Édition établie par Cyril Béghin
Un coffret de 3 volumes, 1584 pages, 250 images.
Entre son premier court-métrage, Saute ma ville (1968), et No Home Movie (2015), Chantal Akerman (1950-2015) a réalisé plus de quarante films. Le retentissement de Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, chef-d’œuvre de 3h20 qu’elle tourne à l’âge de 25 ans avec Delphine Seyrig, lui assure une notoriété immédiate. Le rôle que les femmes occupent dans son œuvre lui vaut d’être identifiée comme une cinéaste féministe, adjectif qu’elle accueillait volontiers mais avec réserve, comme toute espèce d’assignation. Chantal Akerman est aussi la première cinéaste, dès les années 1990, à investir les lieux de l’art contemporain : ses installations sont régulièrement exposées depuis dans les galeries et musées en Europe, aux Etats-Unis, en Israël, en Amérique latine ou au Japon.
Son œuvre cinématographique se double d’une importante œuvre écrite, que nous publions dans sa quasi intégralité, et dont l'édition a été confiée à Cyril Béghin. Cette somme de près de 1600 pages se présente sous la forme de trois volumes réunis dans un coffret : deux volumes chronologiques (1968-1991 et 1991-2015), consacrés aux textes d’Akerman, et un troisième qui rassemble l’édition critique. Ce parti pris vise à laisser se développer l’écriture de la cinéaste avec ses articulations et son rythme propres, sans intervention extérieure. Les deux volumes Akerman comprennent des scénarios, des synopsis, des notes d’intention, des textes pour les voix off de ses films, mais également des entretiens, des documents de travail, pour l’essentiel inédits. Ils incluent quatre livres publiés du vivant d’Akerman: une pièce de théâtre, Hall de nuit(1992), deux récits, Une famille à Bruxelles (1998) et Ma mère rit (2013), et une autobiographie, « Le frigidaire est vide. On peut le remplir » (dans Autoportrait en cinéaste, 2004).
Par leur rythme, leur ponctuation, la liberté de leur syntaxe, par le « ressassement » qu’elle invoque elle-même comme une manie et un principe constructif, ses textes portent la marque de sa voix : l'œuvre est écrite et parlée (elle a donné de nombreuses lectures de ses récits). Les deux premiers volumes s’accompagnent d’une iconographie largement inédite. Le troisième rassemble la présentation de Cyril Béghin, une chronologie ainsi que les notices des textes d’Akerman établies par lui, la liste exhaustive des films et des installations de la cinéaste, et une sélection de ses livres, textes et entretiens.