Mythes, contes et légendes
Journée d’études étudiants en Master et doctorants
13 décembre 2024
Amphithéâtre du CDE, Strasbourg
Par la voix de nourrices ou d’aïeux, par le biais de premières lectures, ou encore sur grand écran, les contes ont fasciné des générations d’enfants. Si les récits de Grimm, Perrault ou Andersen sont ancrés dans l’esprit des plus jeunes, les contes philosophiques de Voltaire ont séduit adultes et adolescents. Plongeant eux aussi dans une partie intime de notre psyché et suscitant un intérêt intergénérationnel, les mythes font également partie de notre patrimoine littéraire, artistique et culturel. Appartenant également au folklore narratif, la légende a elle aussi fécondé l’esprit créatif des sculpteurs, peintres, musiciens et auteurs. À la fois présente dans l’imaginaire collectif et les arts, se rapprochant du mythe du fait de son caractère étiologique, la légende vient ainsi compléter ces trois formes de prose narrative appartenant au folklore, ancrées dans un monde merveilleux, objet de croyances et mettant en scène des personnages souvent surnaturels.
S’il est aisé de les présenter par le biais de ces données, on serait toutefois bien en peine de les définir, les critères internes comme externes de classification ne faisant pas consensus au sein même des spécialistes du domaine. Toutefois, un élément de distinction indépendant de tout classement se dessine : l’évolution de ces trois formes dans le temps et leur inscription dans l’histoire. Si le conte reste prospère, il n’a pas connu, dans la littérature ou la peinture, la postérité des mythes et légendes. Sa forme philosophique n’a quant à elle, pas survécu à Voltaire. En revanche, il eut la particularité d’intéresser le domaine de la psychanalyse. Ses relations avec l’inconscient ont nourri l’analyse freudienne et jungienne, tandis que la nature symbolique des contes de fées et leur interprétation ont fait l’objet d’une analyse approfondie dans La psychanalyse des contes de fées (1976) de Bettelheim. Indépendamment de leur valeur symbolique, ils ont par ailleurs intéressé le structuralisme et en particulier le folkloriste russe Propp qui, avec Morphologie du conte (1928), a proposé une étude visant à analyser la matrice dont tous les contes seraient issus. Le mythe a lui aussi nourri la recherche : son attrait scientifique a ainsi donné naissance, au XIXe siècle, à l’usage du terme « mythologie » au sens « d’étude scientifique des mythes ». La légende n’a en revanche pas fait l’objet d’une dérivation sémantique inscrivant son intérêt scientifique par le biais d’une terminologie propre. Le mythe a par ailleurs suscité un double intérêt au XXe siècle : en littérature, avec une recrudescence de ses réécritures, ainsi que, dans un tout autre domaine, en sémiologie. Considéré sous une forme élargie, non plus soutenu par un récit, le mythe est alors employé pour désigner un ensemble d’idées et de représentations qui donne au groupe sa cohésion culturelle et sa cohérence morale. C’est en ce sens que Roland Barthes réunit ses articles dans son ouvrage Mythologie (1957). Si la légende ne connaît pas la postérité littéraire qu’a eue le mythe au XXe siècle, elle connaît elle aussi une évolution sémantique. Sa terminologie s’inscrit en effet dans la modernité avec l’usage depuis les années 1990 du terme « légende urbaine » dont la définition demeure floue et arbitraire. En plus de lui extraire son caractère merveilleux, ce terme la dénature de son aspect folklorique, sauf à considérer que le folklore est paysan.
Au-delà de leur définition, usage ou évolution, les réécritures dont font l’objet les mythes, contes et légendes, tout comme les domaines qu’ils intéressent semblent ainsi avoir beaucoup à dire. À quel besoin répondent-ils ? Quel sens leur donner ? Que nous disent-ils de la société au sein de laquelle ils s’inscrivent ?
Cette journée d’études fera la part belle aux jeunes chercheurs et convoquera la littérature, les arts, la sémiologie, la philosophie ou encore l’histoire, chacun de ces domaines permettant d’analyser à travers le prisme propre à chaque discipline ces formes narratives, leurs spécificités, leurs réécritures, ou leur ancrage en peinture, sculpture ou musique.
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Les propositions d’intervention ainsi que la fiche de renseignements sont à envoyer sous le titre « Proposition Mythe_ Prénom NOM_ M/D » (M pour Master, OU D pour Doctorants) à l’adresse suivante aloraschi@unistra.fr avant le 15 octobre 2024.
Le retour du comité scientifique vous sera communiqué aux alentours du 1er novembre. Nous proposons également des interventions en tant que modérateur. Dans ce cas, n’hésitez pas à proposer votre candidature par la même voie que celle de l’appel à contribution, en spécifiant dans le titre, non pas « proposition » mais « modération ».
L'accueil se fera à la journée, le déjeuner sera offert mais nous ne serons pas en mesure de prendre en charge financièrement nuitée ou déplacement.