À la fin du XIXe siècle, la découverte des rayons X ou du radium, mais aussi les spéculations autour de la photographie de la pensée ou de la vie sur Mars agitent l’opinion. C’est dans ce contexte qu’une école littéraire singulière voit le jour en France : le mouvement merveilleux-scientifique. Maurice Renard, chef de file, Guy de Téramond, Octave Béliard ou encore Jean de La Hire imaginent des récits aux couvertures vibrantes, dans lesquels leurs héros sont télépathes, miniatures ou simplement d’ambitieux savants. Certains se voient soudainement capables de traverser la matière, de voir dans l’obscurité, de vivre sous l’eau, tandis que d’autres assistent à une scène venue du passé, photographient les auras ou voyagent par la force psychique. Il s’agit pour ces auteurs non pas de prophétiser l’avenir lointain, mais de donner à lire le présent autrement et ces fameuses "menaces imminentes du possible". Dans Voir l’invisible (Champ Vallon), Fleur Hopkins-Loféron nous offre de redécouvrir aujourd’hui cette Atlantide littéraire, diffuse dans la culture populaire de son temps, en explorant un angle mort de histoire de la science-fiction française.
Les Cahiers de L'Herne consacrent aux Mondes Invisibles un sommaire supervisé par Sylvain Ledda. Et Christine Brusson donne de son côté un essai sur Proust. Voir l'invisible (Kimé).
(Illustr. de Georges Vallée pour Au-delà des ténèbres de Jean de La Hire, Paris, J. Ferenczi et fils, 1921)