Les explorations urbaines font l’objet d’un intérêt sans cesse croissant auprès du grand public, notamment des jeunes. Mais derrière ce succès, de quoi ces immersions participent-elles ?
Les restes de passés déchus ouvrent, dans les rues, des échappées vers un autre monde.
– Michel de Certeau, « Les revenants de la ville » (1983).
"L’intérêt actuel pour les lieux délaissés, qu’il est coutume d’appeler explorations urbaines (ou « urbex
»), n’est pas nouveau. L’historien et archéologue Alain Schnapp, dont la réflexion structure l’exposition Formes de la ruine visible en ce moment au Musée des Beaux-Arts de Lyon
, nous rappelle en effet que la pratique de l’abandon est inscrite dans le temps long (2020). Avec les nouvelles technologies (chaînes YouTube, blogs, réseaux sociaux, etc.), cet intérêt s’est très largement démocratisé et popularisé.
Selon la géographe Aude Le Gallou et le chercheur en aménagement et urbanisme Robin Lesné (2023), les espaces dévolus à l’exploration urbaine « se caractérisent par un délaissement consécutif à la perte de leur fonction originelle, souvent accompagné d’une dégradation matérielle et d’un affaiblissement de leurs appropriations collectives ». La définition qui prévaut ici inclut l’ensemble des lieux construits, par la suite délaissés, abandonnés ou rendus difficiles d’accès et mis à l’écart.
Derrière leur succès, de quoi les explorations urbaines participent-elles ? […]"