En août 1925, moins d’un an après la parution du Manifeste du Surréalisme, Pierre Drieu la Rochelle publie « La Véritable erreur des surréalistes » dans La Nouvelle revue française. C’est la première des trois lettres ouvertes que Drieu adresse au groupe d’avant-garde dont il est le témoin attentif depuis 1916, et sa rencontre décisive avec Louis Aragon. En sa compagnie, le futur auteur de Gilles et du Feu follet participe à l’aventure Dada à Paris, à celle de la revue Littérature, et à la naissance du surréalisme.
Ses Trois lettres aux surréalistes révèlent qu’il a failli tout miser sur le mouvement d’André Breton, au cœur de ses « Années folles » qui furent des années de crise. Mais vingt ans avant son suicide, une première déception l’attendait : la « petite bande » qui avait pris une position littéraire radicale préparait son ralliement au communisme. En 1927, les faits lui ayant donné raison, Drieu compose deux autres lettres magistrales pour sa revue polémique, Les Derniers jours.
Entre argumentation et méditation, pamphlet et supplication, les Trois lettres établissent, pour la première fois, les préoccupations qui seront au cœur de son œuvre et de sa vie : la question de la solitude et de l’amitié, celle de la pensée et de l’action. Elles affirment la véritable quête idéaliste de Pierre Drieu la Rochelle, celle d’une esthétique littéraire permettant « d’agir à fond » dans son époque. Une quête qui s’affrontera aux dilemmes de l’Histoire.