Yasmine Atlas, Adrien Mangili, Dorine Rouiller (dir.), Faire et défaire les savoirs. Frontières épistémiques sur le métier (XVIe-XVIIe siècles)
Pour qui s’intéresse à la constitution des savoirs, la production intellectuelle de la première modernité représente un terrain d’investigation stimulant, tant elle résiste à une réduction stricte aux catégories scientifiques actuelles. Or, constater la perméabilité des domaines du savoir comme les affinités des savants avec ce qui semble aujourd’hui relever de la croyance, sinon de la superstition, ne revient pas à affirmer l’absence de toute délimitation ni de toute logique. Entre l’abandon progressif des pratiques culturelles propres à l’encyclopédisme humaniste et les configurations nouvelles qu’institutionnalisent les sociétés savantes dans le second xviie siècle, le partage des savoirs fait l’objet d’incessantes négociations. Ce volume explore les dynamiques à l’œuvre dans les lieux, livresques comme institutionnels, où se font et se défont les frontières épistémiques. Choix éditoriaux, rhétorique des textes ou des images, inventaires de bibliothèque et catalogues de libraire renouvelleront ici notre regard sur les facteurs qui ont pu, dans leur diversité de nature et d’échelle, intervenir dans la (re)configuration des catégories du savoir.
Table des matières
INTRODUCTION, par Yasmine ATLAS, Adrien MANGILI et Dorine ROUILLER
PREMIÈRE PARTIE : CONTRAINTES ET MISES EN ORDRE
Isabelle PANTIN, Les catalogues de livres et la question des frontières disciplinaires au début de l'époque moderne
Raphaël SANDOZ, Comment retracer la mutation des frontières disciplinaires ? Éléments d'une cartographie historique des savoirs
Anne-Marie CHENY, Collecter, classer, nommer. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637) et la naissance des études byzantines
Violaine GIACOMOTTO-CHARRA, Le vulgarisateur à l'oeuvre, ou l'encyclopédie bien ordonnée. L'exemple de Scipion Dupleix
DEUXIÈME PARTIE : AFFIRMATIONS
Oury GOLDMAN, Les savoirs géographiques dans les Bibliotheque française de Du Verdier et de La Croix Du Maine.
Recenser, vulgariser et intégrer un domaine savant en Construction
Grégoire HOLTZ, Affirmer le point de vue du voyageur. La contribution des traités sur la perspective
Antoine GALLAY, Un nouveau regard sur la nature ? La professionnalisation des dessinateurs de l'Académie royale des sciences et la transformation des modes de
représentation en histoire naturelle à la fin du XVIIe siècle
Philippe GLARDON, Déclinaisons et évolution de l'instance auctoriale dans les traités d'histoire naturelle au XVIe siècle. Pistes de réflexion
TROISIÈME PARTIE : RÉSISTANCES ET NÉGOCIATIONS
Myriam MARRACHE-GOURAUD, Pour une éthique de la curiosité. Le savoir aux lisières de l'émerveillement dans le Cabinet de la Bibliothèque Sainte-Geneviève
Adrien MANGILI, « Non plus ultra » ? La magie naturelle comme frontière mouvante des savoirs
Dorine ROUILLER, Franchissement géographique et passages épistémiques. La zone torride en question à la Renaissance
Nicolas CORREARD, Astro-satiro-logie. Pronostications parodiques, polémiques savantes, redéfinitions épistémologiques
QUATRIÈME PARTIE : HYBRIDATIONS
Jean-Marc BESSE, Entre le paysage et l'atlas. Les enjeux de l'iconographie urbaine dans le voyage en Italie de Joris Hoefnagel et Abraham Ortelius
Fabrice FLÜCKIGER, Le Monde de la Vierge. L'Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg à la frontière entre culte des images et démonstration savante
Thibaut MAUS DE ROLLEY, Des foires aux salons. La littérature technique sur le batelage aux XVIe et XVIIe siècles
Jörg DÜNNE, Quasi-sujets sur la route des Indes. Savoir nautique et protagonisme du navire dans deux « memórias das armadas » portugaises
RÉSUMÉS DES CHAPITRES
INDEX NOMINUM