
Mireille Calle-Gruber fait paraître aux éditions de Minuit les deux premiers livres de Claude Simon Le Tricheur et La Corde raide, publiés au Sagittaire en 1945 et 1947, soit une dizaine d’années avant Le Vent qu’il considérait comme sa véritable entrée en littérature. On y découvre, déjà en place, les grands motifs de l’œuvre à venir. Dans Le Tricheur : une fugue tragique et sans issue, celle de deux amants à travers la France. Dans La Corde raide : l’enfance, Barcelone pendant la guerre d’Espagne, la débâcle de 1940, restitués sous forme fragmentaire et puissamment réflexive. Saluons aussi la parution, toujours par les soins de Mireille Calle-Gruber de la Lettre de Claude Simon à Federico Mayor sous le titre Mon travail d'écrivain n'autorise à mes yeux aucune concession (éd. Le Chemin de fer), où le romancier proclame sa foi en la puissance de la littérature lorsque l'écrivain se tient tout entier à son métier d'écrire qui est avant tout une éthique. Une foi en une littérature sans concession et sans condition, capable de changer la vie.
(Illustr. : Claude Simon entouré de ses peintures, vers 1941 ©Musée de La Piscine)