« Dans ma famille, père chômeur depuis la fin de la guerre et mère brodeuse à domicile, les livres étaient rares… »
Dans les années 50, Gérard Guégan, lycéen fou de littérature, s’identifie à Rimbaud au point de prétendre se prénommer Arthur. Paulhan le sauvera plus tard d’une identification stérilisante en lui conseillant : « N’imitez que ce que vous croyez détester. »
Militant communiste, journaliste encarté puis désencarté mais toujours engagé, romancier, essayiste, critique, éditeur (Champ Libre, Le Sagittaire), Guégan a écumé plus d’un demi-siècle de vie littéraire française.
Il nous fait revivre par petite touches ce temps où l’on prenait la lecture pour l’argument décisif, où l’on s’aimait, où l’on se brouillait, autour des livres, mais où l’on existait en faisant partager ses découvertes, grâce à quoi les affinités électives décidaient de tout.
À sauts et gambades, ce livre-vitrail fait miroiter les facettes d’une légende littéraire toute subjective.
L’auteur y raconte sa rencontre avec des écrivains (Giono, Mohrt, Miller, Sollers, Bukowski, Boudard…).
Se côtoient ici des ténors et des « subjectivistes », talents souvent moins célébrés mais plus électifs (Béatrix Beck, Bernard Frank, Jean-Pierre Martinet, Armand Robin, Jean-Pierre Enard, Alain Chany, Hervé Prudon et tant d’autres).
En sorte que cet autoportrait constitue une sorte d’arche de Noë dans laquelle Guégan entend sauver les siens.