Écrire la nature : du symbolisme à l’écopoétique en littérature/littérature de jeunesse (en ligne)
Colloque international
« Écrire la nature : du symbolisme à l’écopoétique en littérature/littérature de jeunesse »
Première partie « L’Eau »
Organisé par
Kvĕtuše Kunešová, Université de Hradec Králové, République tchèque
Bochra Charnay, Université de Lille, France
Thierry Charnay, Université de Lille, France
(Visioconférence - 21 et 22 mars 2024)
Écrire la nature est un cycle de colloques dont le but est de travailler à tour de rôle sur les quatre éléments : l’eau, le feu, l’air et la terre. L’approche de cette thématique devrait couvrir à la fois leurs significations symboliques, leurs connotations, mais aussi les nouvelles visions de la nature, ainsi que de nouveaux rapports nature/culture.
Le premier colloque de ce cycle invite à une réflexion multifocale sur l’eau, élément vital, liquide précieux et symbole ambigu tant de la pureté que de la saleté. L’eau passive contraste avec l’eau active et fuyante, sa qualité créatrice concurrence sa force destructrice. Elle évoque le changement permanent et cyclique d’une part, et d’autre part l‘état statique, la fluidité qui se transforme en immobilité. Comme l’écrit Bachelard : « L’eau est vraiment l’élément transitoire. Il est la métamorphose ontologique essentielle entre le feu et la terre »[1].
Dans l’archétype de l’eau on peut distinguer plusieurs directions essentielles du symbolisme aquatique : celle de l’eau germinale et fécondante, celle de l’eau médicale, source miraculeuse ou boisson d’éternité, celle de l’eau lustrale et baptismale et celle de l’eau diluviale permettant la purification et la régénération du genre humain. L’eau évoque la vie, c’est « l’eau vivace, l’eau qui renaît de soi »[2], mais aussi la mort : « La mort quotidienne est la mort de l’eau »[3]. De plus, Gaston Bachelard considère que l’eau a un caractère féminin, de même que Gilbert Durand qui constate « l’irrémédiable féminité de l’eau »[4] et son lien avec la lune par isomorphisme.
L’eau est source de toute vie. Dans la plupart des traditions, l’eau primordiale est contemporaine du premier moment de la Création : dans la Genèse, Dieu crée le Ciel et la Terre et l’esprit de Dieu plane sur les eaux. De la fertilité des terres à l’abondance de la nourriture, l’eau incarne toujours ce don de Dieu ou de la Nature. Le rite de passage par l’eau a donc vocation de renvoyer à ces eaux primordiales qui, abolissant toute histoire, ont valeur de purification, de régénération et de renaissance. Cette tradition se trouve dans l’épisode du déluge, où la terre serait purifiée des péchés de l’Homme par les flots. De même, dans les rites d’initiation, l’Eau est associée à la purification du corps (les ablutions) et de l’esprit et marque le passage d’un état inférieur à un état supérieur, ou d’un état profane à un état sacré.
L’eau est une force à la fois centripète et centrifuge : centripète, elle agit de l’extérieur vers l’intérieur et exerce une contraction. On parle ici des situations contraignantes de la vie. Centrifuge, elle agit de l’intérieur vers l’extérieur et exerce une expansion. On parle alors des actions à prendre pour réagir aux situations contraignantes de la vie.
Enfin, l’eau figure parmi les cinq éléments de la pensée traditionnelle chinoise aux côtés de la terre, du métal, du bois et du feu, selon le système du Wuxing formulé par Zou Yen[5] au quatrième siècle avant notre ère.
Le monde actuel prend conscience de la vulnérabilité et de la précarité de l’eau par l’accentuation et la fréquence des phénomènes météorologiques hors normes (tempêtes et sécheresses) dus au réchauffement climatique causé par la pollution humaine et l’excès de l’exploitation des richesses naturelles. De sorte que la protection de l’eau est une priorité absolue. Un nouveau courant de la recherche, l’écopoétique, tente alors de penser autrement les rapports de l’homme à la nature en littérature, notamment les liens entre nature et culture, humain et non-humain, de l’humain à son environnement, ainsi que les nouvelles valeurs conférées au monde naturel en tenant compte des difficultés écologiques.
La thématique de l’eau et du rapport que l’homme entretient avec cet élément vital, peut être abordée à travers des corpus originaux et des genres variés comportant des romans, des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre, des albums ou des bandes dessinées adressés à un public adulte ou jeune. Les angles d’étude seront multiples : anthropologique, littéraire ou sociologique sans pour autant donner lieu exclusivement à des approches subjectives et/ou engagées.
Comité d’organisation
Květuše Kunešová, Faculté de Pédagogie, Département de langue et littérature françaises, Université Hradec Králové, République tchèque
Bochra Charnay, ALITHILA, Université de Lille, France
Thierry Charnay ALITHILA, Université de Lille, France
Comité scientifique
CHARNAY Bochra, Université Lille, ULR 1061 ALITHILA, France
CHARNAY Thierry, Université Lille, ULR 1061 ALITHILA, France
KUNEŠOVÁ Květuše, Faculté de Pédagogie de l’Université de Hradec Králové, République tchèque
LEŽATKOVÁ Klára, Faculté de Pédagogie, Université Hradec Králové, République tchèque
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Les propositions de communication (titre, résumé de 1500 caractères maximum (espaces comprises), mots clés, et références bibliographiques) seront accompagnées d’une brève biobibliographie de 1500 caractères (espaces comprises) maximum, comprenant : statut, établissement et équipe de recherche ainsi que les principales publications récentes.
Les communications (inédites) retenues par le comité scientifique et présentées lors du colloque feront l’objet d’une publication.
Les propositions sont à adresser au plus tard le 1er février 2024 à l’adresse suivante :
hradeclitteraturejeunesse@gmail.com
[1] Gaston Bachelard, L’Eau et les rêves, Paris, José Corti, 1942, p. 8-9.
[2] Ibid., p. 16.
[3] Ibid., p. 8.
[4] Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Dunod, 1960, p. 110.
[5] Zou Yen, Hongfan, « Le Livre des Documents », dans : Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise, Seuil, 1987, p. 657.