Aucun poète, aucun écrivain n’a autant contribué à faire la France. L’œuvre de Victor Hugo exprime les espérances, les mutations et les divisions du siècle. Le talent éclatant de sa jeunesse coïncide avec un royalisme ardent mais finalement superficiel. C’est au moment de la « bataille d’Hernani » qu’il trouve définitivement sa voie en affirmant l’unité indissoluble du mouvement romantique et de la cause du progrès politique.
Quand éclate la révolution de 1848, il est déjà la parfaite incarnation du grand écrivain national, auteur admiré de Notre-Dame de Paris, de Ruy Blas, des Voix intérieures… C’est aussi un notable littéraire, académicien et homme politique reconnu dont la proximité avec Louis-Philippe ne contredit pas les inclinations progressistes. C’est sous la IIᵉ République que sa philosophie politique acquiert ses traits définitifs : elle est libérale, démocratique, humanitaire et sociale.
Après le coup d’État du 2 décembre 1851, le choix de l’exil donne à son engagement républicain une portée légendaire et une autorité morale sans égale. Ce sont les années de ses plus grands chefs-d’œuvre, Les Contemplations, La Légende des siècles, Les Misérables surtout, « un livre-monde », écrit Philippe Raynaud, où se mêlent les idées et les passions qui travaillent l’esprit national : la religion, la question sociale, les rapports tumultueux entre la révolution et la démocratie.
Revenu en France, Victor Hugo sera la conscience critique de la IIIᵉ République, qui le reconnaîtra comme le grand poète de la France, jusqu’à l’apothéose de ses funérailles nationales.