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Atelier "Résistances, politiques et techniques de(s) l’ordinaire(s)" (Ottawa)

Publié le par Marc Escola (Source : Julie Paquette)

CONGRÈS ANNUEL DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE DE SCIENCE POLITIQUE

Université d’Ottawa, 29-31 mai 2024

APPEL À COMMUNICATIONS 

Atelier « Résistances, politiques et techniques de(s) l’ordinaire(s) »

Organisatrices :

Sophie Bourgault (Université d’Ottawa), Julie Paquette (Université Saint Paul) et Justine Perron (Université d’Ottawa)

La conception foucaldienne du pouvoir stipule que celui-ci ne relève pas exclusivement d’instances officielles ou d’actes extraordinaires : plutôt, le pouvoir est diffus et situé dans toutes les sphères de la vie. En effet, le pouvoir s’incruste dans la quotidienneté, trouvant des ancrages dans ce qui apparaît le plus
routinier, ordinaire. Toutefois, Foucault (1976) nous apprend aussi que « là où il y a pouvoir, il y a résistance ». Cette thèse informe notamment les écrits de James C. Scott sur l’infrapolitique, qui stipule que la résistance à la domination se forme de façon discrète et loin des yeux du pouvoir (Scott 1992). Ces espaces cachés permettent aux dominé.es de développer un lexique de lutte commun, mais aussi de prendre soin les un.es des autres en réponse à la violence quotidienne subie. Cette « infrapolitique du soin » (Malatino 2019; Harris 2023) peut parfois être cruciale pour la survie de certains groupes, et constituer une importante source de solidarité.

Il existe également des résistances infra-ordinaires (Perec 1989; Johansson et Vinthagen 2016), logées dans certains gestes de contestations routiniers et de pratiques qui, sans être cachés, passent souvent inaperçus. Ces résistances discrètes peuvent se déployer dans plusieurs milieux : pensons aux pratiques visant à contrer la surveillance et le contrôle numérique au travail, aux jardins collectifs luttant contre la gentrification des quartiers, aux cercles de raccommodage et de réparation servant à contrecarrer la surconsommation et l’obsolescence planifiée, etc. Les violences ordinaires peuvent ainsi se heurter au travail de résistance qui implique en outre de prendre soin des choses, des autres et du monde (Laugier 1999; Garrau 2018; Denis et Pontille 2020).

La résistance ordinaire peut aussi se situer au niveau du sujet, et concerne son rapport à lui-même. Ce dernier peut non seulement porter un regard critique sur ses pratiques, mais il peut également être créatif, voire inventer un nouveau quotidien (Certeau 1990; Butler 1999; Hadot 2001). Pensons aussi à diverses techniques de soin du soi (Foucault 1984, 1988) ou encore aux pratiques d’autodéfense (Dorlin 2017), qui remettent le corps – voire le muscle – au centre d’une pratique visant à contrecarrer les matérialisations du pouvoir dans son ordinaire subjectif.

Face à l’interdépendance du pouvoir, des résistances et de la sphère de l’ordinaire, notre atelier interdisciplinaire propose de se pencher sur ces thématiques et sur des questions telles que : Comment s’organisent les résistances en l’absence quasi-complète de soutiens institutionnels ou d’infrastructure? Dans quelle mesure les techniques de soi se présentent-elles comme des formes de résistances ordinaires ? Peut-on prendre soin « des autres » quand ces derniers sont animés par la haine? Quels sont les effets des résistances quotidiennes sur les systèmes de domination? Est-ce que certaines résistances ordinaires participent, malgré elles, à la reproduction du pouvoir? Quel sens donner au terme « ordinaire »?

Les propositions de communications seront acceptées par les organisatrices jusqu’au 1er février 2024. Veuillez faire parvenir votre proposition de communication (maximum 250 mots), avec vos coordonnées complètes et une brève note biographique à l’une des adresses suivantes : sbourgau@uottawa.ca, justine.perron@uottawa.ca ou jupaquette@ustpaul.ca