
À l’heure où le projectionniste s’efface doucement de nos mémoires, où les films se disséminent sur nos écrans portables, le rêve d’un cinéma imaginaire refait surface. Il n’est peut-être pas nécessaire de convoquer la lourde machinerie pour réaliser un film. Un éclair dans la nuit, une étincelle fugace, un battement d’ailes, une onde sonore sont autant de films vivants qui libèrent les puissances du cinématographe. Sous la pression de nos paupières, la danse des phosphènes provoque un kaléidoscope de visions abstraites et colorées.
Le cinéaste voit avec sa peau et transmet les images par télépathie. Cinéma sans fil ni électricité. Fermons les yeux pour écrire l’histoire fantôme du cinéma. Réclamons pour le septième art le droit de n’être jugé que sur ses rêves. Le film apparaît et disparaît comme une étoile qui survit lumineusement à son extinction.
Érik Bullot réalise des films à la lisière du film d’artiste et du cinéma expérimental. Il enseigne aujourd’hui le cinéma à l’École nationale d’art de Bourges. Parmi ses nombreux essais sur le cinéma : Sayat Nova (Yellow Now, 2007), Renversements 1 et 2. Notes sur le cinéma (Paris Expérimental, 2 vol. 2009-2013), Sortir du cinéma (Mamco, 2013), Le Film et son double (Mamco, 2017), Roussel et le cinéma (Nouvelles Éditions Place, 2020), Cinéma Roussel (Yellow Now, 2021), L’Attrait des ventriloques (Yellow Now, 2022).
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Du cinéma sans cinéma", par David Azoulay (en ligne le 11 mars 2025).
Dans Cinéma vivant, Érik Bullot mène une réflexion originale sur ce que pourrait être une autre façon, anthropologique, d’envisager le cinéma. Il conçoit un cinéma imaginaire, vivant, se fondant sur le récit d’expériences scientifiques, poétiques ou artistiques.