Sous le titre Au loin la liberté, Jacques Rancière, que l'on n'attendait pas dans l'aile est de la biblibliothèque, publie un Essai sur Tchekhov nouvelliste. Il y part du constat que les brefs récits de Tchekhov présentent les multiples versions d’un simple scénario : quelque chose pourrait arriver. "Un jour, au hasard, n’importe où, l’ordinaire du temps de la servitude a été troué par une apparition : la liberté est là, au loin, qui fait signe et indique qu’une autre vie est possible, où l’on sache pourquoi l’on vit. La plupart pourtant se dérobent à l’appel. Ils préfèrent que rien n’arrive. Mais Tchekhov, lui, ne renonce pas. Il s’entête à accompagner ses personnages sur ces bords où leur vie pourrait basculer. De récit en récit, il tisse ce temps mû par la machine implacable de la reproduction, mais qui, de pause en pause et d’accroc en accroc, se déchire et se dédouble en temps d’une liberté pressentie qui se refuse au point final mais reste une possibilité en suspens. On peut appeler cela une politique de la littérature". Fabula vous propre de lire un extrait de l'essai et de parcourir son sommaire…
Rappelons la parution l'an passé des Voyages de l'art, qui montrait que le moment où l’art a été identifié comme une sphère d’expérience autonome et installé dans les musées et les salles de concert est aussi celui où s’est imposée à lui la nécessité de sortir de lui-même, de devenir autre chose que de l’art, mais aussi la réédition des entretiens du philosophe avec Aliocha Wald Lasowski, Penser l'émancipation, et la parution de l'essai de Dork Zabunyan, Jacques Rancière et le monde des images. Rappelons au passage l'article de Carola Borys, "Le corpus infini. À propos de l’esthétique de Jacques Rancière", accueilli dans un récent sommaire des Colloques en ligne de Fabula, Le Corpus, corps à corps, ainsi que le dossier critique qu'Acta fabula avait consacré au philosophe dès 2010 : "S'émanciper. Avec Jacques Rancière".