
Dans son Livre du courtisan de 1528, Baldassare Castiglione baptisait sprezzatura une certaine désinvolture nonchalante "qui s’exprime par un mot, par un rire, par un geste, et qui montre que l’on n’attache pas d’importance à ce que l’on fait", "pour faire croire à celui qui regarde que l’on ne saurait ni ne pourrait se tromper". Il nommait ainsi, il y a cinq siècles, un comportement dont nous faisons fréquemment l’expérience dans l’espace médiatique ou social, mais aussi le sport ou l’enseignement… Mais que révèle l’invention de la sprezzatura ? Que sont vis-à-vis d’elle l’"affectation", la dissimulation ou l’imagination ? Est-elle mépris, déprise, désinvolture, nonchalance ? Tient-elle de l’art ou du miracle ? Est-elle apparentée au "naturel", à la beauté renaissante, au maniérisme, au génie ou au je-ne-sais-quoi ? Comment la société de cour lui donne-t-elle sens ? Surtout : pour nous, qu’est-elle et que peut-elle ? Roderick-Pascal Waters vient tenter de répondre à ces questions dans La “sprezzatura”. De l'excellence à la grâce (Les Belles Lettres), en nous invitant à réfléchir à la possibilité de la grâce. Fabula vous invite à lire un extrait de cet essai…