
(Re)prendre la parole. À qui, pourquoi et comment ? Leçon inaugurale de Laélia Véron, Chaire Tassier 2025 (Bruxelles)
Laélia Véron présentera plusieurs conférences, du 07 au 10 avril prochains, dans le cadre de la Chaire Tassier (2025), autour du thème « Langage et pouvoir».
En prélude de ses conférences et séminaires, Laélia Véron va proposer une leçon inaugurale, intitulée (Re)prendre la parole. À qui, pourquoi et comment ?, le lundi 07 avril 2025, à 18h30 à l'Auditoire Pierre Drion [Bâtiment R - Salle R42.5.503] sur le Campus du Solbosch.
Le discours d'introduction sera prononcé par le Professeur Alain Delattre, Doyen de la Faculté de Lettres, Traduction et Communication.
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« Disproportion inouïe entre l’influence sur ma vie de deux nuits avec cet homme et le néant de ma présence dans la sienne. Je ne l’envie pas, c’est moi qui écris. »
Cette citation d’Annie Ernaux dans « Mémoire de fille » met en scène un pouvoir émancipateur de la parole qui parait extraordinaire. Le fait d’écrire renverserait une relation de domination violemment asymétrique, dans un geste de retournement total : on passe du sentiment d’anéantissement par l’autre à l’affirmation victorieuse de soi.
On a là, énoncé de manière particulièrement lapidaire, un axiome de plus en plus répandu : la (re)prise de parole est émancipatrice. Cependant, pour ne pas faire de cet axiome une formule figée, un vœu pieux ou un mot d’ordre culpabilisant, il importe de préciser les modalités de cette émancipation. Quels sont les divers mécanismes et médiations qui permettent de lier parole et émancipation ? En outre, ne faut-il pas admettre que cette émancipation par la reprise de parole dépend, pour être effective, de conditions pragmatiques extra-discursives ? Enfin, l’affirmation de soi comme sujet parlant passe nécessairement par la mobilisation de schémas narratifs déjà existants. Comment éviter alors le risque de reprendre à notre compte sans réflexivité suffisante des récits de société qui nous racontent, au moment même où on croit se raconter ?
Cette conférence inaugurale a vocation à réfléchir aux cadres théoriques et méthodologiques qui guidera notre analyse de divers récits et idéaux-types discursifs dans lesquels s’incarnent les rapports entre pouvoir et langage : les récits de violences sexuelles, les utilisations politiques de l’ironie, les usages de la culture en milieu carcéral, les récits de translingues et de transfuges de classe.
Programme détaillé : https://actus.ulb.be/fr/agenda/chaire-tassier-2025-la-faculte-de-lettres-traduction-et-communication-accueille-la-linguiste-francaise-laelia-veron
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La Chaire Suzanne Tassier-Gustave Charlier s’attache à étudier et à déconstruire les grands débats de société dans lesquels l’ULB s’engage activement. Elle a pour but de convier un professeur étranger à l'Université, à donner sous ses auspices un enseignement sur les "Conditions du travail féminin" ou d'aider, par toute voie appropriée, le développement de la recherche en matière de "Gender studies".
La Chaire est gérée conjointement par les Facultés de Droit et criminologie, Lettres, traduction et communication, Philosophie et sciences sociales, Psychologie et sciences de l’éducation. Elle est organisée tous les ans, à tour de rôle par chacune de ces facultés.
Cette année, la Faculté de Lettres, Traduction et Communication reçoit Laélia Véron.
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L'ensemble des conférences sont ouvertes à toutes et tous. Pour obtenir des informations complémentaires, n’hésitez pas à contacter le Service Communication de la Faculté
Responsable académique de la Chaire Tassier 2024-2025 : Professeure Laurence Rosier