« Nommer la crise, c’est souvent s’exposer au risque de se priver de la penser. »
Écologique, sanitaire, énergétique, économique, sociale, humanitaire, démocratique : les crises sont une composante essentielle du monde contemporain. Si les sciences sociales peuvent aider à les comprendre et à les résoudre, leur rôle est également d’interroger le langage de la crise, d’analyser l’écart ou la convergence entre la réalité et sa représentation : nommer ou taire une crise, l’exagérer ou la minimiser sont autant de procédés générateurs d’affects, de temporalités, d’omissions aux conséquences majeures qu’une pensée critique se doit de décrypter.
S’appuyant à la fois sur les trajectoires de vie de figures célèbres des sciences humaines et sur des recherches conduites autour de faits éloquents du présent, cette leçon inaugurale, qui s’adresse à toute citoyenne et tout citoyen, pose les jalons d’une vaste réflexion éthique et politique dont l’époque ne cesse de démontrer la nécessité.
Didier Fassin est anthropologue, sociologue et médecin. Titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines au Collège de France, il enseigne également à l’École des hautes études en sciences sociales et à l’Institute for Advanced Study de Princeton.