
Journée d’études
Claudia Cardinale, une actrice européenne
Organisée par l’IECA (Université de Lorraine) et la composante ISOR du Centre d’Histoire du XIXe (Université Paris 1)
IECA, Nancy, 5 décembre 2025
Actrice italienne, née à Tunis et naturalisée française, Claudia Cardinale a partagé sa carrière entre France et l’Italie. L’italien n’était pourtant pas sa langue maternelle car c’est bien le sicilien, l’arabe tunisien et le français qu’elle apprit d’abord. Baptisée d’un prénom français, Claude, elle devra « apprendre » l’italien pour commencer à tourner au cinéma. Mais elle restera longtemps doublée, sa voix étant jugée rauque et atypique. C’est en France qu’on entendra pour la première fois son timbre si particulier, dans le film Cartouche de Philippe de Broca en 1962. Federico Fellini est quant à lui le premier à lui permettre de se doubler elle-même en italien dans 8 et demi l’année suivante.
Si les années 1950-1960 la voit devenir rapidement l’une des plus importantes actrices du cinéma italien, sollicitée dans les rôles historiques (Le Guépard, La Viaccia) et modernes (La Ragazza, Sandra) comiques (Le Pigeon, La Panthère rose) et tragiques (La fille à la valise, Le bel Antonio), elle se lance aussi dans une carrière internationale en tournant, entre autres, pour Blake Edwards, Sergio Leone ou Werner Herzog et devient également une figure familière du cinéma français à partir des années 1970 (Les Pétroleuses, La Scoumoune, La Révolution française, etc.).
Cette journée d’études entend questionner les différentes facettes de la carrière d’une actrice italienne, mais aussi européenne et même internationale. Au-delà de ses rôles les plus emblématiques des années 1960, on s’intéressera aussi avec autant d’intérêt à d’autres moments de sa carrière moins connus, notamment les films qu’elle tourna avec son compagnon, Pasquale Squitieri (Lucia et les Gouapes, L’Affaire Mori, Claretta) qui lui permirent de s’affranchir de la tutelle de Franco Cristaldi et de renouer avec des rôles forts ou ceux, parfois secondaires, qu’elle tourna en France et dans des productions internationales.
Au travers d’études de cas et de corpus spécifiques, avec la possibilité d’approches comparatives, on pourra se demander en quoi la persona Claudia Cardinale s’inscrit dans un héritage du star-system féminin du cinéma italien mais aussi comment elle s’en distingue, qu’il s’agisse de son interprétation, de son apparence (rapport au corps, coiffure, voix), des discours de la comédienne et de sa médiatisation. Quelles figures féminines et quels types sociaux l’actrice contribue-t-elle à mettre en avant ? Quelle histoire de l’Italie nous transmet-elle ? Des analyses pourront aussi être menées en termes de classes sociales (princesse, prostituée…), d’identités nationales et d’âges de la vie (jeune fille, mère…).
L’étude de la filmographie de la comédienne sera également l’occasion d’interroger sa collaboration avec des cinéastes qu’elle a retrouvés à plusieurs reprises : La Cardinale de Visconti diffère-t-elle de celle de Bolognini ou de Squitieri. De même sa présence récurrente au côté des mêmes acteurs (Belmondo, Tognazzi, Mastroianni) permet d’étudier les significations et les variations de couples de cinéma. On pourra aussi s’intéresser aux évolutions de son jeu et de ses personnages en fonction des genres dans lesquels elle apparaît : de l’évocation historique à la comédie, de la chronique sociale au film de mafia.
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Les propositions de contributions (maximum 5 000 signes), devront être adressées avant le 30 mai 2025 à Sebastien.Le-Pajolec@univ-paris1.fr et aurore.renaut@univ-lorraine.fr
Les auteur.e.s des propositions seront informé.e.s de la réponse du comité scientifique le 27 juin 2025.
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Comité d’organisation :
Sébastien Le Pajolec et Aurore Renaut
Comité scientifique :
Nathalie Conq (Université de Lorraine), Christophe Damour (Université de Strasbourg), Camille Gendrault (Université de Bordeaux), Sébastien Denis (Université Paris 1), Sébastien Le Pajolec (Université Paris 1), Vincent Lowy (ENS – Louis Lumière), Aurore Renaut (Université de Lorraine), Claudia Squitieri (fille de Claudia Cardinale et présidence de la Fondazione Claudia Cardinale), Christian Viviani (Université de Caen).