
Ce sont de loin les créatures les plus curieuses de la mythologie chrétienne : ils ont un corps fait d’air, ils volent et ils ne sont divins que par participation. Mais surtout, les anges font partie de la plus ancienne des sociétés du cosmos selon les mythes, celle à laquelle tout doit revenir à la fin de l’histoire. Le nom que la théologie réservait à leur communauté était « hiérarchie » : un néologisme signifiant littéralement « pouvoir sacré », la mesure de la fusion de la divinité, du pouvoir et de la socialité. La divinité n’était pas une qualité de leur être mais l’expérience purement sociale d’êtres supérieurs aux autres. Le pouvoir, quant à lui, ne visait pas à accomplir des actions mais à devenir divin. Les essais rassemblés dans ce volume retracent l’histoire et la logique de ces mythes et montrent comment ils informent encore la pensée politique et sociale occidentale dans la modernité européenne.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Hiérarchie céleste, hiérarchie terrestre", par Marc Lebiez (en ligne le 2 janvier 2024)
Considérant que la vie sociale est un jeu de rôles, Emanuele Coccia assume d’en jouer un en se présentant comme un adepte de la mode, ce qui peut susciter le soupçon d’un déplorable manque de sérieux ou du moins, puisqu’il écrit aussi sur les plantes et sur les métamorphoses, d’un baroquisme. Pourtant ce philosophe n’est pas indigne de son maître Agamben.