Au centre de la signification d’À la recherche du temps perdu, dans le Temps retrouvé, apparaît le cinéma. Plus exactement, la nature du filmique s’y cache, bien malgré Proust qui le rejetait, au détour d’une image : la métaphore de la queue de paon. Celle-ci s’avère être un écran blanc sur lequel est projeté, en couleurs, un événement passé. Comme si l’on ne pouvait désormais, au XXe siècle, faire l’économie de la pellicule pour dire la mémoire. Cette découverte est relue à la lumière de six films intimement liés à la question mémorielle – de Sunset Boulevard de Billy Wilder à La Grotte des rêves perdus de Herzog, passant par une mémoire-détective (Spellbound de Hitchcock et Memento de Nolan) et deux grands Resnais (Hiroshima mon amour, On connaît la chanson). S’ils révèlent que tout film sur la mémoire est aussi un film sur le cinéma, ce n’est pas le moindre des paradoxes d’y découvrir aussi une réflexion sur le texte. Ils nous apprennent quelque chose de la littérature – et pas la moindre ici, puisqu’ils nous enseignent à lire Proust.
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Sommaire
I. La pellicule du texte : le temps perdu et le temps retrouvé
De la page peinte au cinéma
II. La mémoire-cinéma
Être-empreinte, ou la mémoire du cinéma perdu
Sunset Boulevard
La mémoire-détective : la psychanalyse au cinéma
Spellbound
La mémoire-détective : la phénoménologie au cinéma
Memento
Les vagues de la mémoire et l’Histoire
Hiroshima mon amour
Mémoire et citation
On connaît la chanson
La caverne-cinéma
La Grotte des rêves perdus
Conclusion