En révélant une ancienneté vertigineuse et sublime, la découverte d'un art préhistorique a bouleversé notre culture en profondeur. En raison des lacunes des vestiges, de l'absence de sources textuelles et de la paradoxale modernité artistique du Paléolithique, ce temps incommensurable aux cadres historiques traditionnels impose de repenser l'histoire. Quels concepts et modèles ont été élaborés pour faire une place à la préhistoire dans l’histoire ? Quelle est leur portée épistémologique ? Que nous disent-ils de l’art, de notre histoire, de notre culture ? Convoquant des grands noms de la préhistoire et de l’anthropologie (Gabriel de Mortillet, Henri Breuil, André Leroi-Gourhan) ainsi que des théoriciens de l’art aussi différents qu’Alois Riegl, Élie Faure, Carl Einstein ou George Kubler, le nouvel essai d'Audrey Rieber, Le défi préhistorique (ENS éd.) envisage l’art préhistorique comme une matrice philosophique pour interroger les liens entre art, histoire et humanité.
Rappelons l'essai de Philippe Grossos, La Philosophie au risque de la préhistoire (Cerf), paru l'an passé, ainsi que la récente livraison de la revue Épistémocritique : "Discours et représentations de la Préhistoire à l’heure de l’anthropocène", publiée sous sous la direction de Catherine Grall, mais aussi le compte rendu donné pour Acta fabula par G.A. Bertrand de l'ouvrage de Julien d’Huy, Cosmogonies. La Préhistoire des mythes (La Découverte, 2020) : "À la recherche de l’origine des mythes".