025 à l’UQAM

Organisateur.ice.s : Missila Izza, Dimitri M’bama 
 
Les sciences ont été un facteur important du colonialisme. En développant des méthodes de travail et cadres d’analyse ethnocentrés, elles ont contribué à objectifier les populations du « Sud Global » et à disqualifier des savoirs jusque-là considérés comme légitimes (Mudimbe 2021). Leur participation à la diffusion de l’idéologie raciste constitue également aujourd’hui un fait bien documenté (Guillaumin 2002). En tant qu’espace de production des connaissances, l’université a donc constitué une institution de pouvoir stratégique, qui a construit et pérennisé l’hégémonie de l’Occident au fil du temps (Foucault 1976). Les injustices épistémiques (Fricker 2009), ainsi que l’instrumentalisation des discours subalternes (Spivak 2009) témoignent de leur côté d’un « temps long » de la colonisation, perceptible à travers un ensemble de mécanismes de domination qui continuent de se perpétuer en son sein. A contrario, les dernières années ont aussi vu l’émergence de programmes de recherche qui ne se contentent pas uniquement de remettre en cause les “points de vue” dominants (Haraway 1988), mais qui critiquent aussi les conditions de formation du savoir scientifique, laissant envisager la possibilité de transformations d’ampleur (Harding 2023 ; Collins 2021).  D’où les questions générales que nous placerons au centre de cet atelier : en tant qu’institution entretenant des liens avec les états coloniaux (financements, partenariats, recherche), l’université peut-elle être subvertie? Quelles “tactiques” (Certeau 1990) ou “guerre de position” (Gramsci 2021) mettre en place pour faire de celle-ci un lieu d’émancipation? Et comment abolir la frontière artificielle entre “savant” et “politique” qui continue à dissimuler la responsabilité sociale des chercheur.se.s (Weber, 1919) ?

Plusieurs enjeux pourront être soulevés au cours de cette journée : entre autres, la relation entre sciences sociales et colonialisme, c’est-à-dire les différentes manières dont le “suprémacisme blanc” (Mills 2023) s’est matérialisé à travers les disciplines philosophiques, historiques, anthropologiques, ethnologiques ou encore sociologiques ; la nécessité de bâtir des “contre-épistémologies” ou épistémologies alternatives, susceptibles de renverser les modes classiques de formation de la connaissance (Dussel 2023 ; Ajari 2021) ; la question de la positionnalité et ses implications éthiques, englobant par exemple le rapport entre recherche et engagement militant (Coulthard 2018) ;  les possibilités d’alliance - ou au contraire de rupture – entre théories critique, post-coloniale, décoloniale, féministe et queer (Thiam 2024); la mise en place de dispositifs d’enseignement en dehors de l’académie, par exemple fondés sur des modèles de démocratie radicale ou de co-construction des savoirs ; enfin, et de façon plus large, le rôle ambigu de l’université, qui paraît aussi bien pouvoir servir à la reproduction d’idéologies conservatrices qu’à de profonds changements structurels (Chamayou 2018). En définitive, cet atelier offrira l’occasion à des chercheur.se.s de différent.e.s disciplines d’envisager leurs pratiques sous un angle réflexif, et de réfléchir à des moyens de mettre en échec la “colonialité du savoir” (Mignolo 2011). 

Programme

Jeudi 22 mai9h – 9h15 : Accueil des participant.e.s et mot d’ouverture9h15– 10h30 : Panel 1- L’université comme machine impériale● Cloaking Racial Violence: Black Enslavement in the McGill Household & the Ethics in Responsible History-Making, par Melissa N. Shaw (McGill University)● « Colonisation = chosification » : les sciences sociales comme disciplines de production de l’altérité, par Dimitri M’bama (INRS)● L’université entre reproduction des inégalités et moteur de transformation sociale, par Liza Bouchebbah (INRS)●Les pratiques quotidiennes qui perpétuent la colonialité du savoir, par Evens Mensah Ouvor (UQAM)10h30– 10h45 : Pause10h45-12h15 : Panel 2. La question africaine(s)●Enseigner les féminismes d’Afrique. Une remise en question des discours homogénéisant les luttes pour les droits des femmes, par Désirée Deneo (INRS)La décolonisation des savoirs est-elle possible dans les universités africaines ? par Ernest-Marie Mbonda (UMoncton, UQTR, UQAM)●De quoi la qualification du rejet de la politique française de l’Afrique comme un «sentiment » est-il le nom dans les milieux universitaires? Par Julio César Dongmo
(Université de Montréal)● L'influence du colonialisme sur l’émergence des droits africains, par Jonathan Kayembe
(Université de Kinshasa)12h15 – 13h45 : Lunch13h45-15h15 : Panel 3 – Incarner la recherche. Sortir du piège de la neutralité● Critiquer le tourisme au Maroc à partir d’une perspective épistémologique particulière : le métissage culturel, par Maria Dakli● Créer du savoir sans trahir les sien.ne.s. Corporalité, féminismes et posture critique, par Sonia Alimi● Aborder le problème de l’adoption avec une perspective trans-raciale, par Chalit Cyrenne-Dussault15h15-15h30: Pause-café.● 15h30 – 17h : Discussion collective sur le thème des « frontières »

Vendredi 23 mai9h-10h30 : Panel 4 : Contre-épistémologies de résistance●L’Invention de la ville en Afrique. Une contre-épistémologie des études urbaines, par Fassou David Condé (UDEM)●Les épistémologies noires dans les études urbaines francophones, par Leslie Touré Kapo (INRS)●Critiquer l’idée de Progrès. Vers un paradigme de temporalité décolonial, par Missila Izza (UDEM)10h30-10h45 : Pause.10h45-12h15 : Panel 5 – La recherche comme pratique de (re)-création● La prise de position dans un projet de recherche-création : Face à la colonialité dans la création d’un corpus patrimonial en Amérique latine, par Ximena Miranda (ULaval)● La recherche-création comme pratique réparatrice, décoloniale et féministe : la fabrication d'un film documentaire familial auto-ethnographique, par Joséphine Klaa (UDEM)12h15 – 13h45 : Lunch13h45 – 15h15 : ● Discussion 2 – La recherche comme réparation? “Lettre à un jeune chercheur autochtone, ou comment naviguer l’hyper-colonialité académique”15h15-15h30 : Pause.15h30 – 17h : Mots de conclusion

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