Éditorial, par Sylvie Peyturaux, directrice de la rédaction, Agrégée et Docteur en philosophie, enseigne en Classes préparatoires aux Grandes Écoles.
De nos jours, il est beaucoup question des femmes dans les médias, principalement pour dénoncer, à juste titre, les torts qui leur sont faits. Harcèlement sexuel, viol, discriminations, violences… Loin de nous l’idée de minimiser ces faits, tous scandaleux et ce, bien que dans nos pays la condition féminine se soit grandement améliorée. Nous pensons également aux femmes afghanes, terrorisées, aux femmes iraniennes, qui luttent courageusement pour leur liberté et leurs droits, à toutes celles, dans d’autres régions du monde, pour lesquelles la vie n’est faite que d’injonctions brutales et de vexations. Cependant, fidèle à elle-même, Approches ne souhaite pas s’en tenir au constat mais, puisque le sexisme sous toutes ses formes repose sur une certaine conception de la femme, chercher simplement ce qu’il y a dans la femme de « féminin ».
Nous savons en effet ce qu’est un homme ou une femme et ce qui les différencie, au plan anatomique, ou physiologique notamment. Mais savons-nous ce qu’est le masculin ou le féminin ? Que se cache-t-il sous le voile des stéréotypes, que nous intériorisons sans doute, mais qui ne constituent pas à eux seuls les éléments au moyen desquels nous nous forgeons une représentation de l’un et de l’autre ? Nous apprenons aussi par expérience, observation, à commencer dans notre propre famille quand nous sommes enfant, et identifions des traits de caractères, des manières d’agir, de parler, de se conduire en société, qui nous paraissent tenir du masculin ou du féminin. Toutefois, l’expérience ne fournit que des cas particuliers qu’il est toujours bien périlleux de vouloir généraliser. Et puis, foncièrement, elle n’enseigne rien, si elle n’est pas interprétée, si nous n’en tirons pas les leçons, selon ce que nous croyons savoir des femmes, des hommes, en fonction de nos préjugés par conséquent.
Ainsi, parce que l’essence du féminin, s’il en est une, semble se dérober à nos yeux, pour qui veut réfléchir honnêtement du moins, il est sans doute préférable de l’aborder par petites touches, en croisant ce que la littérature, la psychanalyse, la science et la philosophie nous en disent. Après lecture, une image, même vague et floue, s’en dessinera peut-être dans nos esprits. Qui sait ?
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Sommaire
Éditorial. Sylvie Peyturaux, directrice de la rédaction
DOSSIER – LE FÉMININ
« Peut-estre qu’entre nous il est de beaux Esprits » : Défense et illustration du féminin chez deux poétesses galantes du XVIIe siècle. Élise Legendre
Ce que les « maladies de femmes » nous apprennent de la représentation du féminin dans le savoir médical du XIXe siècle à nos jours. Christine Noël-Lemaitre
Ambivalence et ambiguïté du personnage féminin dans les romans de Victor Hugo. Maxime Sayer
Anaïs Nin et la jouissance féminine. Valérie Chevassus-Marchionni
Le « féminin » dans les croyances humaines à l’aube du Néolithique : du monothéisme féminin vers le monothéisme masculin. Svetlana Tyaglova-Fayer
Une expérience spéciale de l’incarnation ? Sylvie Peyturaux
Le féminin des corps masculins ou la menstruation fin-de-siècle. Marie de Gandt
Un concept chargé et fuyant. Mélitza Charest
Du féminin pur à l’envie de féminin. Dominique Tabone-Weil
Le banquet des Empouses, d’Olga Tokarczuk, l’éloge de la différence. Ewa Lewinson
CULTURE
LIVRES
Sur deux Héliogabale. Philippe Reliquet
Laure Murat, Relire. Philippe Reliquet
CINÉMA
Flow, Le chat qui n’avait plus peur de l’eau de Gints Zilbalodis. Anne-Marie Baron
L’amour l’après-midi, l’épilogue immoral du cycle rohmerien. Mélanie Gaudry
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